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Qu'est-ce bien parler ?

Extrait du document

« Analyse du sujet : Il faut commencer dans un tel sujet par réfléchir sur le but de la parole.

La parole permet aux hommes de communiquer, de faire comprendre à l'autre ce q u e l'on a dans l'esprit.

Ainsi, bien parler serait parler de manière à bien s e faire comprendre de son interlocuteur, cela implique d'être clair, plus ou moins précis, et que les deux interlocuteurs parlent le même langage. Mais l'expression « bien parler » peut avoir un tout autre sens, un sens plus esthétique.

Celui qui parle bien peut séduire par son éloquence sans pour autant être clair.

Il y a donc une opposition possible entre la belle parole et la parole juste et claire.

Le jugement que je profère sur la qualité oratoire d'un individu « il a bien parlé » ne signifie pas toujours que j'ai compris les raisons profondes pour lesquelles je suis en accord. Bien parler, c'est aussi parvenir à s'exprimer correctement, et à extérioriser un ressenti.

Quelqu'un qui parle bien pourra mieux cerner et exprimer sa souffrance ou ses joies que celui qui ne sait pas bien s'exprimer. D'un autre côté, ce que l'on désigne c o m m e u n langage correct est parfois un langage qui appartient à une classe sociale et la définit.

Il n'en demeure pas moins que nous ne sommes pas tous égaux dans l'art de s'exprimer ou de convaincre autrui. Problématisation : Bien parler, est-ce parler de façon éloquente ou bien dire le vrai en le rendant clair ? Les exigences d'un langage clair, précis et concis, qui caractérisent souvent le discours argumentatif sont-elles compatibles avec les exigences d'une belle expression ? L'art d e l'orateur qui vise à persuader est-il le même que l'art du philosophe qui doit amener autrui à la vérité ? Peut-on à la fois parler de façon claire et belle ? 1.

Parler bien et parler vrai a) b) La philosophie prend corps dans la parole, et plus précisément dans l'échange oratoire.

L'écriture comme moyen de faire d e la philosophie n'est que secondaire.

La plupart des philosophes grecs n'ont laissé q u e peu d'écrits, et la plupart d'entre eux rapportent des discussions réelles ou fictives.

La parole est donc une dimension essentielle de la philosophie antique. Les dialogues de Platon mettent en scène Socrate et plusieurs sophistes sur un thème (l'âme, la politique), les discussions souvent animées tournent parfois à l'incompréhension quand les interlocuteurs de Socrate ne visent pas le m ê m e but que lui.

Ces interlocuteurs sont les « sophistes » dont l'art consiste à remporter la joute oratoire.

Leur but est d'avoir le dernier mot, d'amener Socrate à la faute.

Socrate n'en est pas dupe, il veut faire comprendre à ses interlocuteurs que, comme lui, ils ne savent rien (je sais que je ne sais rien) et que leur position ne résiste pas à un examen attentif.

De façon habile, Socrate les amène à se contredire, ceci non pas pour les vaincre sur leur propre terrain et remporter la bataille, mais pour parvenir à une autre qualité de discussion.

Bien sûr, il arrive parfois que ce soit impossible car la discussion tourne court si l'interlocuteur reste sur le terrain de la joute oratoire. c) La belle parole cache parfois un vice qui peut être mis à jour par l'examen.

Elle n'a alors que l'apparence du discours vrai.

Si tel est le cas, alors cela signifie que si « le beau discours » n'est pas toujours vrai, le discours vrai est néanmoins toujours beau. 2.

Le but de la parole. a) b) c) Bien parler peut signifier parler de manière à ce que la parole réalise sa fin.

Mais la fin de la parole n'est pas nécessairement de dire le vrai.

Elle peut viser à se faire comprendre de l'autre pour se faire assister. Cette dimension pragmatique de la parole est mise à jour par Locke qui fait de la communication en vue de l'entraide sa dimension essentielle.

Pour que les hommes se comprennent, il faut selon Locke qu'ils entendent la même chose par le même mot.

Pour cela, le mot utilisé pour exprimer une idée doit être établi de façon conventionnel.

Si je parle d'un arbre et que, manifestement, mon interlocuteur ne comprend pas la même chose que moi, il suffit que je pointe du doigt un arbre et que je dise voilà ce que j'entends par le mot arbre.

Chez Locke, bien parler, c'est donc parler de façon claire sans faire usage de mots auxquels ni moi ni les autres n'entendent rien.

Il faut se mettre d'accord sur le sens des mots, et se débarrasser des mots vides de sens.

Curieusement, si l'on se réfère au but de la parole philosophique, les philosophes sont réputés être fort obscurs.

L'exigence de clarté doit être en philosophie quelque chose d'essentiel.

Pour bien philosopher, il faut savoir bien parler. Néanmoins, on peut discuter non seulement la manière dont le langage se crée mais aussi le but.

Quand je parle à quelqu'un, je ne cherche pas toujours à lui demander de l'assistance, je ne cherche pas non plus toujours à lui enseigner quelque chose ; je parle aussi pour échanger des impressions, des sentiments.

La parole a donc une fonction de socialisation. Par la parole, j'entre en relation avec d'autres hommes auxquels je communique mon état d'âme, ainsi des liens se créent. 3.

L'expression belle peut dire le vrai et le faux par l'apparence du vrai. a) Cependant, que ce soit pour philosopher ou pour exprimer un sentiment, il s e p e u t q u e les mots ou les expressions me fassent défaut.

Il doit y avoir objectivement la possibilité de mieux s'exprimer en employant un beau style de langage.

Si le but premier de la philosophie est la vérité, en parlant de façon belle je parviens peut-être à dire des vérités qu'un langage purement formel ne pourrait pas rendre.

Tout le problème est de différencier celui qui parle bien pour ne rien dire de celui qui parle bien pour dire quelque chose qu'il ne pourrait pas dire autrement. b) Si je ne le distingue pas, si je suis dupe de belles paroles, je peux être amené à croire quelqu'un qui me veut du mal ou, du moins, qui profite d e ma naïveté pour s e s propres intérêts en me les faisant passer pour les miens.

Bien parler, c'est aussi savoir distinguer une belle parole d'une bonne parole. c) Mais il y a un autre cas à distinguer du précédent qui a priori lui est très proche.

Il se peut que, par mauvaise foi, je trouve qu'une parole est bonne car elle sert mes intérêts égoïstes tout en prétendant servir des causes plus nobles.

Par exemple, si je trouve mon intérêt dans un acte que je ne parviens pas, par ma qualité de parole, à rendre légitime, je soutiendrai un orateur qui le présentera comme un acte qui sert un intérêt supérieur. Conclusion : « Bien parler » ne signifie pas toujours user de la parole pour une fin bonne.

L'expression désigne plus souvent la forme de la parole, sa puissance de persuasion.

Mais il faut distinguer la norme du fait, ce qu'est bien parler de ce qu'il devrait être.

La bonne parole serait alors fonction de la fin poursuivie qui est toujours de l'ordre de la communication.

« Bien parler » varie alors suivant le contexte, pour enseigner quelque chose, pour engendrer en autrui une émotion ou simplement pour se mettre d'accord.. »

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