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Peut-on soutenir que tout est relatif ?

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« Définition des termes du sujet : « Tout est relatif » est une expression que nous employons couramment pour dire que nous ne pouvons trancher une question, pas forcément parce que nous manquons des connaissances nécessaires, mais parce que nous pensons ne pas pouvoir donner une réponse satisfaisante parce que nous ne sommes pas assez certains de connaître toutes les implications d'une réponse éventuelle. Le sérieux, c'est le caractère de ce qui a été réfléchi mûrement, en conscience, en s'efforçant d'utiliser au mieux tous les moyens possibles et en refusant de céder à la facilité.

Dire que tout est relatif, est-ce une attitude sérieuse, exploitant au mieux les capacités de la raison, ou est-ce une attitude lâche, refusant l'effort de la pensée ou de la rigueur ? C'est ce qui est demandé ici. Qu'implique le fait de dire que « tout est relatif », et d'où ce besoin de dire pareille chose peut-il venir ? On est constamment confronté au caractère insaisissable et incompréhensible d'une très grande partie du réel, et à la conscience des limites de nos propres points de vue, forcément partiels, sur les choses.

Dire « tout est relatif », c'est d'une certaine manière se désengager de la pensée, refuser de choisir une position sur un problème en raison d'une incapacité ressentie ou imaginée plutôt que prouvée, incompréhension provoquée par une conscience du caractère changeant du monde.

Alors une telle attitude n'a rien de productif, elle est un simple refus de s'impliquer, celui qui l'adopte reste en marge des choses.

Il est difficile de soutenir cette position comme s'il s'agissait d'une conception philosophique rigoureuse. Mais on peut aussi entendre « tout est relatif » dans un sens plus philosophique, qui reposerait sur une définition rigoureuse du concept de relativité et correspondrait à une vision du monde élaborée sur la base de l'observation du caractère fluctuant des choses – il s'agirait pour cette conception de définir la place de l'homme et l'ordre du monde en tenant compte de cette fluctuation : confronter l'homme à cette fluctuation, l'observer, en découvrir éventuellement certaines lois, mais ne pas s'en désengager. Il semble ainsi y avoir deux niveaux différents de l'expression « tout est relatif ».

On pourrait préciser l'objectif et définir à quelles conditions et dans quels domaines il est pertinent et « sérieux » de soutenir que tout est relatif. Discussion : C'est peut-être du sens commun qu'il faudrait partir pour analyser le sujet, puisque la meilleure manière de se défaire de la contradiction revient souvent facilement à conclure : « Chacun voit midi à sa porte ».

S'agit-il là d'éviter de réfléchir, ou de l'expression d'une véritable sagesse ? Suggestion de plan : Première partie : Autant d'avis que d'hommes Protagoras : « à chacun sa vérité ».

Le sophiste Protagoras soutient que chacun possède une vérité, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de vérité objective.

Si l'on tient compte du fait que tout le monde est différent et surtout que chacun a une théorie qui lui est propre sur la vérité, il est évident que la vérité va être en perpétuel changement. Si chaque individu se laisse influencer par sa propre volonté et par ses propres sensibilités, jamais personne ne pourra dire qu'il détient LA vérité.

Ainsi cette théorie revient à dire qu'il n'existe pas de vérité absolue et plus largement qu'il n'existe pas de vérité.

Car si chacun pense détenir la vérité et que pourtant elle diffère en fonction des individus, il y a alors une mise à mort de la vérité, une destruction totale. Le sophiste Protagoras, écrit Diogène Laerce « fut le premier qui déclara que sur toute chose on pouvait faire deux discours exactement contraires, et il usa de cette méthode ». Selon Protagoras, « l'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont en tant qu'elles sont, de celles qui ne sont pas en tant qu'elles ne sont pas » Comment doit-on comprendre cette affirmation ? Non pas, semble-t-il, par référence à un sujet humain universel, semblable en un sens au sujet cartésien ou kantien, mais dans le sens individuel du mot homme, « ce qui revient à dire que ce qui paraît à chacun est la réalité même » (Aristote, « Métaphysique », k,6) ou encore que « telles m'apparaissent à moi les choses en chaque cas, telles elles existent pour moi ; telles elles t'apparaissent à toi, telles pour toi elles existent » (Platon, « Théétète », 152,a). Peut-on soutenir une telle thèse, qui revient à dire que tout est vrai ? Affirmer l'égale vérité des opinions individuelles portant sur un même objet et ce malgré leur diversité, revient à poser que « la même chose peut, à la fois, être et n'être pas » (Aristote).

C'est donc contredire le fondement même de toute pensée logique : le principe de non-contradiction., selon lequel « il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même rapport ».

Or, un tel principe en ce qu'il est premier est inconditionné et donc non démontrable.

En effet, d'une part, s'il était démontrable, il dépendrait d'un autre principe, mais un tel principe supposerait implicitement le rejet du principe contraire et se fonderait alors sur la conséquence qu'il était sensé démontrer ; on se livrerait donc à une pétition de principe ; et d'autre part, réclamer la démonstration de. »

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