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qu'est-ce que connaître ?

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« Qu'est-ce que connaître ? INTRODUCTION.

— Tandis que la science est orientée vers les objets, la philosophie est surtout une réflexion sur le sujet, sur son activité propre et sur ses relations avec les objets.

Une de ces relations essentielles est la connaissance dont la science n'est qu'une forme élaborée.

Il est donc intéressant, pour le savant aussi bien que pour le philosophe, de réfléchir sur cette relation et de se demander : qu'est-ce que connaître ? Mais comme, à vrai dire, il y a plusieurs modes et non un type unique de connaissance, ce n'est qu'en conclusion de notre étude que nous tâcherons de répondre exactement à la question posée.

Pour préparer cette réponse, nous étudierons d'abord les différentes façons de connaître. I.

Diverses façons de connaître.

— On parle de la connaissance instinctive de l'animal et on rapproche de cet instinct le savoir-faire acquis par l'homme.

Mais si ces comportements présentent des analogies avec la connaissance, ils ne constituent pas la connaissance véritable que nous réduirons à deux formes : la connaissance sensible et la connaissance intellectuelle. A.

La connaissance sensible. a) Rappelons sommairement le processus de la connaissance sensible caractérisée par le rôle qu'y jouent les sens et particulièrement la vue, le plus instructif d'entre eux. Les objets extérieurs impressionnent un organe sensoriel, par exemple l'oeil, et cette impression, une fois parvenue au cerveau, produit le phénomène psychique de la sensation.

La sensation objectivée, c'est-à-dire projetée en quelque sorte à l'extérieur, sur l'objet qui l'a provoquée, constitue la perception. la perception et la sensation nous avons la forme la plus élémentaire de connaissance celle qui est à la base de tout notre édifice cognitif et scientifique. Sans doute on ne dira guère que voir un château, entendre un morceau de musique, c'est les connaître : si, pour les connaître, il faut les avoir vus, la connaissance est autre que la sensation ou la perception; elle consiste dans le pouvoir d'identifier un objet donné à un objet antérieurement perçu.

Néanmoins, comme, dans le domaine sensible, « connaître » consiste à conserver à sa disposition ce mystérieux résidu de la sensation grâce auquel nous pouvons nous représenter à nouveau ce que nous avons déjà perçu, le percevoir en son absence, nous sommes autorisés à voir dans la perception le type même de la connaissance sensible.

Nous y observerons l'essentiel de son mystère. b) Cette connaissance vaut aux choses un nouveau Diode d'existence.

Représentons-nous un coin de l'univers dans lequel aucun être doué du pouvoir de connaître n'a pénétré.

Il existe, certes, et la visite d'un explorateur qui le contemple et en rapporte des souvenirs n'augmentera pas cette existence brute; néanmoins, le fait d'être connues donne aux choses un mode d'être nouveau : auparavant, elles n'existaient qu'en elles-mêmes; ensuite, elles existent aussi dans un autre ou du moins pour un autre.

Cette nouvelle existence est distincte de la première et la complète. Existence d'une tout autre nature et, si l'on veut, d'un niveau inférieur dans l'ordre de la réalité : il faut exister en soi pour constituer ce qu'on appelle une chose.

Néanmoins, une représentation n'est pas rien, et l'existence intentionnelle des choses, c'est-à-dire leur présence à l'esprit de celui qui les connaît, leur vaut un mode complémentaire d'être.

Du point de vue psychologique, ce complément joue même un rôle capital : ce n'est pas de posséder des terres ou des immeubles qui fait ma satisfaction, mais de savoir qu'ils sont à moi et de songer aux bénéfices que je puis en escompter; nous vivons moins de choses que de souvenirs ou d'espoirs; bien plus, le stimulant le plus commun à l'action semble bien l'ambition de donner aux autres une idée avantageuse de nousmêmes, et, pour atteindre à cette existence intentionnelle, nous négligeons souvent notre existence réelle. c) Quelle est la nature de la représentation constitutive de la connaissance et comment concevoir l'existence intentionnelle ? Nous appelons couramment « image » le résidu de la sensation qui nous permet de percevoir mentalement ce que nos sens nous ont fait percevoir autrefois.

Qu'elle soit cérébrale ou mentale, nous concevons cette image comme un substitut de l'objet absent, et nous en venons à considérer la mémoire comme une sorte d'album de photographies dont nous tournons les pages quand nous évoquons le passé ou le lointain. Toute cette imagerie ne correspond à rien de réel.

Il suffit de s'observer pour s'en rendre compte, ce n'est jamais vers une sorte de substitut intérieur des objets que se porte l'esprit quand nous pensons à eux : par la pensée, comme lors de la perception première, nous les voyons là où nous les avons vus ou là où nous les supposons se trouver; quand je dis que je connais le Panthéon, mon esprit s'oriente dans la direction de ce monument, et je le vois du point où je l'ai le plus souvent regardé, de la rue Soufflot. La connaissance n'est donc pas une chose même mentale; ce n'est pas, dans l'esprit, un double schématique des choses.

Connaître est le mode d'être particulier aux sujets conscients dont l'existence ne se réduit pas à ce qu'ils sont, mais s'étend intentionnellement au monde dans lequel ils se trouvent.

Connaître c'est, d'une certaine manière, être autre chose.

De quelle manière ? Intentionnellement, c'est-à-dire par la connaissance.

Nous butons ici à une notion première qu'on peut expliciter, mais qu'il est impossible de définir par une notion plus générale. B.

La connaissance intellectuelle.

— Nous avons supposé jusqu'ici que connaître consiste à se représenter ou à pouvoir se représenter mentalement un objet.

Or, à qui me demanderait si je connais l'employé de la gare qui, bien souvent, me délivre mon billet, et que je pourrais sans erreur distinguer entre mille autres, je répondrais que je ne le connais pas.

C'est que, le plus souvent, on entend par « connaître » plus que le pouvoir constitutif de la connaissance sensible de se représenter un objet absent : il n'y a de véritable connaissance humaine que la. »

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