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Ne vit-on qu'au présent ?

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« Analyse du sujet : q Le passé n'est plus, le futur n'est pas encore, nous sommes de fait condamner à vivre dans le présent quel qu'il soit. q Mais le sujet propose de réfléchir sur la manière dont-on vit au présent.

Les facultés de la mémoire et de l'imagination, facultés classiques de la philosophie de la connaissance et des sciences cognitives nous arrachent à une relation au seul présent. q Par la mémoire nous nous souvenons du passé en tant qu'il est un présent qui n'est plus et qui ne sera plus. q Par l'imagination nous nous projetons dans un futur que l'on envisage comme probable. q L'une et l'autre faculté sont fondamentales pour vivre dans un présent qui ne cesse de s'écouler, un présent évanescent.

Toute vie consciente nécessite une distance à l'égard du présent, un arrachement à ce qui se passe « ici et maintenant ». q Il est nécessaire dans un tel sujet de distinguer néanmoins le présent, de l'instant présent.

Le présent est ce qui a lieu à l'instant mais il désigne également un présent plus ou moins élargi. Problématisation : Il faut distinguer dans ce sujet la nécessité de vivre au présent de la façon dont on vit le présent.

Vivre au présent c'est vivre pleinement le présent.

C'est selon cette conception qu'il faut se demander dans ce sujet si l'on vit au présent.

L'homme n'est-il pas cet animal « prisonnier en dehors de sa cage » ? 1 .On est contraint d'être au présent. a) b) c) De fait nous vivons toujours au présent, mais si l'on y réfléchit de façon plus attentive, on s'aperçoit que le présent peut être réduit à une intemporalité.

Augustin notait déjà dans Les Confessions: « Comment donc ces deux temps, le passé et l'avenir, sont-ils, puisque le passé n'est plus et que l'avenir n'est pas encore? Quant au présent, s'il était toujours présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l'éternité.

» Le présent n'étant ni le futur ni le passé, il se réduit à un point dans lequel aucune pensée ne peut s'écouler. La pensée est quelque chose d'essentiellement temporelle qui a besoin du temps pour exister, que l'on s'imagine que l'instant s'arrête et reprenne à nouveau, nous ne nous rendrions pas compte d'un tel arrêt.

Bergson dans matière et mémoire critique la conception intellectualiste du temps qui l'envisage comme succession d'instants.

Le temps est flux, le présent est une durée qui contient en lui-même à un instant, l'antécédant et le précédent, le passé et le futur immédiat, il est comme l'écrit Hégel « devenir immédiat » D'emblée, si nous sommes au présent nous sommes dans un présent élargi.

Il faut alors se poser la question de notre rapport à ce moment présent en train de s'écouler.

Nous ne sommes pas au présent comme nous serions dans un lieu fixe, mais nous vivons de fait à mesure du présent. 2.

L'oubli du présent. a) b) c) d) Par rapport à ce présent que nous avons défini l'homme à une relation particulière.

En tant que vivant il est un être temporel.

La matière ne ressent guère l'écoulement, seul le vivant crée des unités temporelles qui conservent leur unité tout en étant transformé.

Mais en tant que vivant particulier, en tant qu'il est conscient, il est arraché au règne de l'instinct.

Par l'instinct l'animal reste au présent, il n'est pas capable de s'adapter à des changements brusques.

Cela ne signifie pas qu'il n'ait pas de mémoire ou d'imagination, mais que l'homme en a immensément plus. L'homme a plus de mémoire.

Il se souvient d'un grand nombre d'évènements passés, et d'avantage encore quant ils sont pour lui un traumatisme.

Ce que je suis présentement est le résultat du poids du passé.

Mais le passé n'est pas seulement utile pour le présent, comme réservoir d'expérience qui nous permet d'ajuster nos actions, le souvenir peut être un engagement de la personne dans le passé et donc une fuite du présent.

La personne n'est au présent que si elle agit, elle peut s'abandonner à la contemplation des actions passées où elle se sentait présente.

La mélancolie est une pathologie qui condamne l'esprit à des souvenirs qui ne sont plus mais qui ont cependant plus de réalité que le présent. De même, envisager le futur lointain peut être pathologique.

L'imagination projette dans un temps futur la venue du bonheur.

Remettre le bonheur à plus tard, est une injonction que nous sommes contraints dans la vie sociale de prendre.

Si vivre au futur semble plus optimiste que la mélancolie, cela n'est pas moins funeste au présent.

Car le futur finit par advenir et ne présente jamais l'idéalité qu'on lui a prêtée.

On peut dire à ce propos que le futur devient tristement présent. Mais le futur peut aussi être inversement appréhendé sous la forme d'une crainte, la crainte de la mort par exemple.

Vivre au présent c'est oublier un peu le passé mais aussi en quelque sorte oublier l'avenir. 3.

Vivre au présent : une éthique. a) b) Vivre au présent et pour le présent n'a donc rien d'évident, C' est même une visée éthique classique de la philosophie ancienne.

Il faut profiter de l'instant présent et cesser de toujours envisager les pertes futures.

C'est surtout la peur du futur qui prédomine à cette éthique du présent.

Mais vivre au présent comme si demain n'existait pas, n'est-ce pas une fuite du présent comme écoulement ? A quels moments ne vit-on qu'au présent ? Puisque la conscience est un arrachement au flux temporel il semble que l'être au présent, l'être dans la durée qui s'écoule, soit précisément une attitude de laisser-aller. Peut-on maintenir la conscience et une vie de pur présent ? Bergson écrit : "La durée toute pure est la forme que prend la succession de nos états de conscience quand notre moi se laisse vivre, quand il s'abstient d'établir une séparation entre l'état présent et les états antérieurs." (Essai sur les sonnées immédiates de la conscience). Conclusion : Vivre au présent, ce n'est pas se précipiter dans une vie de plaisir pour oublier le futur mais au contraire se réconcilier avec sa temporalité, avec son écoulement.

Les préoccupations, l'anxiété par rapport au futur nous arrachent à ce rapport originel au temps. L'animal parvient par l'instinct à préparer le futur sans l'envisager, sans y projeter tout son être, il est esclave de sa temporalité.

Toute la difficulté consiste à éprouver le présent sans y être prisonnier.. »

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