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Pour quelles raisons peut-on refuser de choisir entre désirs naturels et artificiels ?

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« VOCABULAIRE: CHOIX: Action consistant à se déterminer en arrêtant une conduite à tenir, retenue entre plusieurs possibles.

La capacité de choisir est considérée traditionnellement comme caractéristique du libre arbitre. RAISON: Du latin ratio, « calcul », « faculté de calculer, de raisonner » (en grec logos). * Au sens subjectif : mode de penser propre à l'homme (lui-même défini comme « animal raisonnable »). * Par opposition à l'intuition : faculté de raisonner, c'est-à-dire de combiner des concepts et des jugements, de déduire des conséquences. * Par opposition à la passion ou à la folie : pouvoir de bien juger, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal. * Par opposition à la foi : la « lumière naturelle », naturellement présente en tout homme. * Par opposition à l'expérience : faculté de fournir des principes a priori (c'est-à-dire indépendants de l'expérience) * Au sens objectif : principe d'explication, cause (exemple : les raisons d'un phénomène). * Argument destiné à légitimer un jugement ou une décision (exemple : donner ses raisons). Nature: Désigne au sens large ce qui existe indépendamment de l'action humaine, ce qui n'a pas été transformé.

Naturel s'oppose alors à artificiel, ou culturel. Aristote définit la nature comme ce qui possède en soi-même le principe de son propre mouvement, autrement dit comme ce qui possède une spontanéité autonome de développement. Refuser de: ne pas consentir à, refuser d'obéir, d'obtempérer, se rebeller, se révolter. Il est un domaine dans lequel cette partition entre bons et mauvais désirs n'a pas cours, et qui laisse les individus entièrement libres de leur choix : ce domaine est l'économie.

Celle-ci vise à satisfaire sans discrimination ni hiérarchie tous les « besoins ».

Elle offre des biens et des services susceptibles de satisfaire tout ce qui se présente à elle comme une demande.

Les partisans de l'économie de marché considèrent en effet que chaque individu doit être le seul juge des désirs et des besoins qu'il entend satisfaire en priorité. Est-ce à dire que nous devons tendre vers la satisfaction progressive de tous nos manques, et que tel serait le sens de notre existence ? Ne manquer de rien, n'avoir plus rien à désirer, n'est-ce pas, comme on dit, avoir tout pour être heureux ? C'est en tout cas un idéal de sagesse qui se présente comme le seul bonheur accessible à l'homme.

Il reste à savoir si ce bonheur ne se révélerait pas d'un ennui mortel. La modération des désirs. Maintenant que nous avons vu les deux conditions négatives du bonheur, cad les pensées et les craintes qu'il faut éliminer pour pouvoir jouir de la vie, il nous faut encore définir positivement comment atteindre le bonheur.

Un peu de réflexion nous montre qu'il est absurde de désirer des plaisirs inaccessibles, ou qui ont des conséquences fâcheuses et se paient de plus grandes souffrances, comme les plaisirs de la gourmandise qui, pratiqués à l'excès, finissent par nous rendre affreusement malades.

Il convient donc de modérer ses désirs, d'opérer un tri entre eux. Mais jusqu'à quel point ? Il faut rejeter tous les désirs qui ne sont pas naturels et aussi ceux qui ne sont pas nécessaires à notre survie, à notre santé ou à notre bonheur.

Mais qu'est-ce qui est naturel dans les désirs humains ? Et surtout, qu'est-ce qui est absolument nécessaire à notre bonheur ? Epicure ne donne pas de réponse très précise, mais il nous dit qu'il faut savoir se contenter de peu. Ainsi, celui qui désire des mets raffinés risque fort d'être déçu et malheureux s'il n'a pas toujours les moyens de se les offrir, ou si le cuisinier rate son plat, ou si mille autres ennuis viennent l'en priver.

Avoir des désirs de luxe nous expose à souvent souffrir.

Il faut donc les éliminer.

En revanche, celui qui ne désire que des nourritures « naturelles », un peu de pain par exemple, trouvera facilement à se satisfaire, et peut même en retirer un très vif plaisir s'il a vraiment faim et soif.

En outre, le sage qui ne désire rien de plus pourra tout de même, s'il est invité à un banquet, jouir de la nourriture succulente. De tels plaisirs ne sont nullement interdits, à condition de ne pas les désirer toujours, de ne pas en être dépendant.

Il faut donc passer ses désirs au crible de sa raison et éliminer impitoyablement tous ceux qui ne sont pas naturels et nécessaires, tous ceux qui sont vains, artificiels, superflus ou excessifs .

alors nous serons sages et nous atteindrons l'ataraxie, l'état d'absence de trouble de l'âme, cad le bonheur.

En effet, ce sont les angoisses, les passions, les désirs inassouvis qui troublent notre âme, nous font souffrir et nous empêchent d'être heureux.

Se délivrer de tout cela, c'est déjà être heureux, de même qu'il faut penser que le plaisir se trouve déjà dans l'absence de souffrance.

Nous voyons qu'Epicure redéfinit le plaisir (et corrélativement le bonheur) à l'encontre de la pensée commune, qui n'aperçoit de plaisir que dans un excitation positive des sens ou de l'esprit. Nous voyons aussi quelle est la vraie nature de l'hédonisme d'Epicure et quel monumental contresens a fait la tradition en en faisant « une morale de pourceaux libidineux se vautrant dans la luxure », alors qu'il s'agit avant tout d'une ascèse, d'une maîtrise des désirs, assez semblable à ce que peuvent pratiquer certains religieux, ermites ou ascètes, même si c'est dans de tout autres buts.. »

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