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Peut-on dire d'un individu qu'il est plus naturel qu'un autre ?

Extrait du document

« AIDE DE L'ELEVE: Vous pouvez simplement partir de l'usage courant que nous faisons du terme naturel lorsque nous qualifions un comportement, une attitude ou une réaction de naturel.

Analysez donc des situations précises afin de parvenir à déterminer le sens que nous accordons à ce mot.

Quand nous disons d'une personne qu'elle a un comportement naturel nous signifions qu'il n'est pas emprunté, qu'il se comporte de manière simple et spontanée, qu'il n'est pas artificiel.

Inversement, celui que nous qualifions d'artificiel est celui qui joue un personnage, qui est pris dans le jeu social, qui calcule ses attitudes.

La réponse à la question du sujet semble alors venir d'elle-même. Non seulement nous le disons mais en plus il semble légitime de le dire.

Certains individus nous paraissent, en effet, plus artificiels que d'autres, plus impliqués dans le jeu social.

C'est donc au nom d'une opposition entre naturel et artificiel que vous pouvez montrer qu'on peut dire d'un individu qu'il est plus naturel qu'un autre.

Vous pouvez, par exemple, vous reporter aux analyses de Rousseau au début de la seconde partie du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes.

Vous trouverez l'intégralité de ce texte sous la rubrique « Textes » du site.

Rousseau montre comment la naissance de la société civile conduit à des comportements artificiels, à une perte du naturel.

Dès lors, une fois que vous avez développé cela, il faut vous demander si cette distinction entre le naturel et l'artificiel est vraiment fondée.

En effet, celui qui nous semble naturel n'est-il pas aussi, comme chacun d'entre nous, un produit de la société dans laquelle il vit ? Lorsque Rousseau nous montre que la société civile fait passer de l'être au paraître, il nous montre bien en quoi, en vivant en société, on ne peut échapper à cela.

Dès lors, on peut se demander si tout comportement n'est pas finalement artificiel, produit d'une culture, d'une société.

Il faudrait alors montrer en quoi la notion de naturel est fictive, en quoi elle est peut-être une construction.

Celui qui nous semblerait naturel ne ferait qu'appliquer des codes, des pratiques, des règles qui ne nous heurtent pas et que nous nommons alors naturels.

Pensez simplement à l'usage que nous faisons de ce terme naturel.

Par exemple, si une personne vous rend un service et que vous la remerciez, elle vous dira « c'est naturel ».

Par naturel on entend alors ici l'application d'une certaine norme, d'une certaine règle sociale.

C'est naturel revient à dire c'est normal. Mais ces normes, ces règles sont bien le produit d'une culture, d'une éducation.

Dans ces conditions, peut-on encore les nommer naturelles ? Dire d'un individu qu'il est plus naturel qu'un autre, n'est-ce pas toujours relatif aux normes qui sont les nôtres ? [La société nous impose de jouer un rôle.

On peut donc dire d'un individu qui ne joue pas de rôle, qui est spontané, qui se montre tel qu'il est, qu'il est plus naturel qu'un individu corrompu par la société.] L'homme sauvage est naturel Pour Rousseau, la société oblige les individus à agir par calcul et à porter un masque, ce qui les éloigne de leur innocence naturelle primitive.

L'homme naturel est donc celui qui se montre naïf, spontané, proche de la nature, tel qu'en lui-même, au contraire de l'homme civilisé, qui est corrompu par la société, l'ambition, le goût de la possession et du pouvoir. L'homme en société n'est pas tel qu'il serait naturellement.

Presque méconnaissable, comme la statue du dieu Glaucus qui, recouverte de scories, ressemblait à celle d'une bête féroce, il n'est plus attaché à l'état de nature que par un fonds presque totalement dépravé, mais non pas détruit.

C'est en ce fonds qu'il convient de chercher la nature originelle de l'homme. Les philosophes qui se sont attachés à décrire l'homme dans l'état de nature l'ont supposé pourvu des mêmes facultés (intelligence) et passions (haine, envie...) que dans l'état social.

Rousseau s'efforce de découvrir ce qu'était l'homme avant la société, c'est-à-dire « démêler ce qu'il y a d'originaire et d'artificiel dans la nature actuelle de l'homme » (second Discours). L'état de nature est donc un état hypothétique de l'homme, en lequel il vivrait conformément à sa nature première et authentique, dépeint par l'imagination à partir des sentiments humains les plus profonds et les plus affaiblis.

C'est un état « qui n'existe plus, qui n'a peut-être point existé, qui probablement n'existera jamais » (id.). L'homme de l'état de nature ne fait pas encore usage de raison ; deux sentiments fondamentaux communs à tous les animaux dirigent ses actions.

Le premier lui commande de veiller à sa propre conservation : c'est l'amour de soi ; le second est la répugnance naturelle à voir un autre être sensible souffrir : c'est la pitié, qui modère ainsi naturellementt les actes que l'amour de soi dirigerait contre autrui ; elle est le fondement d'un. »

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