Peut-on être optimiste pour l'avenir de la planète ?
Extrait du document
«
[II ne faut pas être fataliste.
La démocratie libérale est capable, si nous le voulons, de mettre en place un
programme de désarmement, de lutte contre la surpopulation et d'éducation qui sera salutaire.]
Il faut relever trois grands défis
Karl Popper, s'entretenant avec Giancarlo Bosetti, donne quelques aperçus de sa vision du monde.
Il mentionne les
principaux problèmes auxquels la démocratie doit faire face, et propose des solutions qui lui sont propres.
Les trois
points du programme politique de Popper sont le désarmement, la lutte contre la surpopulation et l'éducation.
Le futur n'est pas déterminé
Fidèle aux thèses qu'il a exposées dans Misère de l'historicisme, Popper refuse de croire que l'avenir est déterminé
par le moment présent.
Si l'histoire est un fleuve, dit Popper, on ne peut, à partir de l'observation de son cours
actuel, prédire où il passera.
Le philosophe autrichien nous rappelle donc cette simple vérité: le futur de l'humanité
est entre nos mains.
Le fatalisme est criminel
Pour Popper, le grand «piège» tendu par les communistes consistait précisément à poser comme prémisse
l'inévitable triomphe du prolétariat.
De là une dialectique selon laquelle le criminel est celui qui s'oppose au
communisme, puisqu'il résiste à quelque chose qui doit advenir.
Il ne faut jamais oublier que l'avenir est ouvert.
[Les grands programmes visant à améliorer l'état de la planète sont malheureusement irréalisables.
Ils se
heurteront toujours aux intérêts personnels, à la logique économique, au calcul à court terme.]
L'égoïsme prime la raison
Pour «sauver l'humanité», il faudrait que la démocratie libérale chère à Popper mette en place une politique
écologique digne de ce nom, puisse freiner l'explosion démographique, etc.
Mais le consensus nécessaire à cette
grande entreprise est toujours entravé par l'égoïsme foncier de l'être humain.
La tradition s'oppose à la raison
Un exemple: en Chine, on a tenté de freiner l'explosion démographique en interdisant aux familles d'avoir plus d'un
enfant.
Mais cette politique est minée par la tradition qui valorise les enfants mâles.
La loi porte donc préjudice aux
parents d'un enfant de sexe féminin.
L'homme court à sa perte
Pour le philosophe nihiliste Cioran, il est impossible d'entreprendre quelque action positive.
Cioran pense, un peu à
la manière de Rousseau, que l'homme, en quittant son état originel, s'est engagé dans une aventure suicidaire.
L'homme est «plutôt mauvais que bon».
Tout ce qu'il entreprendra collectivement est donc voué à l'échec.
Karl Popper s'oppose aux visions pessimistes que certains philosophes, comme Nietzsche, Spengler, Kraus ou, plus
près de nous, Cioran, ont répandues et dessine les grands axes de la politique qu'il faudrait appliquer pour
améliorer l'état du monde (désarmement, éducation, lutte contre la surpopulation).
Popper insiste surtout sur le
devoir qu'ont les êtres humains et, au premier chef, les intellectuels, d'être optimistes.
«Etre optimiste est un devoir
moral», rappelle-t-il.
Loin d'être naïf - il n'est pas moins lucide que les philosophes précités -, Popper ne nous dit pas
que tout ira bien.
Cependant, il rejette l'axiome suivant: «L'homme est mauvais, donc tout ira mal», et nous rappelle
que le futur, en démocratie, s'ouvre sur tous les possibles..
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