Peut-on être cruel envers soi ?
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Peut-on être cruel envers soi ?
Analyse du sujet :
Du point de vue conceptuel :
Cruel/Cruauté : La cruauté c'est la volonté perverse de faire souffrir.
Être cruel c'est donc vouloir
jouir de la souffrance de l'autre.
La cruauté implique donc deux agents, traditionnellement le soi et
l'autre.
Soi : Le soi est une notion difficile à définir parce qu'elle nous implique chacun tous de manière
singulièrement différente.
« Je » suis moi et « tu » es toi : sitôt que le soi change de sujet, il change
de nature et de « personne ».
Sans trahir cette notion nous pouvons cependant dire que « soi » est
la présence du « je » à lui-même.
Il est le je en tant qu'il a le sentiment de lui-même pour lui-même,
en tant qu'il se représente ce qu'il est en lui-même.
Du point de vue formel :
« Peut-on » : Ce type de sujet implique l'interrogation de la possibilité, pas de la nécessité.
On
pourrait donc comprendre ce sujet ainsi : Est-il possible d'être cruel envers soi-même ? Cette
question il faudra la poser en deux sens : possibilité technique (Est-ce matériellement, concrètement
possible ?) et possibilité morale (Est-ce moralement tolérable ?).
Problématisation :
Nous nous interrogeons sur le soi et la possibilité d'une cruauté de lui pour lui.
Peut-on être cruel
envers soi-même ? Ne semble-t-il pas en première analyse que ce sujet soit tout à fait saugrenu ?
En effet, comment pourrait-on être soi et en même temps vouloir jouir, se délecter, de sa propre
souffrance ? Ne serions nous pas alors déchirés entre ce désir pervers et la volonté naturelle de ne
pas vouloir souffrir soi-même ? Cette situation semble plus qu'incongrue.
Pour autant, n'avons-nous pas bien souvent l'impression que certains se font inconsciemment
souffrir, et que bien que cette souffrance les minent réellement ils s'y « installent » littéralement ?
(Que l'on pense aux alcooliques, aux toxicomanes, ou aux adolescents qui s'auto-mutilent par des
scarifications, ou se sombrent dans l'anorexie).
Ne serait-ce alors que l'on peut effectivement être
cruel envers soi ?
Mais alors comment comprendre que ces pulsions violentes se tournent vers soi-même ? Ne faudraitil pas que dans ces moments, le soi soit en quelque façon étranger à lui-même pour pouvoir jouir
ainsi d'une souffrance qui sans cela lui apparaîtrait comme insoutenable ? Comment alors comprendre
ce phénomène de dédoublement où le soi devient un non-soi hostile au soi lui-même ? Qu'est ce qui
pousse le soi à retourner sa colère contre lui-même, à devenir, pour lui même, un objet de cruauté ?
Proposition de plan :
1.
En première analyse, la cruauté envers soi semble impossible puisqu'elle plongerait le soi
en contradiction avec sa nature : l'estime de soi.
a) Le soi est l'apanage de la personne humaine.
Le soi implique la conscience de soi alors que
l'estime de soi (l'amour de soi chez Rousseau) implique la conscience morale.
La conscience d'être
soi, membre de l'espèce humaine, l'acceptation des responsabilités qui la caractérise : être libre de
se déterminer implique d'assumer les responsabilités qui accompagnent cette liberté, contre la liberté
de la volonté, contre le « je fais ce que je veux » vecteur de conflit et de violence, contre ses
semblables puisqu'il n'admet pas la considération d'autrui dans ses calculs autrement que sous la
forme de l'objet.
b) Avoir de la cruauté envers soi, ce serait donc contrevenir à la nature morale de l'humanité, se
prendre soi-même comme objet, se considérer en si peu d'estime que l'on se tiendrait soi pour un.
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