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Peut-on tout dire ?

Extrait du document

« Analyser le sujet Le libellé est très bref et très clair ; il reprend une question ou une affirmation que l'on entend autour de soi, ou que l'on s'est déjà posé vis-à-vis de ses parents, de ses amis, etc.

Chaque terme doit être pesé avec attention. « Peut-on » fait référence à la possibilité, mais aussi à la permission.

Ce n'est pas parce que c'est possible que c'est pour autant permis. « tout dire » : de façon générale, le verbe dire signifie « affirmer » ou énoncer quelque chose qui possède un sens. L'expression « cela ne veut rien dire » le montre par la négative.

Mais cela signifie aussi, de façon particulière, utiliser la parole, se servir du langage oral seulement.

Or cela a son importance, car il peut y avoir des obstacles ou contraintes propres aux circonstances : par timidité ou autre, lorsqu'il s'agit de « prendre la parole » dans un débat ou d'adresser la parole à quelqu'un.

Parfois aussi, la parole peut se déployer presque à notre insu : « on ne sait plus ce que l'on dit » ou « les mots dépassent la pensée », etc.

Le problème ne se pose pas du tout de la même façon pour l'écriture.

Il faut donc bien voir cette spécificité. Élaborer la problématique Il s'agit de voir s'il n'existe aucune sorte de limite à l'expression langagière, parlée ou générale.

Comme la parole est d'abord un acte personnel et volontaire, et que le langage a pour fonction première l'expression de la pensée, on ne voit pas ce qui empêche quelqu'un a priori de dire exactement ce qu'il veut, comme il veut et quand il veut. Cependant, du fait du double sens du verbe « pouvoir », ces limites peuvent être morales et constituer des sortes d'interdits.

Étant donné qu'il s'agit du langage et de parole en particulier, il y a aussi des obstacles psychologiques (a-t-on toujours la force ou le courage de parler ?) et surtout linguistiques (a-t-on toujours les mots qui conviennent ?).

Dans ces deux cas, il n'y a pas la possibilité de tout dire.

Inversement, quand il y a possibilité, y at-il permission ? Il faut donc examiner tous les types d'obstacles, sans quoi le sujet ne sera pas totalement traité. Introduction. Le verbe dire renvoie à l'acte d'énoncer un propos par la parole physiquement articulé avec l'intention de le communiquer.

Il est donc inévitablement lier à la parole.

Le verbe signifie aussi affirmer en connaissance de cause.

Il s'agit ici de savoir si les mots, le langage peuvent couvrir tout le champ de l'expérience.

Mais le verbe pouvoir indique aussi une question morale.

Il semble bien que tout peut être dit, puisque ce tout n'a de sens que dans et par le langage qui le désigne.

Les mots sont en effet des créations humaines.

Il suffit alors d'inventer des mots pour toutes nos pensées, choses.

Toutefois, disposant de moyens finis, le langage peut-il exprimer le domaine illimité de ce qui est pensable, ou encore l'infinie diversité du réel ? Si le langage impose des limitations, alors la vocation du langage à la totalité semble bien devoir être remise en question: le langage est-il entièrement apte à exprimer toute la pensée ? Toute la réalité ? Et même s'il est possible de tout dire devons-nous toujours nous autoriser à tout dire, n'importe quand, n'importe comment et à n'importe qui ? 1) Le langage, de par sa nature, semble apte à exprimer la totalité de ce qui est pensé. a) De par la nature même du signe linguistique : Le signe linguistique unit en une transparente immédiateté son et sens.

Il est la seule forme interne à la pensée, apte à l'accomplir pleinement.

Pour beaucoup de philosophes, la pensée est langage.

Le mot forme la totalité du signifiant et du signifié.

Il y a bien une dualité, mais ce n'est pas la dualité entre le nom et la forme.

« Le signe linguistique unit non une chose et un nom, mais un concept et une image acoustique ».

Grâce à son indépendance par rapport à la réalité, le lien avec le réel est arbitraire, le langage peut tout dire puisque tout est précisément la conception du monde impliqué par le langage.

Le langage humain est « capacité de tout dire »( Noam Chomsky, Structures syntaxiques) Pour Saussure, la pensée ne serait nébuleuse sans rien de délimité avant l'apparition de la langue.

L'invention du langage, du mot est donc destinée à faire naître la pensée, à lui donner une forme objectivable.

Le mot alors ne serait que la forme objective de ce que nous avons dans notre pensée.

Chaque mot inventé serait alors l'exacte réalité du concept que nous avons dans la pensée. C'est pourquoi aussi les vocabulaires scientifiques croissent en fonction des découvertes.

Tout nouveau phénomène suscite l'invention d'un nouveau qui désigne le concept qu'ont les scientifiques ont à l'esprit. b) Il est vrai que le vocabulaire du dictionnaire ne couvre pas tout le champ de la réalité.

Grâce à la double articulation des langues, l'homme peut dire beaucoup en combinant les phonèmes.

Il s'agit d'un remarquable principe d'économie.

Quelques dizaines de phonèmes et quelques milliers de monèmes permettent une énonciation ouverte à l'infini.

Cet aspect combinatoire n'existe pas chez les animaux.

Il permet ainsi de produire sans cesse des nouveaux messages en combinant des extraits, des mots.

Le système est donc très performant.

Il permet l'invention permanente tout en conservant la compréhension d'autrui.

La double articulation est en effet basée sur des règles qui garantissent une compréhension commune sans jamais limiter la composition.. »

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