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Obéir est-ce se soumettre ?

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« Introduction - Obéir, pour un individu, c'est donner à sa volonté un objet indépendant de son seul désir spontané : l'obéissance est donc indétachable de la notion de contrainte. - Néanmoins, l'obéissance peut être entendue en deux sens, l'un actif et l'autre passif : l'obéissance peut être la libre soumission à une norme à laquelle on conforme notre action, mais elle peut aussi prendre la forme d'une contrainte non choisie. - Or, la soumission constitue-t-elle réellement ou uniquement une contrainte ? La soumission n'implique-t-elle pas nécessairement la liberté pour qu'il y est obéissance ? Comment comprendre le lien entre obéissance et liberté ? I.

L'obéissance, c'est la soumission : la soumission comme contrainte (Aristote). - L'esclave constitue la force motrice d'une volonté extérieure, celle de son maître.

Un esclave constitue ainsi un instrument pour pourvoir aux nécessités vitales du foyer ; il constitue les bras de son maître, qui, lui constitue l'intelligence rectrice ; l'esclave et le maître ont un même intérêt, celui de la survie organique, rendue seulement possible par la conjonction de la force et de l'intelligence directrice.

Un esclave obéit donc à son maître, et fait par là un acte de soumission qui prend la forme de la contrainte ; mais pour Aristote, cette obéissance va dans l'intérêt propre de l'esclave. - Un esclave est tel, parce qu'il est un individu qui ne peut se maîtriser lui-même, c'est-à-dire qui n'a pas en lui l'intelligence rectrice nécessaire pour pouvoir diriger son activité.

L'esclave est donc avant tout dépendant de soi, c'est-à-dire passif par rapport aux sollicitations multiples et déréglées des sens.

L'obéissance à un principe extérieur à soi devient donc nécessaire à l'esclave, même s'il s'agit d'une contrainte pour lui : car ne pouvant obéir à sa propre intelligence, il doit passer par un principe d'hétéronomie pour diriger son action. II.

L'obéissance est liée à la moralité de notre raison : obéir, c'est exercer notre liberté (Kant). - L'homme est un être libre en ce qu'il obéit à ses propres lois : c'est l'autonomie.

La liberté, c'est ainsi la détermination de la volonté par la forme de la loi morale, celle de l'impératif catégorique, qui constitue la forme pure du devoir.

Etre libre, c'est obéir à la loi donnée par la forme de la raison pure (en tant que non dérivée de l'expérience) pratique (en tant qu'elle sert ici à un usage moral, et non théorique).

Etre libre, c'est obéir à la forme légale de sa raison pure pratique.

L'obéissance constitue donc une soumission, mais une soumission libre à la loi interne à sa propre raison. Le principe de la moralité réside dans l'autonomie, soit la faculté de se déterminer soi-même de par une législation rationnelle.

L'homme est lié à son devoir par une loi qui ne lui est pas extérieure.

Aucun intérêt ne vient le forcer à faire son devoir, aucune force étrangère à sa propre volonté ne vient le contraindre. Si le devoir procédait d'une contrainte, l'homme ne serait pas libre mais hétéronome, c'est-à-dire sous la dépendance d'une loi qui ne procède pas de lui-même.

Le devoir ne se définit que par l'autonomie de la volonté.

Être libre et moral, c'est agir conformément à sa propre volonté législatrice universelle. Cette loi du devoir, bien qu'en nous, vise l'universalité.

Le principe suprême du devoir est inconditionné et absolu.

La volonté n'y est pas intéressée, et elle n'est pas non plus motivée par la crainte d'un châtiment ou d'une sanction s'il y a désobéissance.

Dans l'accomplissement du devoir, la volonté est fondée sur un principe d'autonomie : "L'autonomie de la volonté est cette propriété qu'a la volonté d'être à elle-même sa loi (indépendamment de toute propriété des objets du vouloir).

Le principe de l'autonomie est donc : de choisir de telle sorte que les maximes de notre choix soient comprises en même temps comme lois universelles dans ce même acte de vouloir." - Obéir à une loi civile est nécessaire, car l'homme est incapable de suivre sa propre loi morale rationnelle tout au long de sa vie ; il lui faut donc évoluer dans un cadre légal qui exprime dans ses principes les éléments de la loi morale : l'hétéronomie ne constitue alors qu'une forme extérieure de l'autonomie morale. III.

Toute obéissance possible ne s'inscrivant jamais que sur l'horizon d'une liberté absolue initiale, elle ne saurait constituer une contrainte (Sartre).. »

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