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Puis-je connaître autrui ?

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« La connaissance d'autrui par analogie? Je perçois mes états internes et les réactions corporelles qui y sont associées.

Partant de cette connaissance de mon moi, je pourrais, en observant les comportements d'autrui, en déduire sa vie psychique.

C'est oublier qu'un même comportement corporel peut exprimer des états de conscience différents, qu'autrui peut simuler ou dissimuler ses sentiments, ses pensées.

En outre, la connaissance d'autrui par analogie repose sur le postulat implicite d'une nature humaine universelle.

Or les êtres humains ne sont pas identiques.

Enfin, connaître autrui par analogie, ce n'est pas connaître l'autre qui est différent de moi, mais un autre moi-même, un moi semblable à moi.

Connaître autrui, dans ce qu'il a d'original par rapport à moi, est donc hors de portée d'un raisonnement par analogie. De prime abord, il me semble que je me connais, je perçois mes états internes et les réactions corporelles qui y sont associées.

Partant de cette connaissance de mon moi, je pourrais, en observant les comportements d'autrui, en déduire sa vie psychique.

Si tel comportement a pour moi tel sens, ou si telle cause s'accompagne chez moi de tel effet, alors pourquoi n'en serait-il pas de même pour autrui ? Malebranche, à cet égard affirme : «Je sais que deux fois deux font quatre, qu'il vaut mieux être juste que d'être riche, et je ne me trompe point de croire que les autres connaissent ces vérités aussi bien que moi ; j'aime le bien et le plaisir, je hais le mal et la douleur, je veux être heureux et je ne me trompe point de croire que les hommes, les anges et les démons mêmes ont ces inclinations.

» Cependant une telle conception se heurte à de nombreuses objections : • D'abord, un même comportement corporel peut exprimer des états de conscience différents.

D'autant qu'autrui peut aussi simuler ou dissimuler ses sentiments, ses pensées. • En outre, la connaissance d'autrui par analogie repose sur le postulat implicite d'une nature humaine universelle.

Si je constate que, lorsque je ris, je suis toujours joyeux et si je conclu du rire d'autrui sa joie, c'est que j'admets implicitement que, chez l'homme, le rire est toujours le signe de la joie.

Or, les et a fortiori les cultures êtres humains sont différents. • Enfin, connaître autrui par analogie, ce n'est pas connaître l'autre qui est différent de moi, mais un autre moimême, un moi semblable à moi.

C'est donc nier son altérité. Connaître autrui, dans ce qu'il a d'original par rapport à moi, est donc hors de portée d'un raisonnement par analogie. La connaissance d'autrui par intuition? On pourrait penser que la signification du comportement d'autrui nous est immédiatement donnée, en même temps que la perception de celui-ci.

Il est vrai qu'il existe des modes d'expression spontanés qui parlent directement d'euxmêmes.

Ainsi, par exemple, la douleur, dans le cri, se manifeste immédiatement par le mode d'intonation, la puissance et la modulation.

Cependant, en dehors de quelques gestes ou signes naturels, la plupart des modes d'expression corporels varient d'une culture à une autre et même d'un individu à un autre.

La connaissance intuitive, c'est-à-dire immédiate de la signification du comportement d'autrui, est donc souvent sujette à l'erreur. Reconnaître autrui plutôt que chercher à le connaître. En fait, tout sujet expulse hors de soi et localise dans l'autre des sentiments, des désirs qu'il méconnaît ou refuse en lui.

Ce phénomène qualifié de « projection » a été mis en avant par Freud.

Tel sujet, par exemple, se défend de ses propres désirs d'être infidèle, en imputant l'infidélité à son conjoint.

Le raciste attribue au groupe haï ses propres fautes et penchants inavoués.

Comment pourrais-je connaître autrui si j'ignore la part d'étrangeté ou cet « autre » qui est en moi? Et si autrui se dérobe à tout savoir que je pourrais détenir sur lui, ce n'est pas seulement parce qu'il diffère de moi, mais c'est aussi qu'il est un sujet dont l'identité se constitue à travers toute une histoire personnelle. Au lieu de chercher à connaître autrui, n'est-il pas préférable de le respecter comme ce qu'il est : Autre? Sans cette reconnaissance qui n'est pas une connaissance, sans ce « laisser-être » d'autrui comme existant hors de moi d'abord dans son altérité, aucune éthique ne serait possible. "Cette intimité qui me protège et me définit est un obstacle définitif à toute communication ...

Seule la subjectivité est une existence véritable, mais elle est, par essence, incommunicable.

Je suis tout seul et comme muré en moi-même -moins solitaire qu'isolé.

Mon jardin secret est une prison." G.

Berger, Du prochain au semblable. "Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre." Sartre, L'existentialisme est un humanisme. "Or, autrui serait devant moi un en-soi et cependant il existerait pour soi, il exigerait de moi pour être perçu une. »

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