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Peut-on dire que les morts gouvernent les vivants ?

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« Cette question n'est pas sans faire penser à certaines formules d'Auguste Comte qui disait que le monde était plus peuplé de morts que de vivants.

Cette formule qui guide votre sujet peut paraître étrange.

En effet, prêter aux morts une capacité de gouverner revient à leur accorder un pouvoir que leur état semble incapable de leur donner. Néanmoins, il faut s'attarder un peu sur le sens qu'on peut accorder à cette phrase.

Dire que les morts gouvernent les vivants, c'est noter que le passé, ce qui n'est plus, détermine fortement, en histoire le présent et les orientations vers l'avenir.

Tout d'abord parce que certains morts peuvent servir de modèle.

Pensez à la manière dont on envisage parfois le présent au regard d'événements passés.

Il faudra ainsi vous interroger ici sur le poids de l'histoire.

Vous pouvez penser à l'importance que peut avoir aussi le devoir de mémoire.

Par exemple, lorsqu'on va faire des procès, de nombreuses années plus tard, de crimes contre l'humanité afin de faire parler le droit, on considère aussi qu'il s'agit alors de ne pas oublier les morts.

On entend dire parfois qu'il est trop tard pour réveiller de vieux conflits, mais la force du droit réside alors dans la capacité à ne pas faire mourir les morts une deuxième fois.

C'est sans doute aussi pourquoi après l'holocauste a pu se poser la question de l'impardonnable et ceci parce qu'on ne peut pas pardonner à la place d'un autre.

Notez également que l'histoire présente n'est aussi que le résultat de l'histoire passée.

Il vous faudra alors préciser quel sens accorder au verbe gouverner ici.

Ce verbe signifie avant tout diriger.

Se pose alors le problème suivant : si les morts gouvernent les vivants, faut-il remettre en cause la possibilité de se gouverner soi-même ? Vous pouvez alors montrer en quoi la liberté suppose aussi la reprise de son passé. [La civilisation dans laquelle nous vivons est un héritage des générations antérieures.

C'est donc des morts que nous tenons nos lois et nos traditions.

Au niveau individuel aussi, les ancêtres influencent leurs descendants.] L'Humanité est un tout organique Auguste Comte, en employant la formule «Les morts gouvernent les vivants», souligne le caractère organique de l'Humanité.

Notre présent, ce sont les milliards d'hommes qui ont vécu avant nous et qui ont contribué à le bâtir.

Les grandes réalisations scientifiques, philosophiques, littéraires, artistiques du passé continuent de nous former. L'homme fait partie de l'histoire et l'individu d'aujourd'hui a une dette envers ses prédécesseurs qui lui ont permis d'être ce qu'il est.

Son héritage est grand, c'est tout le trésor de l'oeuvre commune qui le précède. "Ce n'est pas seulement aujourd'hui que chaque homme, en s'efforçant d'apprécier ce qu'il doit aux autres, reconnaît une participation beaucoup plus grande chez l'ensemble de ses prédécesseurs que chez celui de ses contemporains.

Une telle supériorité se manifeste, à de moindres degrés, aux époques les plus lointaines ; comme l'indique le culte touchant qu'on y rendit toujours aux morts (...).

Ainsi, la vraie sociabilité consiste davantage dans la continuité successive que dans la solidarité actuelle.

Les vivants sont toujours, et de plus en plus, gouvernés nécessairement par les morts : telle est la loi fondamentale de l'ordre humain." AUGUSTE COMTE. Nos lois viennent du passé Les hommes politiques du passé continuent d'avoir une influence sur nos vies.

Ainsi, un parti comme le Rassemblement pour la République se réclame toujours des principes et idéaux de de Gaulle.

De même nos lois sont-elles l'héritage des générations qui nous ont précédés.

Nous vivons encore sous le système républicain instauré pour la première fois en France en 1792; il n'y aurait pas de Droits de l'homme s'ils n'avaient pas été décrétés par les orateurs de la Révolution française. L'homme est lié aux siens dans la double dimension du temps et de l'espace et ce qu'il doit à ses aînés est plus important que ce qu'il tient de ses contemporains. La « sociabilité » qui caractérise sa dimension humaine ne se réduit pas au seul sentiment qui pousse les hommes à s'entraider en un moment donné (« la solidarité actuelle »).

La « vraie sociabilité » concerne la reconnaissance de tous les efforts de ceux, plus nombreux, qui nous ont précédés dans la réalisation du monde actuel. Nos ancêtres déterminent nos vies A un niveau individuel, les morts gouvernent aussi les vivants.

Nos parents suivent les traditions de leurs parents et nous les transmettent à leur tour.

Il y a ainsi des dynasties de médecins, des familles où l'on est ébéniste de père en fils.

Nous héritons aussi des traits de caractère de nos ascendants.

Ce «roman familial» influence nos choix professionnels, notre personnalité, notre destinée, parfois à notre insu. Si l'individu doit tout à ses contemporains, à ses concitoyens, la société actuelle doit tout, à son tour, aux générations qui l'ont précédée.

En termes de connaissances, de découvertes technologiques, d'héritage. »

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