Aide en Philo

Pourquoi parle-t-on de «création» à propos de l'activité artistique ?

Extrait du document

« VOCABULAIRE: CRÉER / CRÉATION (n.

f.) 1.

— (Lato) Toute production, avec l'idée d'une nouveauté de son objet (création du monde, d'une route, d'une oeuvre d'art).

2.

— Dans la tradition judéo-chrétienne, acte par lequel Dieu donne naissance au monde : en ce sens, la Création est création à partir de rien (creatio ex nihilo).

3.

— Apparition de quelque chose qui ne résulte pas des données : en ce sens, on a tendance à faire de toute création une création ex nihilo, quelque chose de mystérieux ; c'est pourquoi les matérialistes préfèrent employer le terme de production qui implique un processus matériel (ainsi dit-on production littéraire pour création littéraire).

4.

— Invention.

5.

— Création continuée : pour les cartésiens, action identique à la création initiale par laquelle Dieu conserve le monde dans l'existence.

6.

— Créativité : faculté de créer, de produire des idées nouvelles ; disposition qui pousse à l'invention. ART: 1) Au sens ancien, tout savoir-faire humain, toute pratique produisant un résultat non naturel (artificiel).

2) Au sens esthétique moderne, production ou création d'oeuvres destinées à plaire (beaux-arts), c'est-à-dire à susciter par leur aspect, une appréciation esthétique positive. Sens des termes - Pourquoi : pour quelle raison, dans quelle intention. - Applique-t-on : ici, appliquer signifie attribuer, employer, utiliser. - Création : prendre, ici, ce terme au sens fort : action de donner l'existence, de tirer du néant, d'organiser ce qui n'existait pas encore ; création : terme proche d'invention. - Activité artistique : faculté de produire un effet dans le domaine de l'art, c'est-à-dire de la production de la beauté par les oeuvres d'un être conscient. Sens du sujet Pour quelle raison utilise-t-on, en ce qui concerne la production de la beauté par les oeuvres d'un être conscient, un terme proche de la notion d'invention ? Problème Dans la mesure où l'on considère fréquemment l'activité artistique comme une reproduction (passive) des apparences, le terme de création est-il juste et judicieux? Le problème est donc de légitimer l'union de mots proposée à notre étude, union qui n'est nullement évidente. Choix du plan 1.

L'activité artistique semble, à première vue, reproduire passivement les apparences et ne pas mériter pleinement le terme de « création », d'invention ex nihilo, à partir de rien. La contemplation de la nature et du beau naturel immédiat provoquent une émotion sensible. Devant un paysage, mais aussi une fleur ou un visage, face à de multiples aspects de la nature, l'homme ressent une émotion d'ordre sensible.

La combinaison heureuse d'éléments divers au sein des choses, le bon accord des formes ou des couleurs déterminent en nous plaisir ou même joie.

C'est de cette émotion engendrée par la beauté vivante qu'est partie la conception qui voit dans l'oeuvre d'art une copie du réel.

La beauté naturelle fut antérieure au beau artistique.

Dès lors, ne convient-il pas de la copier fidèlement ? L'imitation de la nature a pour fin d'exprimer cette beauté naturelle. S'il existe une beauté naturelle suscitant en nous de la joie ou de l'émotion, si le coucher de soleil en sa splendeur précéda tout art proprement dit, la beauté artistique est.

dès lors, destinée à exprimer ces apparences si séduisantes qui charment l'homme.

Ainsi l'oeuvre d'art semble-t-elle, fondamentalement, une copie de ce qui existe, une reproduction des choses données dans le monde extérieur.

Son caractère essentiel serait alors la perfection même de cette copie. Un des pères de cette esthétique imitative, qui vit dans l'art et l'oeuvre d'art une reproduction du milieu physique où vit l'homme, c'est essentiellement Platon : il conçut la production de la beauté par les oeuvres de l'homme comme une copie du sensible et des réalités naturelles.

Ce qui est premier, c'est l'Idée, l'Essence, c'est-à-dire la réalité intelligible ultime donnant sens aux choses.

Ainsi l'Essence du lit, c'est le lit idéal, l'Idée de lit.

Le lit sensible imite l'Idée de lit.

Quant à l'oeuvre d'art, elle n'est qu'une copie au second degré, une copie de copie ! Art et oeuvre d'art ne représentent, dès lors, qu'une illusion. Le plaisir esthétique, plaisir d'ordre sensible. Dans cette perspective imitative, la jouissance esthétique serait, fondamentalement, d'ordre sensible : elle aurait sa source et son origine dans le plaisir immédiat de nos sens agréablement touchés.

Plaisir et jouissance concrète caractériseraient la participation esthétique, qui serait, en somme, une séduction sensible par les belles apparences. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles