Qu'appelle-t-on penser ?

« La pensée qui résulte de l'activité de pense caractérise avec le langage ce qui distingue le plus fondamentalement l'homme des autres êtres vivants.

Mais, pas plus que dans le sens ordinaire, le mot penser ne renvoie chez les philosophes à un sens constant et unique.

Quand nous demandons à quelqu'un « à quoi il pense », nous voulons connaître ce qui se passe dans son esprit.

Le terme « penser » semble alors renvoyer à tous phénomènes produits par l'action de l'esprit.

Mais peut-on vraiment appeler tout ce qui se passe dans la conscience comme penser ? N'y a t il pas dans l'action de penser quelque chose de plus actif, une volonté de construire un raisonnement, des idées ? Penser, n'est ce pas faire face au monde et se construire sa propre idée des choses ? N'est-ce pas le propre de l'homme libre ? Penser comme ensemble de la conscience Dans un premier temps, le terme penser renvoie à toutes les manifestations de la conscience quelles qu'elles soient.

Ainsi, Descartes par ce mot, « entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l'apercevons immédiatement en nous mêmes » (Principes de la philosophie) Ce qui caractérise la pensée, c'est bien qu'elle soit subjective, qu'elle nous appartienne et qu'elle soit impénétrable par les autres.

En d'autre terme, nous ne pouvons appeler penser que ce qui est présent à notre esprit. Penser, ce serait alors juste avoir conscience de ce qui se passe en nous et dans ce sens, la pensée correspond à la conscience de soi. Quand quelqu'un nous livre ses pensées, il nous livre en quelque sorte quelques phrases de sa vie intérieure qui selon Bergson a commencé à notre naissance, comme enchaînement de pensées jamais interrompu. Penser, une activité destinée à la connaissance Pourtant l'étymologie du terme penser renvoie à l'activité de juger( pensare) ou de peser(pendere).

Cela semble indiquer une activité destinée à réfléchir, à prendre connaissance du monde et à le comprendre, à le juger. Ainsi, pour Kant, on doit réserver le mot penser à la désignation des facultés qui rendent possible la connaissance élaborée. Il le définit comme « connaître par concepts et juger.

» Quand on dit à quelqu'un en réponse à une demande, « laisse moi y penser », cela veut dire « laisse moi réfléchir et me faire une opinion.

» D'ailleurs, il existe une science qui règle pour Kant l'enchaînement et lois de la pensée, pour bien penser justement : la logique.

Celle-ci détermine comment construire sa pensée. On n'appelle pas une pensée philosophique, quelque chose qui nous serait venu à la conscience et qui aurait trait à une question existentielle, mais bien l'élaboration et la construction d'une idée et d'une théorie. Apprendre à penser pour pouvoir appréhender le monde Cependant, l'activité de penser n'est pas uniquement destinée à élaborer une théorie.

Elle est ce qui nous permet de nous orienter dans le monde et de ne pas se laisser berner par des illusions.

S'entraîner à bien penser peut par exemple permettre de débusquer les incohérences et les tromperies que contiennent un discours, une croyance ou une théorie.

Elle permet de ne pas adhérer de façon naïve au monde et aux préjugés. De plus, pour Kant, la logique, comme science tout entière fournie par l'esprit humain, décrit comment nous pensons et nous permet donc de progresser dans la connaissance des structures de notre pensée et dans nos pensées. Penser, c'est ainsi apprendre à exercer son esprit, pour mieux comprendre le monde et nous-mêmes.

Cette activité, cet effort est ce qui nous donne une personnalité et une particularité. C'est par ailleurs la seule manière de devenir un homme libre parce qu'éclairé, quelqu'un qui peut se faire lui-même une solide opinion personnelle, sans se laisser prendre dans les opinions du moment. Nous pouvons appeler par penser toute activité de l'esprit, tout ce qui est conscient et que nous pouvons essayer de formuler.

Cependant cela donne un sens trop vaste et surtout entraîne à une certaine passivité.

Comme si les pensées ne faisaient que passer dans notre esprit sans intervention de notre part.

L'activité de penser serait en définitive plutôt une construction qui demander certaines règles et qui permet de s'élever à la connaissance.

La pensée, comme résultat du penser, est en fait notre seul moyen de réfléchir le monde, de se créer une propre façon de voir les choses de manière personnelle, sans accepter tout les opinions qui viennent des autres.

Penser, c'est se construire et œuvrer pour devenir un homme libre.. »