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Pascal: Le moi est insaisissable

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« L'imagination est la plus grande puissance d'erreur qui se puisse trouver en l'homme, et dont il ne peut se défaire.

Si elle était toujours fausse, il suffirait d'en prendre le contre-pied pour trouver la vérité, mais nous ne savons jamais si ce qu'elle nous représente est réel ou irréel.

N'étant pas la règle infaillible du mensonge, elle ne peut l'être de la vérité.

Elle représente le vrai et le faux avec la même indifférence. Sa puissance de persuasion est infinie, même auprès des hommes les plus sages et les plus raisonnables.

Elle emporte l'assentiment par surprise et sans difficulté.

Les plus beaux discours de la rhétorique ne sont pas ceux qui parlent à notre raison mais à notre coeur.

La raison calcule, soupèse, compare, mesure, établit des rapports, mais elle est incapable de "mettre le prix aux choses".

C'est l'imagination qui nous fait estimer, blâmer, aimer ou détester, et non pas la raison dont elle se joue sans efforts.

L'imagination a produit en l'homme une seconde nature : "Elle remplit ses hôtes d'une satisfaction bien autrement pleine et entière que la raison."Le moi est quelque chose d'insaisissable si on ne le définit pas par ses qualités.

Ma personne n'est qu'une personne parmi beaucoup d'autres, noyée et perdue dans la masse.

Je n'existe pour personne en particulier et ma propre personne est indifférente aux autres en général.

Ceux-ci ne sont pas là pour moi, et je ne suis pas là pour les autres. Rien ne peut distinguer ma propre personne des autres personnes si ce n'est mes qualités qui définissent ma singularité.

Mais que sont ces qualités sinon des apparences provisoires et périssables ? Peut-on aimer quelqu'un pour sa beauté ? "Non, car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus." On ne peut aimer la rose pour sa beauté, car la beauté flétrit et fane un jour, et on ne l'aime plus.

Si l'on me considère pour mes qualités, puis-je me définir par elles ? Non plus, car on peut aimer mon jugement et ma mémoire, mais l'on ne m'aime pas moi.

Car je pourrais perdre ces qualités sans me perdre moi-même.

Le moi n'est donc ni dans l'âme, ni dans le corps, et on ne peut aimer l'âme ou le corps que pour ses qualités qui ne sont pas substantielles.

Peut-on aimer la substance d'une âme, abstraction faite de toutes ses qualités ? C'est chose impossible et injuste.

"On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités." PASCAL (Blaise).

Né à Clermont-Ferrand en 1623, mort à Paris en 1662. Enfant précoce, il écrivit à onze ans un traité des sons, et retrouva tout seul, à douze ans, la trente-deuxième proposition du premier livre d'Euclide.

A dix-neuf ans, il inventa une machine arithmétique.

En 1646, il entre en relations avec Port-Royal et fait sa première expérience sur le vide.

A partir de 1652, commence ce que l'on a appelé la « vie mondaine » de Pascal.

Ami du duc de Roannez, il fréquente les salons et les femmes, s'adonne au jeu, mais poursuit cependant la réalisation de ses travaux mathématiques : il se révèle le promoteur de l'analyse infinitésimale et du calcul des probabilités.

Insatisfait de la vie qu'il mène, las du monde, le cœur vide, il éprouve la nostalgie de Dieu.

Pascal a une illumination dans la nuit du 23 novembre 1654, et trace quelques lignes sur un morceau de papier, qu'il conservera cousu à l'intérieur de son vêtement.

Il se retire à Port-Royal-des-Champs, et participe avec ardeur à la polémique qui oppose les Jansénistes et les Jésuites, prenant la défense de Port-Royal (1656-1657).

La guérison de sa nièce, à la suite de l'attouchement d'une épine de la couronne de Jésus, le rend encore plus convaincu dans sa foi chrétienne.

Il abandonne ses recherches de mathématiques et de géométrie, et vit désormais dans l'humilité et la souffrance.

Il imagine la création de carrosses à cinq sols pour le déplacement des pauvres, voitures qui sont à l'origine des transports publics en commun.

Il meurt le 17 août 1662.

— Bien entendu, il n'y a pas de système philosophique de Pascal, que Bayle a appelé « un individu paradoxe de l'espèce humaine ».

Malade et las, Pascal a cherché en souffrant.

Il s'est approché de l'univers invisible, à tâtons.

Dieu est pour lui « la dernière fin, comme lui seul est le vrai principe ».

Polémiste, géomètre, physicien, Pascal est l'un des plus grands écrivains français.

Sa distinction entre l'esprit de géométrie et l'esprit de finesse est célèbre.

L'esprit de géométrie, c'est celui qui procède par définitions et déductions rigoureusement logiques et qui s'étend jusqu'aux plus extrêmes conséquences.

L'esprit de finesse, c'est la « souplesse de pensée » qui permet, face à la complexité des choses, l'adaptation aux circonstances concrètes.

— Rappelons ici l'argument du pari, dans le problème de l'existence de Dieu.

Ou bien Dieu est, ou bien il n'est pas.

Or, « il faut parier, cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué.

Lequel prendrez-vous donc?...

Votre raison n'est pas plus blessée en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir.

Voilà un point vidé ; mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien.

Gagez donc qu'il est, sans hésiter...

Tout joueur hasarde avec certitude pour gagner avec incertitude : et néanmoins il hasarde certainement le fini pour gagner incertainement le fini, sans pécher contre la raison...

Et ainsi, notre proposition est dans une force infinie, quand il y a le fini à hasarder à un jeu où il n'y a pareils hasards de gain que de perte, et l'infini à gagner ».

— La grandeur de Pascal est dans ce combat qu'il a mené, où il a engagé toutes les contradictions de son être, dans cette quête gémissante de la vérité.

Elle est aussi dans cette sourde inquiétude qu'il a fait naître dans le cœur des hommes, même dans le cœur de ses adversaires les plus obstinés.

Comme l'a dit un philosophe contemporain, « Pascal a vécu intensément le combat du chrétien, la lutte avec l'ange de la foi, où la seule victoire est de se reconnaître vaincu.

» Œuvres principales : Essai pour les coniques (1640), Expériences nouvelles touchant le vide (1647), Récits de la grande expérience de l'équilibre des liqueurs (1648), Fragment d'un traité du vide (1651, publié en 1663), Discours sur les passions de l'amour (1652), Traités de l'équilibre des liqueurs et de la pesanteur de la masse de l'air (1654, publié en 1663), Lettres de Pascal à Fermât sur la règle des partis (1654), Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies (1654, publié en 1666), Entretien avec M.

de Saci sur Epictète et Montaigne (1655, publié en 1728), Comparaison des chrétiens des premiers temps avec ceux d'aujourd'hui (1655, publié en 1779), Les Provinciales (janvier 1656-mars 1657), Trois lettres circulaires relatives à la cycloïde (1658), Lettres à Mademoiselle de Roannez (1658), Histoire de la roulette (1658-1659), Fragments sur l'esprit géométrique et sur l'art de persuader (1659, publié en 1728), Pensées de M.

Pascal sur la religion et sur quelques autres sujets qui ont été trouvées après sa mort parmi ses papiers (1669).. »

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