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Prendre parti - Le parti pris

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« Ce sujet a pour partie centrale l'analyse et la définition d'une attitude mentale : on l'introduira par une première description qui situe ou fasse reconnaître .e fait. Introduction.

— Notre esprit s'attache normalement à ses idées, qu'il ait dû choisir, ou qu'une seule direction de pensée se soit présentée : on prend parti.

Mais, une fois le sens de pensée établi, il se peut que, malgré les circonstances, ou malgré de nouvelles données, on ne veuille d'aucune façon abandonner l'opinion d'abord choisie : parti pris.

C'est donc comme une décision d'où l'on ne revient pas. A partir de cette première description, l'analyse peut se poursuivre de deux manières : ou bien distinguer le parti pris des faits voisins pour en fixer exactement les caractères, puis chercher quelles en sont les origines — ou bien montrer à quels faits il se rattache, et se servir de cet exposé des origines pour mieux le caractériser.

Cette seconde méthode parait préférable, parce qu'elle permettra de donner à l'analyse le caractère d'une découverte progressive.

Donc : I (Origines).

— La première description du parti pris fait tout de suite ressortir comment il s'apparente à l'entêtement : il ne se laisse pas éclairer, ou il retourne à son profit les arguments qui se présentent contre lui; ce qui en indique les origines : résistance de l'individualité à une idée nouvelle; et cette résistance le plus souvent vient d'habitudes routinières, de l'orgueil, des amitiés ou des haines d'individus ou de groupes; elle peut venir aussi de la confiance en une idée personnelle, objet d'enthousiasme.

Toujours on aperçoit une croyance presque exclusivement appuyée sur le sentiment ou la passion, d'où elle tire sa force. II (Caractères fondamentaux).

— On voit comment comprendre exactement le parti pris.

Il est essentiellement une attitude.

Donc il ne se définit pas par le contenu des idées auxquelles il s'attache : idées banales ou science — et non plus par leur valeur : malgré le caractère péjoratif du mot, ce n'est pas nécessairement la forme du jugement faux, ni de l'ignorance.

Et cette attitude ne se confond pas avec celle de l'idée préconçue, car celle-ci est en ellemême un départ, et n'implique pas qu'on ne puisse y renoncer.

Elle se distingue même du préjugé — au sens le plus habituel de ce mot — qui est bien un parti pris, mais en même temps jugement erroné, et de caractère social.

— Le parti pris réside donc, non pas dans l'énonciation, mais dans l'attachement à une énonciation.

On le définira : le refus d'entendre, ou de tenir compte des objections, s'ajoutant à une volonté de poursuivre l'idée. On développera ces caractères en montrant ce qu'il peut être dans une recherche scientifique, où, par parti pris, certains suivent une interprétation sans tenir compte des faits (attitude sans cesse critiquée par CI.

Bernard), ou bien au contraire veulent s'en tenir à l'énoncé exclusif du fait, en rejetant systématiquement une analyse rationnelle, faute de laquelle le fait perd toute sa signification (comme Magendie, dans son empirisme à tout prix).

— De même on montrera ce qu'est le parti pris dans la vie, volonté de suivre une ligne de conduite sans tenir compte des valeurs qui s'affirment à l'épreuve. Dans tout cet exposé, où l'on est en somme guidé par des notions courantes et par les suggestions que peuvent donner des descriptions ou théories comme celles de Cl.

Bernard ou de Pasteur, il fallait surtout chercher par soimême l'analyse du détail.

En ce qui concerne la question de valeur, à traiter maintenant, on se servira de toutes les idées des théoriciens de l'hypothèse, à appliquer soit directement, soit par limitation ou par contraste.

Car on ne manquera pas de remarquer que l'hypothèse est une sorte de parti pris vis-à-vis des choses, mais provisoire et manié avec précautions. III (Valeur).

— Des caractères du parti pris, on tirera comme conséquences : A) Il représente en un sens un aspect nécessaire de la pensée et de l'existence, car l'action ou la réflexion sont à orienter, et il faut prendre parti (rôle scientifique de l'hypothèse). B) Mais l'attachement nécessaire aux croyances n'implique pas que le parti choisi doive ignorer toute condition nouvelle.

Le parti pris nous adapte fortement à une situation donnée, et par suite, en obligeant à suivre une direction, aide à faire fructifier une pensée.

Mais la vie bien réglée, comme la science bien faite sont une adaptation plus complète et plus souple : le parti pris tend à faire de l'intelligence comme un instinct, à l'abaisser au-dessous d'elle-même : retour ou triomphe de l'automatisme. C) Pourtant il peut avoir une réelle utilité, parce qu'il n'y a pas de limites pour marquer a priori où doit s'arrêter la résistance de l'idée aux objections; une idée a droit dans certains cas à se maintenir malgré les échecs, et ainsi, en gardant l'aspect d'un parti pris, elle devient la condition du triomphe final.

(Ex.

: l'oeuvre de Bernard Palissy; échecs de l'atomisme depuis l'antiquité jusqu'au XIX° siècle, où il paraît triompher; question toujours ouverte du rôle du microbe et du terrain). Conclusion. [Se servir pour la poser de l'idée centrale, que le parti pris est de la nature du sentiment ou de la passion.] Tous les aspects de la question se résumeraient dans cette idée que le parti pris doit être traité comme la passion : une forme de l'énergie nécessaire au triomphe.

Mais il court toujours des risques parce qu'il ne laisse pas intacte la souplesse de l'intelligence, et ainsi s'explique qu'il se rattache trop souvent au jugement précipité et au préjugé. Ce sujet de dissertation donne l'exemple d'une question généralement non traitée ou peu traitée, mais qui est bien la contre-partie d'une question classique, — ici la double question de la nécessité de l'hypothèse et de l'attitude à prendre vis-à-vis des idées.

Cf.

le chapitre célèbre de CL Bernard : L'idée a priori et le doute, et toute la critique qu'il fait de l'esprit de système.. »

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