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Peut-on s'attendre sur tout ?

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« Problématique: Le sujet est tellement flou et vaste que vous êtes libre de mettre ce que vous voulez sous l'étiquette « tout ». Cela dépend de la manière dont vous allez définir ce « tout ».

Le « peut-on », ici, est de possibilité (aucun appel au « a-t-on le droit » ici).

La question s'applique à plusieurs domaines que vous êtes libre de choisir et de délimiter, pourvu que vous le justifiez dès l'introduction, selon ce qui conviendra le mieux à la problématique que vous aurez amenée (physique, histoire, comportements humains, calcul mathématique des probabilités, etc.). Il est évident que le "peut-on" est ici le possibilité.

La question n'en reste pas moins extrêmement imprécise. Problématiser une telle question exige au moins que l'on distingue plusieurs domaines dans lesquels elle serait susceptible de recevoir un sens.

On pourra se souvenir qu'un progrès historique a été accompli par l'humanité dans son rapport au monde lorsque les hommes se sont aperçus que n'importe quoi ne pouvait pas se produire dans la nature, que les phénomènes ne se produisaient pas sans raison.

Épicure, premier théoricien de cette bonne nouvelle, a brandi cette idée pour délivrer l'homme de ses craintes religieuses. Au domaine naturel, on pourra opposer d'autres secteurs de la réalité (histoire, comportements humains) où la prévision paraît plus difficile, voire impossible.

Quoi qu'il en soit, c'est sur ce concept de "prévisibilité" que devra porter l'essentiel de la réflexion. [Concernant la réalité humaine, tout est possible.

L'homme est à la fois libre et le jouet de forces inconscientes.

L'état du monde de demain est inconnaissable.

Le pire comme le meilleur peut arriver.] Le temps humain échappe à la science Karl Popper, dans Misère de l'historicisme, écrit que, de même que nous ne pouvons pas prédire scientifiquement «l'accroissement de nos connaissances scientifiques», nous ne pouvons pas «pas prédire le cours futur de l'histoire humaine».

Le temps est le cadre au sein duquel se réalise l'imprévisible liberté d'action de l'homme. Bergson dira: "Le portrait achevé s'explique par la physionomie du modèle, par la nature de l'artiste, par les couleurs délayées sur la palette ; mais, même avec la connaissance de ce qui l'explique, personne, pas même l'artiste, n'eût pu prévoir exactement ce que serait le portrait, car le prédire eût été le produire exactement ce que serait le portrait, car le prédire eût été le produire avant qu'il fût produit, hypothèse absurde qui se détruit ellemême.

Ainsi pour les moments de notre vie, dont nous sommes les artisans.

Chacun d'eux est une espèce de création.

Et de même que le talent du peintre se forme ou se déforme, en tout cas se modifie, sous l'influence même des œuvres qu'il produit, ainsi chacun de nos états, en même temps qu'il sort de nous, modifie notre personne, étant la forme nouvelle que nous venons de nous donner.

On a donc raison de dire que ce que nous faisons dépend de ce que nous sommes ; mais il faut ajouter que nous sommes, dans une certaine mesure, ce que nous faisons et que nous nous créons continuellement nous-mêmes." Comment nous créer nous-mêmes sans pour autant être déterminés par notre nature ou par l'imprévisibilité de nos actes ? Il s'agit de comprendre comment se forme notre être: n'est-il que la stricte réalisation de notre nature, auquel cas nous serions prédéfinis, ou bien nous réalisons-nous au hasard de nos actes, de façon imprévisible ? Quelle place accorder à la liberté dans la construction de soi ? Pour Bergson, il faut combiner ces deux démarches.

Nous nous créons aussi bien à partir de notre nature qu'à partir de nos actes.

Notre être engendre certains actes, mais ceux-ci ont une part d'imprévisibilité qui pourra, en retour, venir enrichir notre être.

Ainsi nous ne sommes ni absolument déterminés, ni soumis au hasard. Nous nous créons nous-mêmes librement, à la manière d'un artiste créant une oeuvre.. »

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