Aide en Philo

Peut-on être juste tout seul ?

Extrait du document

« Définition des termes du sujet: JUSTE : qui est conforme au droit et à l'égalité des personnes. Comment l'idée de justice peut-elle avoir un sens si elle ne se réfère pas à plusieurs personnes ? Mais l'idée de faire justice " tout seul " n'est-elle pas condamnable ? Puis-je être juste si je n'ai pas l'appui ou la force nécessaire pour faire respecter ce qui est juste ? Ou la justice peut-elle se juger au niveau des intentions : peu importe si dans les faits j'arrive à faire ce que je crois juste, du moment que l'intention y était, du moment qu'en elle-même elle était juste ? La notion de justice n'a-t-elle pas avant tout un sens social ? Être juste n'a-t-il de sens qu'en rapport avec les autres ? Ne doit-on pas être seul pour être juste, pour n'être pas soi- même impliqué dans le problème qu'on doit trancher (dans le cas du juge) ? Ou au contraire faut-il être plusieurs pour parvenir à une décision juste (par un tribunal, des jurés, qui votent pour décider de la culpabilité de l'accusé) ? Le moment où il faut juger n'est-il pas l'expérience de la plus totale solitude : je suis seul à pouvoir assumer ce que je crois être juste ? La justice doit-elle être une exigence morale propre à soi, et que l'on doit exercer par soi-même ? Ou doit-elle être soumise à l'impartialité d'êtres moins impliqués dans le jugement ? La grande conquête de l'humanité est dans cette substitution de la justice à la vengeance, du Bien au Mal.

Ainsi que l'écrit Paul Ricœur, « au court-circuit de la vengeance, la justice substitue la mise à distance des protagonistes ».

La justice suppose un conflit et un tiers pour départager les intérêts qui se heurtent.

La justice est dans cette « médiation » du tiers, réputé impartial, situé à juste distance des protagonistes et qui crée la juste distance entre les protagonistes.

Le triangle est le symbole de la justice, si trois (2 + 1) est le chiffre du procès.

La justice, « ce à quoi chacun peut légitimement prétendre (en vertu du droit) », doit tendre vers « ce qui est idéalement juste », c'est-à-dire « ce qui est conforme aux exigences de l'équité et de la raison ».

Il paraît évident qu'on ne peut être juste seul, que la justice la présence de deux individus, l'un ayant subi un dommage, un préjudice, et d'au moins un troisième individu qui puisse trancher la situation de manière équitable.

Il est dès lors difficilement concevable d'imaginer une justice qui pourrait se faire seul, sans que personne ne soit là pour en témoigner.

Etre juste seul serait un contre-sens, un non sens. 1) L'homme peut être injuste, peut fauter seul. Tel qu'il est rapporté par le livre de la Genèse, le récit de la chute et du châtiment du premier couple humain, comme les mythes des primitifs, n'a pas pour fonction principale de rapporter un fait individuel ancien, réel ou imaginé, mais bien plutôt d'exprimer une condition humaine générale.

Il le fait en incluant un trait familier aux anciens écrivains bibliques : la dépendance des générations vis-à-vis de celles qui les ont précédées.

« Dieu châtie l'iniquité des pères sur les fils jusqu'à la troisième et la quatrième génération.

» Saint Paul (Romains, V, 12-21) a fait une allusion très claire à ce texte biblique.

Plus nettement que les écrits juifs contemporains, il attribue expressément à Adam d'avoir fait entrer dans le monde non seulement la mort, mais le péché.

Bien que le premier couple de l'humanité soit seul, il est possible d'être dans le mal et l'injustice, c'est péché originel qui serait à l'origine des autres fautes de l'humanité.

Les racines du mal n'aurait pas besoin de la société pour exister, elle serait en germe dans l'homme. 2) La justice exercée seule : le privilège de Dieu ? Jésus, ne va pas cacher qu'il partage avec le dieu le commandement de tout l'univers.

Paul proclamera, en coadjuteur du Christ, qu'il a « reçu grâce et mission d'apôtre » pour conduire « toutes les nations » à la foi, donc à l'obéissance nouvelle.

Aussi la Lettre aux Romains est-elle un traité politique complet, de même que le Coran, dont la première sourate dira : « Hommage à Dieu, souverain de l'univers.

» Le césarisme céleste pourra se reconstituer entièrement.

Bourdaloue pourra s'écrier : « Quand Dieu se montrera pour la seconde fois au monde, ce sera sous le visage le plus effrayant, et la foudre à la main.

» Le jugement de Dieu sera « sans grâce et sans compassion ». « Une justice sans miséricorde ne lui convient pas tandis que nous sommes sur la terre ; mais elle lui conviendra quand le temps des vengeances sera venu.

» Alors « aux dépens des pécheurs, lui-même juge et arbitre dans sa propre cause, il entreprendra de se satisfaire ».

Ce Dieu qui exercera « sa justice toute pure à peu près comme nous l'exerçons envers nos plus déclarés ennemis » sera tel que « ce qui est en nous dureté, dans Dieu sera sainteté : ce jugement sans miséricorde que la charité nous défend et dont on nous fait un crime, c'est ce qui fera sa gloire.

De ce point de vue, Dieu est effectivement juste seul, car il n'est pas humain, qu'il ne vit pas en société.

Il est bien au contraire la source de la justice.

Un homme qui aurait intériorisé cette justice divine n'aurait pas besoin d'autres hommes pour savoir ce qui est juste et pour respecter les lois divines. 3) La justice est ce qui définit l'harmonie des rapports humains.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓