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Pascal et le pascalisme

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Pascal est plus que Descartes, un savant authentique et génial. Même s'il n'a pas tout à fait réinventé la géométrie d'Euclide à 12 ans, il a dès l'âge de 16 ans écrit son Essai sur les coniques dont le P. Mersenne disait qu'il « passait sur le ventre à tous ceux qui avaient traité du sujet ». Pour aider son père fonctionnaire des Finances à Rouen, il invente une machine arithmétique qui fait de lui, dit M. Chevalier « l'initiateur de la cybernétique ». Dans sa correspondance avec Fermat sur la « règle des partis », il fonde le calcul des probabilités, la « géométrie du hasard ». Son Traité du triangle arithmétique, ses écrits sur le vide, l'équilibre des liqueurs et la pesanteur de l'air, comptent parmi les chefs-d'œuvre de l'esprit scientifique moderne. Véritable savant, Pascal, dit abruptement M. Bréhier, « n'est pas un philosophe ». Et il est bien vrai que Pascal n'a pas comme Malebranche ou Leibniz construit un système. Dans les grands systèmes philosophiques il ne voit que « libido sciendi », orgueil de la raison. Comme plus tard Kierkegaard, il ne se veut pas philosophe ; il l'est pourtant dans un sens original, dans un sens que l'on dirait aujourd'hui « existentiel ». Car il ne réfléchit qu'à partir de la condition humaine, à partir de l'expérience vécue. Il est, en ce sens, dira Schleiermacher « le plus profond » des philosophes français. On peut l'aimer ou le détester. On ne peut avoir pour lui d'indifférence. Ce qui est sûr, c'est que la réflexion pascalienne a des résonances très actuelles. Peut-être l'apologétique chrétienne contemporaine puise-t-elle dans les Pensées ce qu'elle a de plus vivant — en même temps, il faut le dire, que la tradition anticléricale trouve par delà Voltaire, ses arguments les plus efficaces dans les Provinciales. La famille de Pascal était de bonne noblesse de robe, et assez riche. Il a trois ans quand sa mère meurt. Son père, frappé par son extraordinaire précocité dirige personnellement son éducation. Dès 1646, il lit des ouvrages de Saint-Cyran et paraît persuadé des limites de la raison, de l'absolue transcendance des vérités de la foi, au point qu'il dénonce à l' archevêque de Rouen douze propositions sur « l'alliance de la foi et du raisonnement » d'un malheureux frère Saint -Ange qu'il contraint à la rétractation.

  1. BLAISE PASCAL : DE L'ESPRIT GEOMETRIQUE
  2. BLAISE PASCAL : LES PENSEES
  3. BLAISE PASCAL : ENTRETIEN AVEC M. DE SACI SUR EPICTETE ET MONTAIGNE
  4. BLAISE PASCAL : PREFACE SUR LE TRAITE DU VIDE
  5. BLAISE PASCAL : LES PROVINCIALES
  6. BLAISE PASCAL : DE L'ART DE PERSUADER



« Pascal est plus que Descartes, un savant authentique et génial.

Même s'il n'a pas tout à fait réinventé la géométrie d'Euclide à 12 ans, il a dès l'âge de 16 ans écrit son Essai sur les coniques dont le P.

Mersenne disait qu'il « passait sur le ventre à tous ceux qui avaient traité du sujet ».

Pour aider son père fonctionnaire des Finances à Rouen, il invente une machine arithmétique qui fait de lui, dit M.

Chevalier « l'initiateur de la cybernétique ».

Dans sa correspondance avec Fermat sur la « règle des partis », il fonde le calcul des probabilités, la « géométrie du hasard ».

Son Traité du triangle arithmétique, ses écrits sur le vide, l'équilibre des liqueurs et la pesanteur de l'air, comptent parmi les chefs-d'œuvre de l'esprit scientifique moderne. Véritable savant, Pascal, dit abruptement M.

Bréhier, « n'est pas un philosophe ».

Et il est bien vrai que Pascal n'a pas comme Malebranche ou Leibniz construit un système.

Dans les grands systèmes philosophiques il ne voit que « libido sciendi », orgueil de la raison.

Comme plus tard Kierkegaard, il ne se veut pas philosophe ; il l'est pourtant dans un sens original, dans un sens que l'on dirait aujourd'hui « existentiel ».

Car il ne réfléchit qu'à partir de la condition humaine, à partir de l'expérience vécue.

Il est, en ce sens, dira Schleiermacher « le plus profond » des philosophes français.

On peut l'aimer ou le détester.

On ne peut avoir pour lui d'indifférence. Ce qui est sûr, c'est que la réflexion pascalienne a des résonances très actuelles.

Peut-être l'apologétique chrétienne contemporaine puise-t-elle dans les Pensées ce qu'elle a de plus vivant — en même temps, il faut le dire, que la tradition anticléricale trouve par delà Voltaire, ses arguments les plus efficaces dans les Provinciales. La famille de Pascal était de bonne noblesse de robe, et assez riche.

Il a trois ans quand sa mère meurt.

Son père, frappé par son extraordinaire précocité dirige personnellement son éducation.

Dès 1646, il lit des ouvrages de SaintCyran et paraît persuadé des limites de la raison, de l'absolue transcendance des vérités de la foi, au point qu'il dénonce à l' archevêque de Rouen douze propositions sur « l'alliance de la foi et du raisonnement » d'un malheureux frère Saint -Ange qu'il contraint à la rétractation. Maître de sa fortune à 25 ans par la mort de son père, Pascal joint à une activité scientifique très dynamique, dont nous avons dit précédemment les fruits — l'usage « délicieux et criminel » du monde.

Il s'adonne aux divertissements, au jeu, aux conversations des gens du monde.

Il se lie avec le duc de Roannez et le chevalier de Méré.

Il est, sinon l'auteur, du moins l'inspirateur d'un Discours sur les passions de l'Amour (texte que la critique contemporaine a cessé d'attribuer à Pascal mais qui contient des phrases qui se retrouveront telles quelles dans les Pensées). Mais un accident de voiture, au pont de Neuilly, où il vit la mort de très près, lui montre le néant de cette vie de divertissement.

Il n'a jamais cessé d'être croyant ; il va devenir mystique.

Et ce fut la nuit du 23 novembre 1654, consignée dans le Mémorial qu'il portera désormais cousu dans la doublure de son habit et qu'on y trouva après sa mort : « Joie, Joie, pleurs de joie.

Renonciation totale et douce.

Soumission totale à Jésus-Christ et à mon directeur ».

Son directeur sera M.

de Saci, de Port Royal (Pascal écrira un Entretien avec M.

de Saci sur Epictète et Montaigne).

A partir de ce moment Pascal rêve d'écrire une Apologie de la religion chrétienne. Cependant, les circonstances vont donner à l'activité de Pascal, provisoirement, un autre but.

Rome vient de condamner cinq propositions sur la grâce et le libre arbitre qui condensent le livre de Jansénius sur la doctrine de saint Augustin, l'Augustinus.

Les cinq propositions, avouent les jansénistes de Port-Royal, sont effectivement condamnables, (soumission pour la question de droit), mais, en fait, assurent-ils, elles déforment la pensée de Jansénius (refus de se soumettre sur la question de fait).

A la demande de son ami le janséniste Arnauld, (qui a des ennuis avec ses collègues de la Sorbonne) Pascal écrit alors (sous le pseudonyme de Louis de Montalte) ses célèbres « lettres à un Provincial...

sur le sujet des disputes présentes de la Sorbonne ».

Il y soutient, avec une verve prodigieuse, le point de vue des jansénistes contre leurs adversaires les jésuites.

Deux jours après qu'il a lancé sa cinquième Provinciale, une des plus impitoyables, le 24 mars 1656, sa nièce la petite Marguerite Périer qui souffre d'une grave « fistule lacrymale » est brusquement guérie en touchant une épine de la Sainte Couronne exposée à Port-Royal.

Cinq jours après, M.

Dorlencé, chirurgien de Port-Royal, déclare que la guérison est d'ordre surnaturel.

Au bout de sept mois, le « miracle de la Sainte Épine » est solennellement attesté par les vicaires généraux de l'Archevêché de Paris.

Pascal se voit donc soutenu par le ciel tout à la fois dans sa polémique contre les jésuites et dans son projet d'une grande apologie contre les libertins. Dans la 4e et la 18e Provinciale vous trouverez la sévère doctrine de Pascal sur la grâce et le libre arbitre.

Pour les jésuites tous les hommes ont reçu une grâce suffisante.

Il dépend d'eux, connaissant parfaitement le bien, de faire le bien ou le mal, un homme n'étant coupable que s'il connaît le bien et choisit le mal, alors qu'il aurait pu ne pas le choisir.

Pour Pascal, une volonté réellement transformée par la grâce ne peut pas, en fait, vouloir autre chose que le bien.

Et ceux qui font le mal, même sans le savoir, et par défaut de grâce sont coupables et méritent l'enfer.

Le péché le plus abominable « peut être commis par ceux qui sont si esloignez de sçavoir qu'ils pèchent qu'ils croieraient pécher en ne le faisant pas ». Dans la 7e Provinciale Pascal attaque la morale relachée des « casuistes » c'est-à-dire des théologiens jésuites qui proposent des règles pour résoudre les cas de conscience.

Il critique le probabilisme (lorsque les théologiens sont en désaccord, le pénitent peut choisir la solution la plus commode pour lui pourvu qu'il y ait au moins un auteur pour la préconiser ! Cette solution est dite probable).

Il rejette la pratique de la direction d'intention (qui consiste à donner pour fin à des actions coupables un objet permis : par exemple, il est interdit de refuser l'aumône à un mendiant pour le faire souffrir, il est permis de la lui refuser pour l'inciter à travailler ! ) Pascal dira durement de ces casuistes : « Ils contentent le monde en permettant les actions, ils satisfont l'Évangile en purifiant les intentions ».

Les Provinciales vont très loin, plus loin qu'on ne le dit d'ordinaire dans la revendication des droits de la vérité contre toute autorité.

Pascal, dans la 18e Provinciale, n'affirme-t-il pas, avec une ironie presque insolente, contre l'autorité pontificale, les droits de la recherche scientifique ? « Ce fut en vain que vous obtîntes contre Galilée ce Décret de Rome qui condamnait son opinion sur le mouvement de la Terre Ce ne sera pas cela qui prouvera qu'elle demeure en repos, et si l'on avait des observations constantes qui prouvassent que c'est elle qui tourne, tous les hommes ensemble ne l'empescheroient pas de tourner et ne s'empecheroient pas de tourner aussi avec elle ».

Et encore : « Ne vous imaginez pas de mesme que les lettres du pape Zacharie pour l'excommunication de Saint-Virgile sur ce qu'il. »

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