Puis je me connaître ?
Extrait du document
«
Problématique envoyée par l'élève:
La connaissance de soi est souvent posée comme un but à atteindre ou même souvent présentée comme une
évidence.
On dit : " je me connais...
".
Le sujet vous interroge sur la possibilité d'une telle connaissance.
Pourquoi
cette possibilité pose-t-elle problème ? La question de la connaissance se pose-t-elle de la même manière pour un
objet extérieur et pour soi ? Quelle est la particularité du "soi" comme objet de connaissance? Est-il justement un
objet? Au travers du "Connais-toi toi même" qu'il prononce, Socrate le pose bien en effet comme une exigence mais
aussi comme un horizon, comme un travail sans cesse à accomplir.
Pourquoi?
Introduction
-Dans la langue commune, "se connaître", c'est connaître l'état psychologique d'un individu donné, qui s'avère être
moi.
-Or, l'égoïté même d'un individu échappe à une simple condition psychologique, car elle constitue un principe
spirituel d'identité de soi à soi : il s'agit de savoir que l'on est soi-même en tant que soi, précisément.
Ainsi, le moi
constitue un principe spirituel de saisie radicale de soi, qui excède la simple dimension psychologique.
-L'on peut alors se demander si le moi peut se saisir lui-même sur le mode d'une connaissance, puisque cette
connaissance ne peut précisément s'effectuer qu'à partir d'une dimension psychologique du moi : le moi en tant que
tel peut-il se connaître lui-même ? Quel mode de connaissance détermine-t-il alors la saisie de soi par soi ?
I.
Il est possible de se connaître soi : mais l'on ne connaît alors que son
moi empirique (Kant).
S'il n'y avait pas quelque chose de solide à laquelle nous pourrions ramener
toutes nos perceptions, expériences, ou pensées, nous ne serions pas des
individus à part entière, mais de simples miroirs.
Tout ce que nous vivons à
travers le temps ne pourrait pas constituer notre moi, notre identité, s'il n'y
avait pas une entité capable de regrouper ce divers.
● C'est en effet ce qu'explique Kant dans Critique de la raison pure, où il
montre que si je n'avais qu'une conscience empirique, « j'aurais un moi aussi
bigarré et divers que j'ai de représentations, dont je suis conscient.
».
Autrement dit, à chaque fois que j'ai une expérience, il y a une conscience
qui l'accompagne, c'est la conscience empirique.
Cette dernière est une
conscience que j'ai de moi-même (= « aperception »), et qui varie selon
l'expérience à laquelle je suis confronté.
Il n'y a donc pas de moi fixe, et dans
ce cas, je n'aurais qu'une collection d'impressions sans aucun lien entre elles.
à Il faut donc unir ces représentations, faire en sorte qu'elles deviennent mes
représentations.
● Il s'agit de voir comment il est possible d'unir ces représentations que j'ai
dans le temps.
La liaison n'est pas dans les objets, mais dans l'entendement : avant même d'avoir un rapport au
réel, je possède cette faculté d'unir les représentations.
L'entendement forge les catégories par lesquelles il ordonne
ensuite le divers sensible.
C'est ensuite la prise de conscience de cette synthèse qui permet de parvenir à l'identité
du sujet, et à la constitution du je pense.
è Nous avons une multitude de représentations à travers le temps, chacune accompagnée d'une conscience
empirique.
Cette dernière est dispersée et sans relation avec l'identité du sujet à pour que cette relation se fasse,
càd pour que la conscience empirique se ramène toujours à la même conscience, il faut non seulement que j'ajoute
les représentations les unes aux autres, mais surtout que je sois conscient de leur synthèse : je me rends compte
que je réunis toutes les représentations ds une seule conscience, qu'elles m'appartiennent toutes, et que de ce fait,
ce sont mes représentations, ce qui « revient à dire que je les unis ds une conscience de soi » CRP, analytique
transcendantale §16.
à En pouvant réunir ds une seule conscience le divers des représentations, je peux nommer
ces représentations mes représentations, et en déduire ainsi une unité de la conscience.
è Il y a donc bien une identité du moi à travers le temps, mais cette identité n'empêche pas au sujet de vivre
plusieurs expériences sans liens entre elles : plusieurs ‘'mois'’ peuvent exister, mais ils sont tous en rapport avec un
seul qui les réunit.
Chaque individu humain peut se connaître soi, dans la vie quotidienne ; mais il ne s'agit alors que d'une
connaissance empirique, objet de la représentation ; ce que l'on connaît alors, ce n'est seulement que le moi
empirique.
Or, l'homme ne peut pas connaître son moi transcendantal, c'est-à-dire le moi qui rend précisément
possible ce moi empirique, car pour cela il devrait être pourvu d'une intuition intellectuelle réflexive, dont il est
dépourvu.
L'homme ne peut connaître son moi que sur le mode de l'empiricité représentative, et non sur le mode
d'une intuition réflexive de soi par soi..
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