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Platon: L'artiste, ce charlatan !

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Cet artisan dont je parle n'est pas seulement capable de faire toutes sortes de meubles, mais il produit encore tout ce qui pousse de la terre [...], tout ce qu'il y a dans le ciel, et tout ce qu'il y a sous la terre, dans l'Hadès. Voilà un sophiste tout à fait merveilleux l [...] Si tu veux prendre un miroir et le présenter de tous côtés ; tu feras vite le soleil et les astres du ciel, la terre, toi-même, et tous les êtres vivants, et les meubles, et les plantes, et tout ce dont nous parlions à l'instant. Oui mais ce seront des apparences et non des réalités [...] Mais tu me diras, je pense que ce que fait [le peintre, plus que tous les artisans] n'a point de réalité, n'est-ce pas ? et pourtant, d'une certaine manière, le peintre lui aussi fait un lit. Ou bien non ? Si, répondit-il, du moins un lit apparent. Et le menuisier ? N'as-tu pas dit tout à l'heure qu'il ne faisait point la Forme (eidos), ou, d'après nous, ce qui est le lit, mais un lit particulier ? Je l'ai dit en effet. Or donc, s'il ne fait point ce qui est, il ne fait point l'objet réel, mais un objet qui ressemble à ce dernier, sans en avoir la réalité [...] Maintenant, considère ce point : lequel de ces deux buts se propose la peinture relativement à chaque objet : est-ce de représenter ce qui est tel qu'il est, ou ce qui paraît, tel qu'il paraît ? Est-elle l'imitation de l'apparence ou de la réalité ? De l'apparence. L'imitation est donc loin du vrai, et si elle façonne tous les objets, c'est, semble-t-il, parce qu'elle ne touche qu'à une petite partie de chacun, laquelle n'est d'ailleurs qu'un simulacre (eidôlon )... Lorsque quelqu'un vient nous annoncer qu'il a trouvé un homme instruit de tous les métiers, qui connaît tout ce que chacun connaît dans sa partie [...], il faut lui répondre qu'il est un naïf, et qu'apparemment il a rencontré un charlatan et un imitateur. Platon

« "Cet artisan dont je parle n'est pas seulement capable de faire toutes sortes de meubles, mais il produit encore tout ce qui pousse de la terre [...], tout ce qu'il y a dans le ciel, et tout ce qu'il y a sous la terre, dans l'Hadès.

Voilà un sophiste tout à fait merveilleux l [...] Si tu veux prendre un miroir et le présenter de tous côtés ; tu feras vite le soleil et les astres du ciel, la terre, toi-même, et tous les êtres vivants, et les meubles, et les plantes, et tout ce dont nous parlions à l'instant. Oui mais ce seront des apparences et non des réalités [...] Mais tu me diras, je pense que ce que fait [le peintre, plus que tous les artisans] n'a point de réalité, n'est-ce pas ? et pourtant, d'une certaine manière, le peintre lui aussi fait un lit.

Ou bien non ? Si, répondit-il, du moins un lit apparent. Et le menuisier ? N'as-tu pas dit tout à l'heure qu'il ne faisait point la Forme (eidos), ou, d'après nous, ce qui est le lit, mais un lit particulier ? Je l'ai dit en effet. Or donc, s'il ne fait point ce qui est, il ne fait point l'objet réel, mais un objet qui ressemble à ce dernier, sans en avoir la réalité [...] Maintenant, considère ce point : lequel de ces deux buts se propose la peinture relativement à chaque objet : est-ce de représenter ce qui est tel qu'il est, ou ce qui paraît, tel qu'il paraît ? Est-elle l'imitation de l'apparence ou de la réalité ? De l'apparence. L'imitation est donc loin du vrai, et si elle façonne tous les objets, c'est, semble-t-il, parce qu'elle ne touche qu'à une petite partie de chacun, laquelle n'est d'ailleurs qu'un simulacre (eidôlon )... Lorsque quelqu'un vient nous annoncer qu'il a trouvé un homme instruit de tous les métiers, qui connaît tout ce que chacun connaît dans sa partie [...], il faut lui répondre qu'il est un naïf, et qu'apparemment il a rencontré un charlatan et un imitateur.

" PLATON C e texte capital c oncerne le problème de la mimèsis ; par la médiation de Socrate, P laton y soutient que l'art, apparenc e d'apparence, n'est très précisément, rien. C ette condamnation philosophique de l'art est ontologique : l'apparence est une illusion sans substance ou sans réalité, un néant ; elle est épistémologique : l'omniscience de l'imitateur qui prétend tout imiter ne repose sur aucune s cienc e ; elle es t morale : « c hacun ne peut pratiquer qu'un métier » (394 e) et prétendre les pratiquer tous est non seulement une duperie mais une « injustice » au sens platonicien : la Jus tice est la vertu hors pair qui maintient toute chose (hommes et puiss ances de l'âme) dans s a pos ition propre, or, dans sa polytechnicité, l'imitation ouvre l'errance sans fin de la perte du propre ou de l'identité et, avec elle, le risque de la folie (cf.

396 b). En effet l'imitateur produit non pas simplement une image, une icône (eikôn) qui respecte les proportions de s on modèle (comme l'art égyptien, dont parle P laton dans Les Lois, qui utilisait le procédé de la mise en carré) mais un fantôme (phantasma), un s imulacre (eidolon) ou une « idole » qui se substitue au modèle et le fait oublier.

C 'es t ce que font ces imitateurs que s ont les peintres réalistes, les seuls que Platon condamne : ce sont des « skiagraphes », des peintres d'ombres (skiai) qui utilisent le rac courci, le modelé et la perspective.

C omme Zeuxis qui avec ses raisins en peinture trompait les pigeons, et tous les peintres décadents qu'allait connaître la Grèce hellénistique, ce sont des experts en trompe l'oeil.

Dans Le Sophiste P laton opposera à l'art de la copie (eikastique), l'art du simulacre (phantastique) qui produit des simulacres trompeurs analogues à ceux que produisent les « montreurs de marionnettes » (c'est-à-dire les artistes , les sophistes ...) de la caverne (514 b). L'intervention du miroir permet à P laton d'opérer ce coup de force : l'artiste, au rebours de l'artis an qui, comme le démiurge, impos e une forme à une matière rebelle, ne fait, à proprement parler, rien ; le miroir es t ici un instrument à l'efficacité redoutable et inquiétante, un instrument diabolique au sens étymologique du terme puisqu'il permet de diviser (dia-balein) le monde ou de donner du monde un double fascinant et illusoire. P L A T ON.

Né à Égine, près d'A thènes, en 429 av.

J.-C ., mort à A thènes en 347 av.

J.-C . Son père, A riston, descendait de C odros, dernier roi d'A thènes , et s a mère, P érictyone, de Solon.

Il fut l'élève de l'héraclitéen C ratyle, et s'initia aux arts.

Il prit part à des concours de tragédie, et se passionna plus spécialement pour la musique et les mathématiques .

V ers 407, il rencontra Socrate, dont il res ta l'ami et le disc iple jusqu'en 399, date de la mort du maître.

Platon se rendit alors à M égare, auprès d'Euclide ; puis , il effectua des voyages en Égypte et en Italie du Sud.

Eu Sicile, il rencontra Denys et tenta de lui faire acc epter ses théories politiques.

Le tyran, outré, fit vendre P laton comme esclave, à Égine. Là, A nnicéris le reconnut, l'acheta et le libéra.

Rentré à A thènes, P laton commenç a d'enseigner la philosophie dans les jardins d'A cadémos ; ce fut l'origine de l'A cadémie.

Il se rendit encore en Sicile auprès de D enys le jeune, mais aussi s ans succès.

Il mourut octogénaire, à A thènes, désignant son neveu Speusippe pour lui succéder à la tête de l'A cadémie.

Toutes les oeuvres de P laton sont des dialogues.

Ils nous seraient tous parvenus, et certains textes apocryphes s'y sont ajoutés.

— C 'est s ous l'influence de Socrate que P laton conç ut son système philosophique, premier sys tème spiritualiste c omplet, qui fait du philosophe grec, l'un des plus grands, sinon le plus grand de tous les temps.

P our les Pythagoriciens, la raison d e s c h o s e s s e trouvait dans les nombres ; pour les Ioniens (tel Héraclite) elle était dans les forces et les éléments de la nature ; pour les Eléates, elle était une unité abstraite.

Platon fut le premier à poser un principe intelligent comme raison des c hoses.

— La méthode qu'il utilise dans ses dialogues est la dialectique.

P laton remonte à l'idée.

Il procède par élimination des dissemblances , et ne considère que les res semblanc es, dont l'origine es t commune.

Les ressemblances, qui font qu'un groupe d'individus peuvent être trouvés beaux, participent d'une beauté pré-existante, et inc onditionnée.

La dialectique opère de même pour les autres notions. P laton dégage, par ce moyen, l'Idée de la beauté.

Le point le plus important de la philosophie platonic ienne est précisément la théorie des Idées.

Les phénomènes, « ombres pass agères », ne renferment pas la vérité.

Il faut dégager l'intuition de la beauté de la jouissance des belles choses.

Dégager de chaque groupe d'individus le type éternel et pur, d'après lequel ils sont faits.

Les Idées, ainsi dégagées, forment une hiérarchie, dont le sommet est occupé par l'Idée de Bien.

C elle-ci est le soleil du monde intelligible, elle donne vie et lumière à toutes chos es.

L'Idée de Bien est le principe de l'être et de l'intelligence ; elle est as similée par Platon à Dieu même.

— L'homme connaît les Idées en vertu de la théorie pythagoricienne de la « réminiscence».

Savoir quelque c hose, c'est se re-s ouvenir de ce que l'on a contemplé dans une vie antérieure.

L'amour, le « délire d'amour » s'explique lorsque nous retrouvons devant nous une beauté dont nous nous souvenons, et qui nous trouble.

— A vant la naissance, l'âme humaine parcourt la voûte du ciel, montée sur un char d'où elle c ontemple le monde des Idées.

Lors de la naissance, elle tombe dans le corps, où elle est emprisonnée.

Elle s'y divise et s'y répartit, dans la tête, dans la poitrine, dans le ventre.

A près la mort, l'âme injuste est châtiée.

L'âme juste, sur les ailes de l'amour, remontera jusqu'au principe de son bien.

La morale platonicienne consiste à ressembler à Dieu.

Il vaut donc mieux subir l'injustice que la commettre, et, s i on l'a commise, il vaut mieux expier que ne pas expier.

— P laton a abordé le problème politique.

Il s'élève contre la position inférieure de la femme grecque.

Dans la république qu'il conçoit, la cité est un ensemble humain, où est instituée la communauté des femmes et des enfants ; c haque génération d'adultes considère comme les siens propres les enfants de la génération immédiatement postérieure.

L e s arts sont soumis au s oldat, qui représente le courage.

Les poètes sont e x c l u s de la c ité.

Le gouvernement appartient aux meilleurs , qui reçoivent une éducation musicale et sportive, sont initiés à la théorie des Idées et à la notion du Bien ; en un mot, aux philos ophes.

M ais P laton sait bien qu'il est impossible de « faire que ce qui est jus te soit fort ».

— L'enseignement de Platon s'arrête véritablement à s a mort.

Ni la nouvelle A cadémie, ni l'école d'A lexandrie ne le prolongent.

Saint A ugustin, la Renaissance, Malebranc he, telles s o n t l e s étapes du renouveau du platonisme, mais celui-c i est alors modifié par la pensée chrétienne.

Quoi qu'il en soit, l'influence de P laton durera s ans doute toujours.. »

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