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Qu’échange-t-on vraiment ?

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« VOCABULAIRE: VRAIMENT : avec certitude, complètement, sans une part d'ombre qui échappe. ÉCHANGE: Du latin excambiare, « échanger », «troquer» (de cambiare, «changer »). En droit, contrat par lequel deux parties se donnent respectivement une chose pour une autre.

En économie, transfert réciproque de biens ou de services, soit directement (troc), soit indirectement (par l'intermédiaire de la monnaie). Analyse du sujet : Échange : Cession réciproque d'objets équivalents directement (troc) ou indirectement (par l'intermédiaire de l'argent).

On peut également échanger des mots, des idées dans la discussion ou le débat, des coups, des baisers, des sourires, des cadeaux, des dons.

Les échanges ont donc une dimension culturelle, la colonisation d'un pays par exemple est l'occasion pour le vainqueur et le vaincu d'échanger des pratiques, des techniques, des idées, des divinités etc. Vraiment : Ce terme implique de prendre en compte qu'il s'agit d'interroger toute la profondeur de l'échange en ne se contentant pas d'une définition superficielle.

Il va s'agir de définir l'échange dans ce qu'il a d'essentiel pour nous (on), c'est-à-dire les hommes. Problématisation : Nous nous interrogeons sur la nature réelle des échanges.

Qu'échange-t-on vraiment ? En première analyse il semble que l'on échange avant tout des marchandises.

Dans ce cas ce que l'on échange se sont des biens et des services.

Pour autant, l'échange est-il réductible à cela ? N'échange-t-on dans les sociétés humaines que des marchandises ? Tout n'est-il que marchandise ? La société moderne tend à nous le faire croire (tout s'achète et se vend sur e-bay), en nous démontrant chaque jour un peu plus que tout à un prix.

Mais n'y a-t-il pas de l'inestimable ? À combien un homme pourrait-il estimer son bras par exemple, ou bien sa dignité ? Il y a des choses qui n'ont pas de prix et qui par conséquent ne peuvent être échangé selon les critères de l'échange marchand.

Ne faudrait-il alors redéfinir l'échange, il ne se résumerait plus au commerce des biens et des services mais il aurait dans la société humaine un rôle essentiel.

C'est ce que nous essaierons de comprendre en dernier lieu. Proposition de Plan : 1 .

En première analyse disons qu'il semble que l'on échange toujours des marchandises, des biens ou des services et que l'échange est par conséquent réductible, en apparence, au commerce. a) La société moderne est constituée selon l'idée que tout doit pouvoir se vendre et s'acheter, la paix entre les peuples tient bien souvent à ce que des échanges commerciaux qui les lient contractuellement, et garantissent leur prospérité.

Déclarer la guerre à ses partenaires commerciaux c'est se priver de l'apport de capitaux que ces derniers apportaient dans son économie.

Tout, ou presque, les pays du monde sont aujourd'hui interdépendant et ne peuvent se déclarer la guerre sans menacer la prospérité de leur économie. b) On peut semble-t-il tout acheter et tout vendre aujourd'hui, on trouve tout n'importe où : il est possible d'acheter n'importe quel produit exotique, en bas de chez soi, dans les meilleures conditions de conservation.

Tout est fait pour chacun puisse assouvir chacun de ses désirs, se donner du plaisir avec ce qu'il souhaite partout et toujours. c) On en vient donc à penser que les échanges sont tous réductibles au commerce des biens et des services.

Que tous les rapports humains peuvent se réduire à la loi de l'offre et de la demande, ou à celle de la concurrence. Problème : Si tout est marchandise, c'est que tout à un prix juste.

Or il semble que certaines choses ne peuvent être justement rétribuées. Transition : N'y a-t-il pas de l'inestimable qui contredit la thèse de l'échange réduit au commerce ? 2 .

On ne peut échanger uniquement des marchandises parce que tout n'est pas marchandise. a) Un mot gentil, un sourire, une caresse, un moment de joie, une idée, tout cela semble ne pouvoir se réduire à une marchandise sans en même temps perdre de son intérêt.

Il ne valent que s'il son consentit volontairement et librement. b) C'est dans des types d'échanges particuliers que ces choses peuvent passer entre les hommes : dans ces échanges c'est la liberté de celui avec qui on échange qui compte, dans la mesure où la vente porte toujours le signe du manque d'argent du vendeur, elle paraît toujours plus ou moins contrainte.

Il ne s'agit pas de marchandise mais de don, leur valeur n'est pas mesurable et remplaçable par un équivalent quelconque, ces produits d'échanges n'ont pas de prix, ils sont d'une valeur inestimable. c) De la même façon le patrimoine de l'humanité, son histoire, les reliques de son passés (les momies, les pièces archéologiques en générales) n'ont que peu de valeur d'usage, ils ne donnent aucun plaisir, ne rendent aucun service, mais ont une valeur immense pour l'humanité, une valeur inestimable puisqu'ils la renseignent sur son histoire et lui permettent de se saisir elle-même dans la rencontre des hommes présents avec les hommes passés.

Respecter la valeur inestimable des reliques archéologiques, c'est au fond respecter la dignité de nos ancêtres par delà le temps. Transition : Comment dès lors définir l'échange dans toute la profondeur de sa signification humaine ? 3 .

On échange, nous autres hommes, une reconnaissance mutuelle qui n'a pas de prix. a) L'on ne doit pas échanger de l'argent contre la liberté d'un corps, ou d'un esprit.

La distinction ne peut être, ici, que morale entre les échanges et le commerce.

La valeur de ces « produits » d'échange, est constituée par la liberté de celui qui vous les offre.

Comprendre cela c'est comprendre que tout n'a pas de valeur d'usage, et que certains cadeaux ne peuvent être compris comme tel qu'une fois prise en compte la dignité de celui qui vous les fait. b) La morale nous prescrit de ne point nuire à la dignité humaine, il en va évidemment ainsi dans le cas qui nous occupe.

La prostitution, le meurtre, la violence en générale, réduisent à néant la dignité des personnes.

Dans l'échange, s'échange la commune reconnaissance de la dignité des hommes.

Celui qui ne la reconnaît pas, pille, viole, tue, prend, dans le meilleur des cas paye, mais n'échange rien. c) L'échange entre les hommes est avant tout la marque de la reconnaissance de la dignité du semblable, en tant qu'il est digne de recevoir il est capable d'apprécier le don que je lui fais qui en soi n'a pas de prix, et de me faire à son tour un don inestimable pour rendre justice à la dignité de mon geste.

C'est ainsi que se construisent les sociétés authentiques, par le don de ce auquel on tient le plus à celui qui est digne d'en apercevoir la valeur symbolique, l'ami, le semblable.. »

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