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Peut-on penser par soi-même sans penser contre soi-même ?

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« Analyse du sujet : Peut-on : question qui porte sur la capacité, sur l'éventualité, sur la possibilité. Penser : du latin pendere , « peser », ou pensare, « peser », « juger ».

L'acte de penser caractérise l'espèce humaine.

Phénomènes produits par l'action de l'esprit.

Former des idées, concevoir des opinions par l'activité de l'intelligence, par la réflexion. Par soi-même : de manière autonome, indépendante et libre. Contre soi-même : contre sa culture, ses préjugés, les opinions que l'on tient pour vraies.

Contre ce qui constitue notre identité et nos habitudes de pensée. Problématique : On est ici face à une alternative posée entre la raison (penser par soi-même) et l'opinion. En effet, chaque homme pense à partir d'un ensemble social et culturel auquel il appartient et qu'il a reçu en héritage.

Sa pensée est construite à partir de certains modèles particuliers, elle s'appuie sur ce qu'il entend, sur ce qu'il apprend etc.

Elle n'est pas absolument libre au sens où pour exister elle se fonde sur des « tuteurs » qui lui préexistent.

Ainsi, chaque homme possède ses propres opinions qui ne sont pas forcément démontrées ou démontrables, ses convictions, ses préjugés et ses idées propres. L'enjeu de la philosophie est d'amener l'homme à penser par lui-même.

Cette expression signifie que l'esprit se libère des préjugés, des opinions et des acquis sur lesquels il s'appuie d'ordinaire.

Elle a donc un sens positif et valorisant. Celui qui pense par lui-même est un homme réfléchi, capable de défendre des opinions qui lui sont personnelles certes, mais sur lesquelles il a réfléchi.

Celui qui pense par lui-même est capable d'échapper au formatage social et aux lieux communs en acquérant une pensée originale, unique forte et indépendante. Or, on se demande ici s'il est possible de penser par soi-même sans penser contre soi-même, c'est-à-dire sans forcément renier ce qui fonde notre identité, notre culture.

Cela sous-entend que a priori la raison doit éliminer l'opinion.

Penser contre soi-même c'est ne pas respecter les valeurs par lesquelles j'ai coutume de me définir, c'est rejeter ou tromper les principes qui orientent ma vie et mes choix, c'est renier ce que je suis.

On considère donc la personne, le moi, comme une unité à laquelle correspondent certaines valeurs fondamentales, propres à chacun. Cette question invite de ce fait à s'interroger sur le statut et la valeur de l'opinion, c'est-à-dire aussi sur la place de l'opinion dans la constitution de notre identité.

En effet, mes opinions expriment-elles réellement ce que je suis ou ne sont-elles que le reflet de la société, de l'influence des autres et de leurs idées sur ma propre personnalité ? Le fait de penser par soi-même implique t-il le rejet de toutes nos croyances, de toutes nos opinions ? Penser par soimême, analyser, réfléchir et remettre en question, implique t-il le rejet de ce que l'on est au départ ? Le fait de devenir autonome intellectuellement n'est-il pas au contraire un moyen de conquérir son identité et sa liberté ? Ne peut-on pas devenir soi-même en devenant majeur ? Proposition de plan : 1-Penser par soi-même c'est penser contre soi-même : la lumière de la raison rejette et élimine l'obscurantisme de l'opinion : La philosophie se dresse contre ceux qui détiennent et exercent un pouvoir intellectuel (despotisme intellectuel) et offre une indépendance intellectuelle.

Elle enseigne à penser par soi-même, c'est-à-dire devenir autonome, « devenir majeur » et se libérer des préjugés culturels qui nous influencent nos jugements. L'expression « devenir majeur » vient de Kant dans son texte Qu'est-ce que les Lumières ? D'après lui, il faut passer de la minorité à la majorité intellectuelle.

C'est-à-dire qu'il faut se libérer de l'obscurantisme régnant pour acquérir une pensée éclairée. En effet, l'obscurantisme est incarné par une pensée passive, les savoirs traditionnels, les valeurs qui sont admises sans discussion, sans être soumis à la critique.

L'obscurantisme représente l'aliénation de l'homme qui est étranger à lui-même et n'est pas maître de ses actes. Au contraire, le 18eme siècle est l'accès aux Lumières.

C'est la pensée éclairée, en éveil, active et critique. C'est la condition de la liberté qui se manifeste par la capacité à réfléchir par soi-même : « Sapere Aude », ose penser par toi-même. Pour cela il faut vaincre un obstacle social : ceux qui détiennent le monopole intellectuel et que Kant nomme les « tuteurs » : comme les clercs (intellectuels), le clergé (autorité spirituelle), les scientifiques (pouvoir médical).

Ceux qui détiennent le pouvoir intellectuel ont tout intérêt à ce que l'opinion publique ne conteste pas ce pouvoir.

On s'en remet à ces gens sous prétexte qu'ils sont compétents mais leur pouvoir est usurpé.

Il faut avoir confiance en son propre entendement La philosophie permet à l'homme de conquérir sa propre humanité en lui apprenant à penser par lui-même, en lui donnant la clé de l'autonomie intellectuelle, l'autonomie de la pensée. Cf.

Kant : Fondement pour la métaphysique de mœurs.

L'autonomie est une liberté négative qui se définie comme l'indépendance par rapport à toute contrainte extérieure et comme législation de la raison pure pratique.

Or, la philosophie enseigne avant tout à se servir de la raison.

Elle est donc une conquête de la liberté humaine.. »

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