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Quel est le lien entre la liberté et l'air ?

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« Discussion : La liberté est une notion si enivrante, elle porte en elle-même un caractère si absolu, qu'on la compare souvent avec l'air avec l'absence de résistance.

En ce sens, elle frise même d'une certaine manière, l'irresponsabilité.

Comme si la liberté comparée à l'air était d'une telle légèreté qu'elle se déterminait elle-même, qu'elle n'avait qu'elle-même comme principe moteur.

Or, à y regarder de plus près la liberté ne peut pas se confondre avec l'effusion pure, car il lui faut un cadre, il lui faut quelque chose d'autre pour que précisément, elle devienne liberté. Suggestion de plan : I.

Première partie : La contrainte comme épreuve de la liberté Dire que la liberté est l'effusion cela reviendrait à dire qu'être libre c'est s'affirmer sans règle, sans devoir ni obligation, bref, avancer sans contrainte.

Une telle liberté non seulement n'existe pas, mais poussée jusqu'au bout apparaît comme le contraire de la liberté, car elle s'autodétruit.

La liberté comme tout autre concept doit se heurter à ses propres limites afin d'exister elle-même.

C'est un peu ce que disait Kant dans l'introduction à La Critique de la Raison Pure, quand il parlait du vol de la colombe qui face à la résistance de l'air s'imaginerait qu'elle volerait encore mieux s'il n'y avait que le vide.

Cela ne veut pas dire pourtant que la liberté a besoin de l'absence de liberté, son négatif pur, mais cela signifie simplement qu'on ne peut apprécier d'asseoir son mouvement sur sa propre volonté à condition justement, qu'il existe un point sur lequel puisse s'appuyer la volonté elle-même.

Car si la volonté ne rencontre aucun obstacle alors elle ne peut plus s'éprouver ; au contraire il semble que la difficulté soit une nécessité dans l'application de la volonté et dans le sentiment de la liberté.

Car l'on ne pourrait réellement pas se sentir libre si l'on ne pouvait pas confronter cette liberté à une contrainte ponctuelle. II.

Deuxième partie : un imaginaire de la liberté Que la liberté sans contrainte n'existe pas, cela nous entraîne à examiner la voie d'une liberté engagée, c'est-à-dire d'une liberté prise dans l'action, sous la condition de certaines responsabilités, sous la condition du devoir.

Car l'unique liberté est celle qui rentre en conflit avec le devoir et avec l'obligation, qui fait donc appel à la raison ; à notre nature d'êtres raisonnables.

L'expression « être libre comme l'air » semble bien au contraire échapper aux lois de la raison et aux lois de toute morale.

La vraie liberté doit donc être raisonnable, car sinon elle échappe à toutes les lois et perd tout son sens. C'est donc à l'intérieur de cet ensemble que la plénitude de la liberté apparaît pour ce qu'elle est, c'est-à-dire un choix : une manière d'être une affirmation existentielle, bien entendu.

Il n'y a pas d'existence dans la plénitude pure, il n'y a pas de vie dans l'abondance plénière. III.

Troisième partie : Contre l'air Qu'une liberté affirmative ait besoin d'un cadre contraignant ne va pas de soi, il faut la construire, il faut la construire à rebours de l'opinion commune qui s'imagine que le mouvement spontané peut tout faire.

Allant à l'encontre de ceci le philosophe Hegel proposait le concept de travail pour bien montrer que rien n'est donné sans souffrance, que rien n'est donné sans conquête sans abnégation de soi.

À la philosophie de l'immédiateté Hegel opposait la philosophie de la patience, de la construction par étapes.

Et c'est ainsi qu'il faut considérer, la liberté, comme une étape dans la construction de l'être. On pourrait donc dire que le sentiment d'être libre comme l'air se confond très vite avec celui d'une certaine vacuité, pour donner sens à la liberté il faut que celle-ci s'inscrive dans une logique et qu'elle poursuive une certaine finalité.

Le « comme l'air » devient assez vite l'image du flottement donc de ce qui ne prend ni forme ni force.

Comme l'indique Frederick Douglass dans une autobiographie qui retrace sa vie d'esclave : "Those who profess to favor freedom and yet depreciate agitation, are men who want crops without plowing up the ground, they want rain without thunder and lightning.

They want the ocean without the roar of its many waters." Il faut donc à l'air du vent et des tornades pour qu'il acquière sa vitalité et sa véritable nature. Conclusion : L'appréciation que l'on peut avoir de la formule « être libre comme l'air » s'évalue donc de deux manières : une manière proprement poétique où la force de la métaphore l'emporte sur la puissance de l'idée.

Dans ce cas oui, on ne peut qu'être emporté par la beauté du symbole, celui de la légèreté, de l'affranchissement à l'égard des lois de la pesanteur, le caractère infini du ciel, la puissance évocatrice du vol de l'oiseau.

Mais l'on s'aperçoit que derrière cette approche élégante, il faut aborder la citation avec plus de pondération : le sens profond de cette liberté devient synonyme d'absence de vérité puisqu'il n'y a de liberté que dans l'épreuve de la liberté.. »

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