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Puis-je communiquer avec autrui ?

Extrait du document

« I.

Chacun est enfermé dans son propre univers subjectif. Chacun est enfermé dans la souffrance, isolé dans le plaisir, solitaire jusque dans la mort.

Même deux êtres qui s'aiment, confrontés à une même épreuve, ne peuvent éprouver une souffrance identique.

Chacun ne souffre jamais que pour soi en fonction de son vécu, de sa personnalité.

On peut partager ce que l'on a mais non ce que l'on est. Mon existence est la seule chose que je ne puisse communiquer.

Je peux la raconter mais je ne peux la partager. II.

Le solipsisme Le Larousse définit le solipsisme comme venant du latin solus, seul, et ipse, soi-même.

En philosophie, le solipsisme est une "doctrine, conception selon laquelle le moi, avec ses sensations et ses sentiments, constitue la seule réalité existante.".

On trouve cette idée chez Descartes qui affirme qu'on parvient à prendre conscience de son humanité au prix d'une formidable ascèse solitaire.

Ainsi chez Descartes, la conscience est un sujet qui se réfléchit lui-même en dehors du monde et à l'écart d'autrui.

C'est en niant le monde que la conscience se découvre.

Elle se pose dans la réflexion comme nature simple, absolue.

Elle jaillit directement et immédiatement dans sa résistance à tous les efforts du doute.

Chez Bergson la conscience de soi est aussi immédiate, elle est l'objet d'une saisie intuitive qui met l'homme de plain-pied au contact de son être. La démarche qu'a suivie Descartes est passée par le solipsisme, c'est-à-dire la réfutation de l'existence d'autrui et plus généralement du monde extérieur en tant qu'il existe en soi.

C'est l'attitude de Hegel déclarant : « le monde est ma création », c'est-à-dire que le monde extérieur n'est qu'une création projetée de mon esprit qui est ma certitude essentielle. Mais, selon Descartes, le solipsisme n'est qu'une étape dangereuse et qu'il faut dépasser.

Le danger venant de ce que le solipsisme étant irréfutable ne fait pas réellement face aux nécessités extérieures.

C'est ce que Schopenhauer exprima en déclarant : « le solipsiste est un fou enfermé dans un blockhaus imprenable ». III.

Communiquer ne signifie pas fusionner avec autrui. Vision pessimiste ? Non, car la sympathie est tout autre chose que la fusion des sentiments et des personnes.

Elle est compréhension affective d'autrui. Je peux saisir ses sentiments, sans pour autant les éprouver moi-même.

Je peux ainsi sympathiser avec des sentiments que je n'ai jamais éprouvés et des situations que je n'ai jamais vécues.

De plus, l'idée d'une fusion avec autrui qui serait une confusion entre deux êtres est, comme le souligne Lévinas, « une fausse idée romantique ».

Le pathétique de la relation à autrui, de l'amour, consiste précisément dans « le fait d'être deux », et dans le fait que « l'autre y est absolument autre ».

Poser autrui comme autre, ce n'est pas reconnaître l'échec de la communication, mais l'échec « du mouvement qui tend à saisir ou à posséder une liberté ». IV.

La communication avec autrui. Le langage est, sans doute, le moyen de communication le plus usuel avec autrui, mais il traduit surtout des données objectives, générales et semble impropre à l'expression du singulier, des sentiments.

D'où l'idée qu'il n'y aurait de véritable communication que dans la communion des personnes et des sentiments.

De ce point de vue, Gaston Berger affirme que « l'homme est condamné, par sa condition même, à ne jamais satisfaire un désir de communication auquel il ne saurait renoncer.» Chacun est enfermé dans la souffrance, isolé dans le plaisir, solitaire jusque dans la mort.

Mon ami souffre, je peux bien souffrir de le voir souffrir, autant que lui, plus peut-être, mais je souffre autrement que lui : je ne suis jamais tout à fait avec lui.

On pourrait certes objecter que, dans ce cas, s'il y a séparation entre moi et mon ami, c'est parce qu'il y a une distance entre les expériences vécues.

Je ne souffre pas pour la même raison que mon ami. Qu'en est-il dans le cas où deux êtres qui s'aiment sont confrontés à une même épreuve ? Dans l'amour ou l'amitié, est-ce que je ne connais pas suffisamment l'autre pour éprouver de l'intérieur une souffrance identique ? On peut toujours répondre que chacun ne souffre jamais que pour soi en fonction de son vécu passé, de sa personnalité, qu'on peut partager ce que l'on a mais non ce que l'on est, et conclure avec Gaston Berger que « l'univers des autres m'est aussi exactement interdit que le mien leur est fermé»), Seule la subjectivité est, en effet, une existence véritable.

En d'autres termes, le fait d'être est ce qu'il y a de plus privé.

Mon existence est la seule chose que je ne puisse communiquer.

Je peux la raconter mais je ne peux la partager.

Vision pessimiste ? Non, car la sympathie est tout autre chose que la fusion des sentiments et des personnes.

Elle est compréhension affective d'autrui.

Je peux saisir ses sentiments, sans pour autant les éprouver moi-même.

Je peux ainsi sympathiser avec des sentiments que je n'ai jamais éprouvés et des situations que je n'ai jamais vécues.

De plus, l'idée d'une fusion avec autrui qui serait une confusion entre deux êtres est, comme le souligne Lévinas, « une fausse idée romantique ».

Le pathétique de la relation à autrui, de l'amour, consiste précisément dans « le fait d'être deux », et que « l'autre y est absolument autre ».

Poser autrui comme autre, comme liberté, ce n'est pas reconnaître l'échec de la communication, mais l'échec « du mouvement qui tend à saisir ou à posséder une liberté ».. »

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