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Peut-on être juste?

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« Les pouvoirs de l'homme pour dompter la nature témoignent certainement de sa capacité à dépasser par son travail la simple nécessité.

Pourtant ces pouvoirs sont bien limités lorsque les hommes doivent faire face aux relations sociales beaucoup plus complexes entre les hommes et, doit-on le reconnaître, bien des progrès restent à accomplir dans ces domaines, et c'est notamment le cas de la justice, de notre pouvoir d'être juste en n'importe quelles circonstances envers nous-mêmes mais aussi et surtout envers autrui. D'où la question du sujet : peut-on être juste ? la question pourrait être surprenante mais elle questionne bien notre capacité à être juste, elle ne nous demande pas si on doit être juste car tout le monde plus ou moins répondrait naivement par l'affirmative, mais si on le peut.

Sommes-nous capables d'être juste envers autrui et ceci en n'importe quelle circonstance ? Pour répondre à la question, faudra-t-il préalablement nous demander ce que peut bien vouloir signifier être juste, et tout dépendra de cette réponse pour questionner par la suite nos prétendues possibilités, pouvoirs, capacités d'être juste, autrement dit nous essayerons de voir les conditions de possibilité du juste, enfin et surtout nous verrons qu'il existe des limites à notre souci d'être juste. 1 Qu'est-ce qu'être juste ? Il y a deux différentes manières de parler du juste.

En parlant des choses - Est juste ce qui est conforme à un droit, soit naturel, soit positif. Quels problèmes peut-on rencontrer selon vous à se conformer à un droit naturel, pour appliquer le juste ? Voir les conceptions du droit naturel et la critique faite d'Eric Weil dans ses Essais et Conférences que l'on peut résumer ici : ces théories de Hobbes, Spinoza, Rousseau et dont les traces se rencontrent encore chez Kant et Fichte, théories qui veulent fonder le droit naturel sur un prétendu droit de l'individu dans l'état de nature, individu isolé, atomique.

Que ces auteurs aient eu besoin d'une construction de ce type pour se libérer de l'emprise d'une loi révélée et des prétentions de ceux qui la représentaient sur terre, cela est compréhensible et justifie leur entreprise dans les limites de leurs intentions polémiques.

Le fondement qu'ils croyaient avoir découvert est néanmoins inexistant.

L 'individu n'a pas de droit et il n'y a pour lui ni justice ni injustice; dire que le droit de l'individu va aussi loin que sa puissance, c'est dire qu'il peut faire tout ce qu'il n'est pas empêché de faire, vérité indubitable et vide, comme toute proposition identique.

Droit, loi, justice sont des termes qui n'ont de sens qu'à l'intérieur d'une communauté.

Seule une communauté est juste ou injuste, seul un système de lois peut être jugé l'individu en tant que tel est un animal (à moins qu'il ne soit, pour citer encore une fois Aristote, un Dieu). - Est juste, ce qui est exact , correct, rigoureux.

Pensez aux règles de la méthode de Descartes dans son Discours de la Méthode.

Etre juste dans ce cas, c'est raisonner convenablement, selon les lois de la pensée. En parlant des hommes, dans la mesure où se terme s'oppose à charitable, - Est juste, c'est celui qui juge de ses rapports avec autrui comme il jugerait du rapport entre deux personnes étrangères et qui lorsqu'il juge entre plusieurs autres ne se laisse guider par aucune hiane , ni par aucune faveur.

Etre juste en ce sens est donc une qualité essentiellement formelle qui consiste à s'abstenir de jugement égoïstes ou partiaux - Etre juste c'est appliquer la justice : Aristote définit la justice et le juste dans l'Ethique à Nicomaque comme suit : La justice est égalité : en premier lieu, trouver le juste milieu, c'est se situer à mi-chemin, donc partager la ligne en deux parties égales.

La justice peut donc s'identifier à l'égalité arithmétique.

En second lieu, la juste mesure est aussi la bonne proportion.

Il s'agit alors non de l'égalité des valeurs absolues, mais d'une égalité des rapports, égalité proportionnelle ou encore égalité géométrique. - la justice signifie obéissance aux lois.

Or les lois imposent le respect de toutes les vertus.

Donc la justice commande toutes les autres vertus.

Pourquoi y a-t-il deux termes distincts, vertu et justice ? Elle est vertu en tant que disposition acquise : on devient vertueux par l'exercice de la vertu ; on devient juste par l'exercice de la justice.

Il s'agit d'abord de définir les règles de la répartitions de la richesse collective entre tous les membres de la cité.

C'est le problème de la justice distributive.

Ici, chacun doit recevoir en proportion de ses mérites.

Le rapport entre les biens distribués doit refléter le rapport entre les personnes.

Cependant la répartition selon les mérites pose la question de la définition du mérite car « tous ne désignent pas le même mérite, les démocrates le faisant résider dans une condition libre, les partisans de l'oligarchie soit dans la richesse soit dans la noblesse de race, les défenseurs de l'aristocratie dans la vertu. Dans la justice corrective, c'est-à-dire celle qui vise à réparer les torts, c'est au contraire l'égalité arithmétique stricte qui s'applique.

En effet la loi n'envisage que la nature de la faute sans égards pour les personnes qu'elle met sur un pied d'égalité.

C'est la justice qui remet droit ce qui était courbe, la justice « redresseuse de torts ».

Elle a pour but le rétablissement de l'égalité.

L'étymologie le dit : « un juge est celui qui partage en deux ».La justice commutative définit les lois de l'échange et règle les contrats.

Ce qui règne ici, c'est la réciprocité.Cette réciprocité est la base de la cohésion sociale, elle est ce qui fait subsister la cité et repose sur un échange proportionnnel.. »

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