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Peut-on connaître le passé ?

Extrait du document

« Comme tous les sujets sur le passé, il évoque à la fois une dimension mémorielle et personnelle et une dimension historique, archéologique.

La seule réalité humaine est le présent, notre conscience n'est qu'l'enchaînement d'instants qui se succèdent, le passé est définitivement perdu et terminé, on ne peut revenir dessus, le modifier, se l'approprier et par conséquent le connaître.

Nous ne pouvons connaître le passé que dans notre présent, nous ne pouvons que le connaître qu'imparfaitement, mais jamais totalement.

A ussi, il semble qu'on ne peut connaître le passé que lorsqu'on l'a vécu nous-mêmes, mais les risques d'oubli, d'amnésie, d'erreurs ne sont pas à exclure, la mémoire peut nous jouer des tours.

Dans quelles mesures cette dimension du temps nous estelle connaissable ? 1) Le présent comme notre seule réalité ? Le temps passe, s'écoule, il n'a d'autre réalité que ce devenir incessant où le présent s'épuise.

L'expérience humaine est bornée de néant : « Comment donc ces deux temps, le passé et l'avenir, sont-ils puisque le passé n'est plus et que l'avenir n'est pas encore ? Quant au présent, s'il était toujours présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l'éternité » (saint A ugustin, Confessions, XI, 14).

A insi comprise, la temporalité est la dimension de notre finitude.

Nous n'échappons ni au temps, ni à l'histoire.

La durée des modernes est la conscience originaire de cette limite.

Ainsi réduite, la temporalité renvoie nécessairement à la notion d'un temps linéaire, irréversible, uniforme, historique, profane ; la durée ne peut correspondre alors qu'aux aspects les plus pauvres de la conscience.

La conscience du temps constitue une donnée première à partir de laquelle l'être humain se pense dans une finitude absolue.

Que ce soit la durée-mesure ou la durée-vécue, nous sommes toujours prisonniers de l'intuition temporelle du « flux », menacés, en sursis, à l'intérieur du temps.

Nous sommes bordés par deux néants : le néant de la naissance et le néant de la mort.

Pour la pensée de la temporalité comme flux, la durée signifie l'écartèlement de la conscience entre la certitude implacable de la mort et le désir à jamais inassouvi d'éternité.

C 'est le postulat du temps-flux que Merleau-Ponty critique : « Le passage du présent à un autre présent, je ne le pense pas, je n'en suis pas le spectateur, je l'effectue [...], je suis moi-même le temps, un temps qui « demeure » et ne « s'écoule » ni ne « change » ( Phénoménologie de la perception).

L'expérience humaine du temps ne saurait se réduire au flux, qui fonde aussi bien la durée éclatée de la physique galiléenne que la durée-tension de l'intuition bergsonienne.

La durée n'est que par son ouverture à l'éternité au cœur de l'instant.

Par-delà le flux temporel, Husserl nomme cette ouverture « automanifestation » - ce que Merleau-Ponty commente ainsi : « Il est essentiel au temps de n'être pas seulement temps effectif qui s'écoule, mais encore temps qui se sait [...], archétype du rapport de soi à soi ».

A ussi, dans ces perspectives, il semble difficile de connaître le passa puisque notre réalité n'est constitué que de la durée présente qui occupe notre esprit.

Mais cette vision du passé semble réductrice comme si l'homme n'avait aucune mémoire. Certes, se rappeler des souvenirs à tel moment, c'est encore faire travailler sa mémoire au moment présent, mais dans ce cadre une véritable connaissance de notre passé est possible. 2) La dimension historique : reconstituer ce qui reste du passé. Il reste du passé ce que l'homme a bien voulu conserver, ou du moins ce qui est passé au travers de la destruction.

A ussi, il peut rester du passé, ce qui par chance est passé au travers de l'usure du temps, ou ce que l'homme a sciemment protégé.

A ussi, l'idée même de conservation est récente et date seulement de la fin du 18 e siècle et de la fin du 19 e siècle.

Les destructions de la Révolution française y sont pour beaucoup.

A utant dire que les choses anciennes sont rares et ont de ce fait une grande valeur et une grande capacité à susciter l'intérêt des foules.

C e qui reste du passé sont souvent conservées dans des musées ou des institutions qui les préservent des changements et des aléas de l'histoire.

Les bâtiments anciens, les monuments sont l'objet de restauration, de protection à l'inventaire des monuments historiques, les villes et les quartiers anciens sont parfois entièrement protégés.

De même, des sites naturels témoins du passé de la Terre.

De ce fait, la plupart des objets que nous utilisons, ou plutôt que nous consommons sont voués à la destruction et d'autant plus à notre époque vouée au culte de la nouveauté et du progrès, pour qui tout ce qui est « dépassé » mérite d'être jeté et détruit.

Le recyclage lui-même empêche quelque permanence du passé que ce soit.

Ce qui fait penser que l'homme vit toujours au présent, et ne se projette jamais dans l'avenir, et plus précisément, il ne se demande jamais ce qui dans l'avenir persistera de son époque, ce qu'il pourra léguer aux générations à venir en terme de patrimoine et forcément en terme de valeur.

L'archéologie, en ce sens, tente de retrouver les strates du passé par delà l'effondrement des civilisations et la destruction.

Aussi, on ne peut connaître le passé qu'à travers ce qui a résisté au temps : les écrits, manuscrits, dessins, illustrations, peintures, objets, bâtiments, ruines, restes archéologiques qu'in faut faire revivre grâce aux sciences historiques. 3) L'histoire connaît-elle le passé ? Je définis volontiers l'histoire, écrivait Lucien Febvre en 1947 à propos d'un ouvrage de violente polémique, un besoin de l'humanité, le besoin qu'éprouve chaque groupe humain, à chaque moment de son évolution, de chercher et de mettre en valeur dans le passé les faits, les événements, les tendances qui préparent le temps présent, qui permettent de la comprendre et qui aident à le vivre.

» A ussi, notre connaissance du passé permet d'éclairer notre présent et de le modifier en conséquence.

Il s'agit de savoir si l'histoire peut être considérer comme suffisamment scientifique pour nous donner une connaissance exacte du passé.

Aussi, ce sont les méthodes même des historiens qui peuvent nous permette de connaître ou non correctement le passé.

Aussi, on ne peut accorder à l'histoire le statut de science exacte, de ce fait notre connaissance du passé ne serait jamais exact, et sera toujours sujet à révision, affinement suivant les découvertes historiographiques et méthodologiques des historiens.

Selon le philosophe allemand Dilthey, si les sciences historiques sont compréhensives, ou interprétatives, comment concevoir, pour leurs énoncés, une validité possible ? Si l'histoire n'est pas enregistrement de faits, ne se voue-t-elle pas à un pur relativisme ? Question d'autant plus légitime qu'à l'époque même de Dilthey s'exprimait l'affirmation nietzschéenne selon laquelle « il n'y a pas de faits, seulement des interprétations » : Nietzsche, prenant lui aussi le contre-pied de l'idéal issu de C omte, réduisait l'histoire à une collection d'opinions sur des opinions, comme si la critique du positivisme devait inévitablement conduire au subjectivisme.

En réalité, Dilthey ne réduit nullement l'histoire à la compréhension.

Les objets de l'historien, situés dans l'espace et le temps, font eux aussi partie de la nature et se trouvent soumis à ses lois, à commencer par le principe de causalité.

Toutefois, les phénomènes historiques, tout en partageant la soumission de la nature au déterminisme, sont aussi des phénomènes signifiants ; comme tels, ils évoquent l'idée d'une causalité intentionnelle, celle des acteurs sociaux dont il faudrait, pour cerner cette dimension du sens, reconstituer les choix, sédimentés dans l'historicité.

Ce pourquoi, en tant que la réalité historique, effet de causes antécédentes, présente aussi des « effets de sens », la démarche devra articuler explication et compréhension : une approche compréhensive doit venir compléter l'investigation causale dès lors que l'objet ne relève pas seulement de la nature, mais s'inscrit dans ce que Dilthey désigna comme « monde de l'esprit ». Aussi, l'histoire même si elle possède un statut différent de sciences de la nature, peut prétendre à une certaine scientificité, certes différente des sciences de la nature mais réelle. Conclusion. On ne peut connaître intégralement le passé que cela soit d'un point de vue personnel et mémoriel que d'un point de vue historique et archéologique.

La dimension de notre vie et de l'humanité reste le présent.

Le passé ne peut être que reconstituer à partir d'éléments que notre mémoire a conservés ou à partir de traces, de restes du passé.

L'histoire et l'archéologie sont les sciences humaines qui sont capables de nous donner une connaissance du passé, bien qu'imparfaite, et sujettes à amélioration ces sciences sont les seuls moyens de nous donner une connaissance à peu près fiable du passé, au-delà des traditions orales ou des coutumes.

Aussi, l'histoire elle-même obéit à certaines lois, constances, le tout basé sur des documents et des témoignages incontestables, des recoupements permet d'avoir une connaissance fiable et non sujette à révision, contrairement à ce qu'essaient de faire croire les révisionnistes avec l'holocauste.. »

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