Aide en Philo

Penser, est-ce calculer ?

Extrait du document

« Définition des termes du sujet: PENSÉE: Faculté de connaître, de comprendre, de juger, de raisonner, qui est censée caractériser l'homme, par opposition à l'animal.

Synonyme d'entendement, de raison. PENSER: Exercer une activité proprement intellectuelle ou rationnelle; juger; exercer son esprit sur la matière de la connaissance; unir des représentations dans une conscience. Pense-t-on toujours en vue de fins ? Toute pensée est-elle calculatrice ? Cela semble impossible : on ne peut prendre en compte, en dehors des sciences, tous les facteurs déterminants, même par le calcul des probabilités.

Il y en a toujours qui nous échappent, d'où le hasard.

Si la pensée est un calcul, elle permet de donner un fond identique et partageable (idéologie qui permet d'inculquer à une personne ses idées et sa manière de penser, ce qui l'inscrit dans l'universalité).

Le langage, instrument de la pensée, n'est-il pas dans une certaine mesure formel, basé sur la logique mathématique ? Par contre, il ne permet pas à l'individu de s'éloigner de la logique et de penser par luimême.

Quelle liberté le calcul nous laisse-t-il ? On parle souvent de liberté de pensée.

En effet, la pensée va et vient, au gré de nos réflexions et elle n'est pas cloisonnée par une idéologie quelconque.

Au contraire, le calcul suit un chemin déjà emprunté par d'autres et ne fait qu'aller tout droit sans prendre de détours.

L'opposition entre ces deux termes viendrait de là : penser est un acte libre alors que calculer suit des règles strictes, malgré leur base commune qu'est la réflexion.

N'y a-t-il pas une beauté des pensées chaotiques, de la poésie ? La pensée ne peut et ne doit pas être seulement un calcul. Les ordinateurs nourrissent l'imagination des écrivains et des lecteurs de science fiction : bientôt, nous assure-t-on, des créatures artificielles, capables de penser, égaleront, voire supplanteront l'espèce humaine.

Or, les ordinateurs fonctionnent exactement comme les machines à calculer : est-ce à dire que penser et calculer ne sont qu'une seule et même chose? Pourtant, intuitivement, le calcul semble distinct de la pensée : il ne semble pas pouvoir rendre compte de toutes les activités que nous appelons « pensée ».

Au mieux, le calcul n'est donc qu'une espèce particulière de la pensée.

Néanmoins, nos intuitions peuvent être trompeuses.

Répondre à la question «penser, estce calculer? » suppose donc que l'on examine de près les notions de calcul et de pensée.

Dans cette perspective, si le calcul semble d'abord permettre de comprendre de manière éclairante la nature de la pensée, celle-ci paraît irréductible au calcul.

Néanmoins, le calcul est peut-être lui-même une spécificité de l'espèce humaine. Qu'est-ce que calculer? En quoi consiste l'opération « deux plus trois égalent cinq » ou « deux fois trois égalent six »? Remarquons tout d'abord que les hommes sont en mesure de calculer des opérations entièrement nouvelles : on ne comprend ce phénomène que si l'on suppose que les hommes calculent en appliquant les mêmes règles à différents nombres.

Calculer, c'est donc appliquer des règles identiques dans des cas différents.

De plus, le calcul ne semble pas être le privilège de l'espèce humaine, puisque de simples machines, construites par l'homme, sont en mesure de réaliser ces opérations, comme le font les ordinateurs et les calculatrices.

Dès lors, ces règles doivent être formulées de telle sorte que des machines artificielles soient en mesure de les appliquer.

Autrement dit, elles ne doivent supposer aucune compréhension : si les ordinateurs peuvent calculer et si le calcul consiste à appliquer des règles, il n'y a rien à comprendre dans les règles définissant le calcul.

En effet, les ordinateurs sont des machines effectuant des opérations les plus simples d'une manière purement mécanique : fondamentalement, les opérations effectuées par les ordinateurs peuvent être décrites en termes purement physiques d'impulsions électriques. Quelle peut donc être la nature de ces règles? Ces règles doivent être définies formellement : puisqu'elles doivent pouvoir être appliquées mécaniquement, elles reposent purement sur lés caractères physiques des nombres sur lesquels elles portent.

Par exemple, le nombre « trois » peut être décrit, en langage binaire, tomme une succession de deux unités.

En outre, elles doivent être récursives : les opérations complexes doivent pouvoir être décrites comme la répétition d'une opération simple mécanique, ce qui définit proprement la récursivité.

Calculer, c'est donc appliquer des règles mécaniques, définies à partir des caractères formels des nombres sur lesquels elles portent, et récursives: autrement dit, c'est appliquer un algorithme. En effet, un algorithme, c'est une procédure mécanique et répétitive permettant de réaliser une opération. Pourquoi la pensée serait-elle identique au calcul, si le calcul est ainsi défini? Cette thèse remonte, sous forme de slogan, à Hobbes et à Leibniz, mais elle fut rendue plus pertinente par les progrès de la logique mathématique au XXe siècle.

Raisonner, c'est déduire des propositions vraies d'autres propositions selon des règles spécifiques.

Or, la logique montre que les règles gouvernant les raisonnements peuvent être décrites de manière purement formelle, sans faire référence au contenu des énoncés sur lesquels portent les raisonnements.

Par conséquent, les déductions sont analogues aux propriétés des calculs que nous avons exposées : en ce sens, comme le font les sciences cognitives, héritières des thèses du logicien Turing sur la nature du raisonnement et de la pensée, le raisonnement doit être compris comme une espèce de calcul. Mais, n'est-ce pas une position réductrice, qui assimile pensée et raisonnement? La thèse de Türing, à la suite de Hobbes et Leibniz, repose essentiellement sur l'assimilation non questionnée de la pensée et du raisonnement, ainsi que sur l'analyse du raisonnement en termes de déduction formelle.

Or, la pensée est plus vaste que le raisonnement. En effet, la pensée implique bien des activités intellectuelles qui ne sont pas réductibles au raisonnement.

Aristote, dans les Seconds Analytiques, distingue deux types de pensée tendant à la connaissance du vrai, la pensée. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles