Peut-on tout critiquer ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet et dégagement de la problématique
●
La formulation du sujet est très large et floue.
Elle impose donc un important travail d'analyse.
Tout
d'abord, la notion de critique est double : elle a un sens courant, et une acception strictement
philosophique.
Philosophiquement, la critique est l'examen d'un principe, d'un fait, d'une thèse, dans le but
d'apporter à leur égard un jugement d'appréciation.
En d'autres termes, la critique, face à son objet, évalue
son degré de perfection par rapport à une fin donnée ou posée.
(Le terme de critique vient du grec ancien
κρίνω, qui signifie juger, estimer, séparer, comparer) Dans la langue courante, la critque est prise dans le
sens particulier d'un jugement défavorable.
Ainsi, elle peut prendre la forme d'une objection, d'une
désapprobation, d'une réfutation, d'une condamnation, d'une dépréciation, etc.
Alors, une première ambiguïté
du sujet tient au fait que la forme verbale critiquer met l'accent sur le sens courant, sans toutefois exclure
l'usage philosophique.
Cette première difficulté est soutenue par une seconde ambiguïté : celle du pronom tout.
Quel statut lui
donner? Som emploi semble pourtant présupposer un ensemble complet d'éléments évident.
En d'autres
termes, elle suppose que les objets auxquels le critiquer peut s'appliquer est donné.
Cependant, si l'on tente
de l'énumérer, il apparaît qu'il est bien difficile d'être certain de son exhaustivité : l'art, la religion, une
position philosophique, une décision politique, un objet inutile, un paysage laid ou fade, une coiffure sont
autant d'objets possibles de la critique.
L'origine de ce problème est la nature fondamentalement relative du
critiquer : celui-ci, en effet, évalue par rapport à une fin.
Le problème de la totalité du criticable est donc
reporté sur celui de la totalité des fins par rapport auxquelles la critique peut s'effectuer.
Or, le problème des
fins est aussi celui des valeurs qu'elles déterminent, valeurs qui seront les armes de la critique.
Toute fin et
toute valeur sont-elles compatibles avec l'activité de la critique? Dans la mesure où il semble impossible
d'énumérer ces fins et ces valeurs (vérité, beauté, morale, utilité,..) il nous faut interroger a priori le lien
entre critique, fin et valeur.
Y a-t-il dans les notions de fin et de valeur quelque chose qui les lie par essence
à l'activité de critique?
●
La premier problème que nous avons formulé en appelle un second qui le complexifie : en effet, la
position de fins et de valeurs appartient elle-même au champ des objets possibles de la critique.
Il semble
donc que la critique soit doublement liée aux fins et aux valeurs : d'une part celles-ci la déterminent, d'autre
part, la critique peut se retourner contre elles et les prendre pour objet.
On peut voir dans cette réflexivité
ce qui donne sens au tout de la question « Peut-on tout critiquer? ».
Nous pouvons alors, en retour, déterminer les deux axes du problème à traiter :
toutes les valeurs sont-elles vulnérables face à la critique? Y a-t-il des valeurs dont l'origine les prévient
contre toute critique?
toutes les valeurs et toutes les fins sont-elles capables d'orienter des critiques?
Enfin, le sujet comporte une troisième ambiguïté : celle du pronom on.
De cette équivoque, naissent encore
deux axes possibles : considérer la critique en soi, indépendemment de celui qui l'exerce, et considérer le
sujet même de la critique comme ce qui d'elle pose problème : qui peut critiquer? Et en particulier, qui peut
critiquer quoi?
●
Résumons-nous.
Le sujet interroge les limites du critiquer.
Nous avons défini trois lieux possibles de cette
limitation : les fins et valeurs orientant la critique, son objet, son sujet.
Nous devons les organiser au point
où nous avions diagnostiqué une limite interne de la critique : les valeurs en sont à la fois des objets
possibles et des termes recteurs.
Nous partirons donc de la question des valeurs rectrices acceptables, pour
l'élargir à celle des objets possibles, et demander enfin qui peut manier un critiquer ainsi établi.
Proposition de plan
I A quelles valeurs la critique peut-elle se subordonner?
Friedrich NIETZSCHE
Ainsi parlait Zarathoustra (Prologue)
« Je dis bergers, mais ils s'appellent les bons et les justes.
Je dis bergers, mais ils s'appellent les fidèles de la vraie
croyance.
Voyez les bons et les justes! Qui haïssent−ils le plus? Celui qui brise leurs tables des valeurs, le destructeur, le
criminel: - mais c'est celui-là le créateur.
Voyez les fidèles de toutes les croyances! Qui haïssent-ils le plus? Celui qui brise leurs tables des valeurs, le
destructeur, le criminel: - mais c'est celui-là le créateur.
Des compagnons, voilà ce que cherche le créateur et non des cadavres, des troupeaux ou des croyants.
Des.
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