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Que reste-t-il du passé ?

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« Le passé est ce qui par essence est révolu et disparu.

Il s'agit de se demander comment peut perdurer ce qui est voué à disparaître, quel pouvoir peut avoir ce qui n'a plus cours, ce qui n'a plus d'actualité.

Ne reste-t-il que des traces du passé, ou est-il encore ce qui dirige nos vies, ce qui informe entièrement nos vies.

Le passé est à la fois quelque chose de l'ordre spirituel et de l'ordre matériel.

La mémoire ne peut constituer à elle seule le reste du passé, elle doit s'appuyer sur des entités matérielles, sur de véritables restes du passé pour être actualisée et dépasser la simple dimension du souvenir. 1) La permanence des objets du passé à notre époque. En reprenant les catégories d'Aloïs Riegl dans Le culte moderne des monuments, il existe trois valeur que l'on peut accordé à l'œuvre d'art : la valeur de remémoration qui est intentionnelle, la valeur historique qui témoigne d'une époque passée, et enfin la valeur d'ancienneté qui se traduit par une certaine patine et usure qui parle à l'homme d'une manière universelle.

La valeur d'ancienneté a un rapport avec l'existence de chacun et offre la possibilité de fonder un rapport affectif au monde.

Ce rapport existentiel se perd avec le cinéma et la photographie.

Les dimensions du souvenir et de la durée se trouvent perdues par cette technique.

L'homme doit donc retrouver cette dimension du passé et sa valeur cultuelle.

Walter Benjamin souhaitera regagner ce rapport poétique au passé et redonner à la matière son aspect magique.

Aussi, le passé ne peut se retrouver que dans l'objet vieilli, qui a subi les épreuves du temps.

Les objets du passé sont l'occasion de la redécouverte d'un passé mémoriel.

Ce passé à dimension existentielle doit se perpétuer d'une manière quasi-corporelle dans l'homme.

C'est toute une époque que l'on peut rejoindre à travers l'objet.

Par exemple, la fameuse madeleine de Proust porte en elle toute l'enfance de l'écrivain, c'est un souvenir involontaire qui vient présentifier le passé pour contrecarrer le temps du vieillissement. 2) Ce qui reste du passé. Il reste aussi du passé ce que l'homme a bien voulu conserver, ou du moins ce qui est passé au travers de la destruction.

Aussi, il peut rester du passé, ce qui par chance est passé au travers de l'usure du temps, ou ce que l'homme a sciemment protégé.

Aussi, l'idée même de conservation est récente et date seulement de la fin du 18 e siècle et de la fin du 19e siècle.

Les destructions de la Révolution française y sont pour beaucoup.

Autant dire que les choses anciennes sont rares et ont de ce fait une grande valeur et une grande capacité à susciter l'intérêt des foules.

Ce qui reste du passé sont souvent conservées dans des musées ou des institutions qui les préservent des changements et des aléas de l'histoire.

Les bâtiments anciens, les monuments sont l'objet de restauration, de protection à l'inventaire des monuments historiques, les villes et les quartiers anciens sont parfois entièrement protégés.

De même, des sites naturels témoins du passé de la Terre.

De ce fait, la plupart des objets que nous utilisons, ou plutôt que nous consommons sont voués à la destruction et d'autant plus à notre époque vouée au culte de la nouveauté et du progrès, pour qui tout ce qui est « dépassé » mérite d'être jeté et détruit.

Le recyclage lui-même empêche quelque permanence du passé que ce soit.

Ce qui fait penser que l'homme vit toujours au présent, et ne se projette jamais dans l'avenir, et plus précisément, il ne se demande jamais ce qui dans l'avenir persistera de son époque, ce qu'il pourra léguer aux générations à venir en terme de patrimoine et forcément en terme de valeur.

L'archéologie, en ce sens, tente de retrouver les strates du passé par delà l'effondrement des civilisations et la destruction.

Mais tout cela ne dit pas encore ce qui reste du passé, au sens, qu'est-ce qui du passé a encore un pouvoir d'action sur nous au présent ou bien le passé est-il définitivement mort pour nous et ne possède plus aucun pouvoir ? 3) Le pouvoir du passé ? Il existe en effet des civilisations disparues qui n'ont plus aucun pouvoir d'action sur notre présent, à l'instar des civilisations égyptiennes, étrusques, phéniciennes.

De ce passé, en vérité il n'en reste rien puisque notre civilisation, nos institutions, nos mœurs, notre art ne semble plus du tout s'inspirer de certaines époques à jamais révolues.

On méconnaîtrait en cela l'histoire, et en particulier l'évolution de la culture.

Car nos partageons encore des inventions qui datent de temps immémoriaux de l'humanité.

Il reste du passé toutes les découverts scientifiques et techniques qui ont sur faire leur preuve.

Les théories d'Archimède ont encore une valeur, comme l'invention de la roue, l'invention de la taille de pierre etc.

Nous ne vivons qu'au milieu de choses d'origine ancienne.

Aussi, n'est-ce pas un pouvoir direct car ces inventions sont intemporelles et dépasse toutes époques.

Il y a donc deux catégories d'influence du passé sur le présent, celle qu'on vient de décrire qui constitue le fonds même de la civilisation, des diverses civilisations, et l'influence d'époques particulières sur la nôtre.

Par exemple, des règnes de Charles VII, d'Henri II, de Louis XIV, il n'en reste plus que des traces, au sens où cette époque avec ses mœurs et sa culture ne constitue plus une référence ou un idéal pour nous.

On ne peut que regarder avec nostalgie parfois, avec le sentiment du pouvoir destructeur de l'histoire que des époques parfois brillantes sont tombées dans l'oubli. Conclusion Il reste donc du passé, ce qui a résisté par hasard à la destruction, ce que l'homme a réussit à conserver, mais surtout tout notre héritage culturel, les inventions techniques et scientifiques qui persistent encore à notre époque et qui ont encore une actualité et une valeur.

Si il ne reste que des traces d'un certain passé, que des souvenirs disparaissant avec ceux qui en sont les porteurs, on est obligé de conserver des traces matérielles pour que certaines époques ne tombent pas dans l'oubli.. »

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