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Peut-on expliquer un événement historique ?

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« VOCABULAIRE: ÉVÉNEMENT : Ce qui arrive ou survient de manière imprévisible, unique (l'événement ne peut se répéter) et déterminante (l'événement «fait date» : il modifie et oriente l'histoire).

L'événement est identifié rétrospectivement par l'historien comme un fait historique ayant une répercussion et une incidence importantes sur les conditions de vie des hommes et sur le cours du devenir historique. COMPRENDRE / EXPLIQUER : Comprendre, c'est connaître un phénomène de l'intérieur, par son sens, en déchiffrant sa singularité.

Dans les sciences, expliquer c'est ramener la diversité des phénomènes à des causes (leurs conditions de production) et à des lois permettant d'en faire des cas particuliers. [Introduction] Lorsqu'il élabore sa classification des sciences, Auguste Comte n'y fait pas figurer l'histoire.

C'est qu'elle lui paraît ne pas pouvoir être scientifique puisque les événements auxquels elle s'intéresse sont tous uniques, et n'ont lieu, dans leur réalité singulière, qu'une fois : comment pourrait-on découvrir des lois si les faits ne se répètent pas ? Depuis Comte cependant, les historiens définissent volontiers leur discipline comme une authentique « science du passé » : elle repère des faits en opérant, comme toute science, un découpage et une construction de son « réel », et elle cherche à en expliquer la succession.

Mais peut-on expliquer un événement historique ? [I- L'explication scientifique] [A.

Les faits sont construits] Aucune science ne peut se contenter de considérer le monde tel qu'il se présente, c'est-à-dire dans une confusion de faits et d'événements telle qu'une perception non scientifique est souvent incapable d'y repérer ce qui doit être étudié. Les faits scientifiques, loin d'être immédiatement donnés, sont, comme l'a montré Gaston Bachelard, des faits construits.

Cela implique qu'ils soient d'abord isolés, repérés, « découpés » dans le flux des choses, ce pour quoi interviennent de multiples instruments, d'observation ou de mesure, qui sont bien des théories matérialisées.

Le fait scientifique est ainsi, dès sa constitution, pris dans un réseau de scientificité qui le rend mieux connaissable. [B.

La répétitivité] Il est surtout nécessaire, pour qu'un fait s'inscrive dans quelque recherche scientifique que ce soit, qu'il soit conçu comme répétitif.

Par principe, la science ne s'intéresse ni aux « exceptions », ni aux événements « miraculeux », d'autant plus surprenants qu'ils ne se produiraient qu'une fois.

Elle abandonne volontiers de tels phénomènes aux pseudo-sciences qui ne seront jamais à court d'hypothèses ou de commentaires à leur sujet, et s'intéresse uniquement aux phénomènes susceptibles de se répéter. [C.

La loi] Par définition, la science cherche à découvrir les lois auxquelles obéissent les phénomènes qui lui semblent problématiques.

Et une loi formule un fonctionnement universel, qui ne peut en effet concerner qu'un nombre a priori infini de phénomènes semblables.

On imagine mal ce que pourrait être une loi énoncée pour expliquer un phénomène n'apparaissant qu'une seule fois ! Ce pourrait être une considération plus ou moins fondée ou farfelue, mais en aucun cas une loi, puisqu'elle serait par principe invérifiable. Toute loi énonce une relation de détermination entre le phénomène que l'on veut expliquer et un phénomène antérieur : sa cause.

La définition la plus simple, mais néanmoins suffisante pour traiter notre question, de la cause est : le phénomène en l'absence duquel un autre n'apparaît pas. [II - Singularité de l'événement historique] [A.

Il est bien construit] On voit combien, même en se contentant de telles généralités à propos de ce qu'est une explication scientifique, il semble difficile d'en respecter les principes en histoire.

Toutefois, on ne peut admettre que l'événement historique serait du tout au tout étranger à la moindre considération scientifique. On peut d'abord souligner qu'il a en commun, avec le fait scientifique, d'être un événement construit.

En effet, le premier travail d'un historien consiste à opérer dans le passé un découpage lui permettant d'isoler son objet d'étude. Et les diverses méthodes suivies pour opérer ce découpage (très classiquement par siècles, ou en fonction de la longue durée, ou sur des périodes au contraire très courtes, relativement au rythme supposé des événements) sont en un sens comparables aux différentes complexités qu'aborde une science de la nature dans sa progression : l'observation d'un phénomène est elle aussi variable en fonction des instruments dont on dispose. De surcroît, l'événement historique est également (re)construit par l'exploitation de documents de plus en plus variés et de plus en plus fiables, dès lors que la critique des matériaux dont peut disposer l'historien s'est amplement développée. [B.

Mais il n'est pas répétitif] L'aspect par lequel l'événement historique s'éloigne malgré tout le plus nettement du fait scientifique « ordinaire » – et qui a sans doute pour conséquence que son explication ne peut être de même nature que celle du fait naturel – est sa non-répétitivité.

Quoi que semble indiquer le langage, il n'y a pas deux « guerres » exactement semblables. Mieux vaudrait peut-être admettre que deux « guerres » différent toujours en tout (mis à part l'existence de leurs. »

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