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Peut-on être soi-même ?

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« Discussion : Pascal, Les Pensées : « le moi est haïssable » Cet apophtegme montre pertinemment l'aporie que constitue tout discours ou toute appréhension de soi à soi.

Que veut dire la notion de pouvoir, et en quoi réside ce pouvoir ? Si pouvoir être soi, réside justement, dans le fait de se connaître (Socrate : « connais-toi toi-même »), ou bien dans le fait que le moi est lui-même une difficulté ; difficulté liée à autrui et liée au regard que tout être est amené à porter sur lui-même. I.

Première partie : Soi et narcissisme Peut-on vivre avec soi-même ? Comment peut-on se supporter ? Cela n'est possible que par l'imaginaire, que par le biais de la projection que l'on fait de soi sur les autres et sur ses propres capacités.

En effet il faut bien un minimum d'assise personnelle pour pouvoir vivre, c'est ce que Freud appelait le « narcissisme primaire absolu ».

Il y a une capacité minima d'acceptation de soimême.

La difficulté donc réside dans le jeu entre défauts et qualités, négativités et positivités.

Ainsi, une grande partie du destin de l'homme se joue dans cette tension.

Mais cette tension repose sur un certain narcissisme.

Le pouvoir d'être soi, de s'assumer, cette capacité est limitée par l'impouvoir que l'on a sur soi.

Cependant Pascal souligne le fait que l'on aime quelqu'un ou que l'on s'aime soimême uniquement pour les qualités et donc pour un aspect tout à fait superficiel de la personne. L'amour de soi serait presque illégitime car il ne reposerait que sur des facteurs inintéressants.

Si on n'aime chez soi que ses qualités, alors, être soi-même est-ce n'être que vertueux ? Il semblerait plutôt que ce soit l'inverse, car si les autres nous aiment pour nos qualités et ce qu'il y a de superficiel en nous (l'apparence physique également) alors dès que l'on laisserait apparaître nos défauts, on ne susciterait plus l'attention des autres et par conséquent notre amour propre en serait fortement affecté.

Être réellement soi-même consisterait donc dans le fait de montrer nos vices à autrui, pour qu'il nous aime dans notre totalité et dans notre état d'hommes imparfaits.

Seulement personne ne veut réellement voir ses défauts dans les yeux des autres, et avant tout parce que les cacher à autrui c'est aussi les cacher à soi-même. II.

Deuxième partie : Soi comme construction Être soi-même, c'est être aussi avec les autres.

Peut-on être soi-même alors que l'on est face à autrui, alors que l'on est face à l'altérité.

La dialectique n'est plus de soi à soi mais de soi à l'autre.

Être soi-même en étant dans un environnement défini par l'altérité. Comment puis-je choisir mes valeurs sans les définir en fonction des autres ? Quelle part autrui a-t-il sur ma puissance d'être ? Si ma puissance d'être est toujours limitée par autrui je disparais, il faut donc trouver un compromis entre la puissance d'être et la capacité à intégrer l'autre, sans devenir lui pour autant.

Car être avec autrui, c'est être face à un autre moi qui a sa propre volonté.

Et si chaque personne est en construction alors l'influence qu'autrui peut avoir sur moi est immense.

Je ne sais pas encore ce que je veux, alors qu'autrui a déjà choisi ce qu'il veut être, il est donc difficile de faire abstraction de ce choix dans sa propre évolution.

C ar si l'on ne veut montrer que nos qualités afin d'être aimé, on ne veut pas non plus que nos choix soient haïssables par l'autre.

Presqu'aucune des décisions que l'on prend ne peut se faire sans que l'on y inclue consciemment ou inconsciemment l'image du désir d'autrui.

C'est ce que Pascal appelait l'esprit de finesse qu'il distinguait soigneusement de l'esprit de géométrie.

Par, esprit de finesse, il entendait le fait d'être socialement en mesure de s'épanouir sans pour autant porter atteinte à l'identité de sa personne. III.

Troisième partie : Soi : une entité abstraite Quelle que soi la manière dont en prend la question du soi, on voit bien qu'il est acculé à produire une identité personnelle sur la base de règles conçues individuellement et en même temps poussé à la quête permanente de reconnaissance, donc d'identité socialement avérée.

Pour reprendre le mot de Malraux, c'est ce que l'on pourrait appeler la condition humaine, à savoir que l'homme est pris en tenailles, juge ou bourreau de lui-même ou bien reconduit en permanence par l'altérité. De surcroît, la référence à un « soi » a quelque chose d'idéal et de fantaisiste à la fois.

Nous sommes par définition des êtres multiples, différents dans chacune des situations dans lesquelles nous sommes impliqués.

Nous ne pouvons qu'être changeants, instables, mouvants, autant de multiples de nous-mêmes comme l'a montré Hermann Hesse dans le loup des steppes .

A quoi servirait-il alors d'attendre d'être soi-même, puisque cette unité n'est jamais qu'un référent inexistant ? Conclusion : Pascal, Les Pensées : « Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même.

Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? Et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ? Car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste.

On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités.

». »

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