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Pourquoi parle-t-on ?

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« Le langage est un trait qui spécifie l'homme en tant qu'être appartenant à une espèce (« le langage, ce Rubicon qu'aucun animal ne franchira jamais »). Il convient de distinguer le langage animal (lié à des situations objectives) du langage humain (avec, comme le note Émile Benveniste, sa dimension symbolique) défini comme un système de signes doublement articulés (en unités significatives et en unités distinctives). Nous parlons à la fois dans la mesure où nous sommes élevés dans un milieu humain (importance de l'imitation) et où notre cerveau nous fournit l'équipement neurologique nécessaire.

Qu'une des deux conditions soit absente et le langage est impossible (l'animal élevé en milieu humain ne parle pas - l'enfant « sauvage » strictement isolé du milieu humain ne parle pas).

D'où la proposition du linguiste Noam Chomsky : l'acquisition du langage présuppose une organisation intellectuelle spécifique de l'homme et la capacité d'engendrer des expressions grammaticalement correctes (compétence) est innée. Pourquoi parle-t-on ? Il ne suffit pas d'expliquer pourquoi au sens de la cause, il faut répondre à la question du projet : nous parlons pour quoi faire ? Il y a une fonction expressive (exprimer nos pensées, nos sentiments, nos émotions), une fonction instrumentale (parler est un moyen d'agir sur le monde), proche parfois d'une visée manipulatoire (la parole comme moyen d'influence) et une fonction rationnelle (recherche en commun d'un accord, obtenu par la libre discussion, avec la raison comme horizon de l'accord).

Cet usage rationnel définit, selon Habermas, le domaine de « l'agir communicationnel ». Au philosophe allemand Jurgen Habermas (1929) revient le soin de traduire ces soucis dans les termes d'une démocratie vivante.

Le concept d'espace public, grâce auquel il tente de penser l'érosion continue de la politique moderne, devient vite déterminant.

Si l'on entend par espace public l'ensemble des relations au coeur desquelles s'accomplit, de façon vivante, une parole politique (et non les lieux publics), on aura sans doute compris que l'État démocratique moderne souffre de le voir colonisé par les médias et les autres instances de confiscation de la parole (ou d'imprégnation de modèles figés).

Les citoyens se détournent de l'espace public parce qu'ils ne peuvent plus y être entendus, à défaut de le vivifier eux-mêmes. Malgré tout, ils disposent, par le langage, d'une puissance immanente de lien (il existe un lien incontournable entre des hommes qui ne sont pas des monades séparées), d'une puissance d'intersubjectivité, qu'il convient de faire valoir (on parle et on vit ensemble).

La neutralisation de l'espace public dans la dispersion et la fluidité, l'espace du journal ou de la télévision, de la place publique, voués à la seule coprésence et au côtoiement, les barrières mises à la proximité, l'opposition du quotidien et du spectaculaire, suspendent un échange appropriable par les citoyens (L'Espace public, 1962). Sur le modèle du langage, de l'intersubjectivité, la parole peut être à nouveau vivifiée dans un espace public décolonisé.

Il en découlerait que l'attention à autrui y trouverait de nouvelles exigences exercées contre la désaffection par les citoyens des affaires publiques, que les hommes politiques se verraient soumis à des contrôles (obligés de convaincre, et non de persuader, toucher ou se faire voir/donner à voir dans les médias). En définitive, la philosophie politique se charge à nouveau de l'horizon du droit : la question n'est plus de savoir ce qu'est la vie bonne, ni comment transformer le monde, mais de savoir à quelles conditions une norme peut passer pour valide, aux yeux de tous ? Habermas veut ainsi rétablir le point de vue du « nous », de l'unité sociale, à partir d'un accord normatif et non d'un impératif coercitif.

Il dénomme cet accord « communication », parce qu'il repose sur et engendre du « commun » (Théorie de l'agir communicationnel, 1981). Introduction -Parler, c'est produire par la voix un certain langage, dans une langue donnée ; et une langue, c'est un système de signes linguistiques organisés ; il n'y a donc de parole que selon un langage articulé et symbolique (cf.

Aristote, De l'Interprétation, 1). -Comme le remarque Aristote, le langage articulé est le propre de l'homme ; il est donc naturel, si l'on veut déterminer les raisons de la faculté humaine de la parole, de voir ce qui constitue encore le propre de l'homme. -Selon Aristote, deux autres caractéristiques sont définitoires de l'homme, et ce qu'elles lui appartiennent en propre : sa nature socio-politique, et sa nature rationnelle. -Ainsi, le langage humain tient-il à la nature socio-politique et rationnelle de l'homme ? Ou bien faut-il en rechercher la cause en amont de ces caractéristiques ? Le langage ne constitue-t-il pas une faculté qui dépasse les autres carctéristiques propres de l'homme, tout en les fondant ? I.

La parole constitue la conséquence de la nature politique de l'homme (Aristote). Aristote (Politique, I, 2) : l'homme est le seul animal à avoir la parole ; tandis que les animaux peuvent utiliser les sons de la voix pour exprimer la douleur et le plaisir, l'homme possède la parole (logos), qui lui permet d'exprimer l'utile et le nuisible, ainsi que le juste et l'injuste.

L'homme est le seul animal à posséder les valeurs politiques, celles-. »

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