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Meditations metaphysiques, meditation VI

Extrait du document

Or il n'y a rien que cette nature m'enseigne plus expressément, ni plus sensiblement, sinon que j'ai un corps qui est mal disposé quand je sens de la douleur, qui a besoin de manger ou de boire, quand j'ai les sentiments de la faim ou de la soif, etc. Et partant je ne dois aucunement douter qu'il n'y ait en cela quelque vérité. La nature m'enseigne aussi par ces sentiments de douleur, de faim, de soif, etc., que je ne suis pas seulement logé dans mon corps, ainsi qu'un pilote en son navire, mais, outre cela, que je lui suis conjoint très étroitement et tellement confondu et mêlé, que je compose comme un seul tout avec lui. Car, si cela n'était, lorsque mon corps est blessé, je ne sentirais pas pour cela de la douleur, moi qui ne suis qu'une chose qui pense, mais j'apercevrais cette blessure par le seul entendement, comme un pilote aperçoit par la vue si quelque chose se rompt dans son vaisseau�; et lorsque mon corps a besoin de boire ou de manger, je connaîtrais simplement cela même, sans en être averti par des sentiments confus de faim et de soif. Car en effet tous ces sentiments de faim, de soif, de douleur, etc., ne sont autre chose que de certaines façons confuses de penser, qui proviennent et dépendent de l'union et comme du mélange de l'esprit avec le corps. Outre cela, la nature m'enseigne que plusieurs autres corps existent autour du mien, entre lesquels je dois poursuıvre les uns et fuir les autres. Et certes, de ce que je sens différentes sortes de couleurs, d'odeurs, de saveurs, de sons, de chaleur, de dureté, etc., je conclus fort bien qu'il y a dans les corps, d'où procèdent toutes ces diverses perceptions des sens, quelques variétés qui leur r�pondent quoique peut-être ces varıétés ne leur soient point en effet semblables 1. Et aussi, de ce qu'entre ces diverses perceptions des sens, les unes me sont agr�ables, et les autres désagréables, je puis tirer une conséquence tout à fait certaine, que mon corps (ou plutôt moi-même tout entier, en tant que je suis composé du corps et de l'âme) peut recevoir diverses commodités ou incommodités des autres corps qui l'environnent. Descartes (René) Méditations métaphysiques, méditation VI, Garnier T. II, p. 492 - 493

Pour resituer brièvement l’ordre de l’analyse cartésienne dans les Médiations Métaphysiques

-         Première méditation : Descartes développe le doute méthodique et pose le problème du Dieu trompeur.

-         Deuxième méditation : en 2 temps = il met en évidence le caractère indubitable du Je pense, la nécessaire union de l’âme et du corps ou de la distinction entre l’âme et le corps

-         Troisième méditation : s’intéresse à l’origine des idées = « le fait d’avoir une idée ne prouve rien quant au monde extérieur » (solipsisme : le fait d’être enfermer en soi sans avoir aucune certitude, idée de perfection mais je suis un être imparfait, c’est Dieu qui a mis cette idée donc Dieu n’est pas trompeur)

-         Quatrième méditation : il développe une théorie de l’erreur fondée sur la distorsion de la volonté infinie et de l’entendement fini (la pensée finie)

-         Cinquième méditation : il montre le caractère indubitable des mathématiques 

-         Sixième méditation : l’existence des choses matérielles est établit et rappelle sur la distinction de l’âme et du corps.

 

« Texte : Or il n'y a rien que cette nature m'enseigne plus expressément, ni plus sensiblement, sinon que j'ai un corps qui est mal disposé quand je sens de la douleur, qui a besoin de manger ou de boire, quand j'ai les sentiments de la faim ou de la soif, etc.

Et partant je ne dois aucunement douter qu'il n'y ait en cela quelque vérité.

// La nature m'enseigne aussi par ces sentiments de douleur, de faim, de soif, etc., que je ne suis pas seulement logé dans mon corps, ainsi qu'un pilote en son navire, mais, outre cela, que je lui suis conjoint très étroitement et tellement confondu et mêlé, que je compose comme un seul tout avec lui.

Car, si cela n'était, lorsque mon corps est blessé, je ne sentirais pas pour cela de la douleur, moi qui ne suis qu'une chose qui pense, mais j'apercevrais cette blessure par le seul entendement, comme un pilote aperçoit par la vue si quelque chose se rompt dans son vaisseau ; et lorsque mon corps a besoin de boire ou de manger, je connaîtrais simplement cela même, sans en être averti par des sentiments confus de faim et de soif.

Car en effet tous ces sentiments de faim, de soif, de douleur, etc., ne sont autre chose que de certaines façons confuses de penser, qui proviennent et dépendent de l'union et comme du mélange de l'esprit avec le corps.

// Outre cela, la nature m'enseigne que plusieurs autres corps existent autour du mien, entre lesquels je dois poursuivre les uns et fuir les autres.

Et certes, de ce que je sens différentes sortes de couleurs, d'odeurs, de saveurs, de sons, de chaleur, de dureté, etc., je conclus fort bien qu'il y a dans les corps, d'où procèdent toutes ces diverses perceptions des sens, quelques variétés qui leur répondent quoique peut-être ces variétés ne leur soient point en effet semblables.

Et aussi, de ce qu'entre ces diverses perceptions des sens, les unes me sont agréables, et les autres désagréables, je puis tirer une conséquence tout à fait certaine, que mon corps (ou plutôt moi-même tout entier, en tant que je suis composé du corps et de l'âme) peut recevoir diverses commodités ou incommodités des autres corps qui l'environnent. Eléments d'introduction : Pour resituer brièvement l'ordre de l'analyse cartésienne dans les Médiations Métaphysiques - Première méditation : Descartes développe le doute méthodique et pose le problème du Dieu trompeur. - Deuxième méditation : en 2 temps = il met en évidence le caractère indubitable du Je pense, la nécessaire union de l'âme et du corps ou de la distinction entre l'âme et le corps - Troisième méditation : s'intéresse à l'origine des idées = « le fait d'avoir une idée ne prouve rien quant au monde extérieur » (solipsisme : le fait d'être enfermer en soi sans avoir aucune certitude, idée de perfection mais je suis un être imparfait, c'est Dieu qui a mis cette idée donc Dieu n'est pas trompeur) - Quatrième méditation : il développe une théorie de l'erreur fondée sur la distorsion de la volonté infinie et de l'entendement fini (la pensée finie) - Cinquième méditation : il montre le caractère indubitable des mathématiques Sixième méditation : l'existence des choses matérielles est établit et rappelle sur la distinction de l'âme et du corps. Objet du texte : L'extrait que nous avons à étudier suit le rétablissement de l'existence des choses matérielles.

L'objet précis de notre texte consiste donc en l'étude de la dualité qui existe entre mon corps et mon âme à la lumière de l'existence des choses matérielles ainsi rétablies.

Il s'agit donc ici pour Descartes de rappeler une nouvelle fois la dimension de l'âme et du corps en analysant leur union, union tout à faite spécifique.

L'idée principale consistant à montrer que l'âme et le corps sont unis étroitement et ce de manière tout à fait particulière. Mouvements du texte : Le texte peut se découper selon trois mouvements principaux : - Le premier mouvement s'étend du début du texte jusqu'à « quelque vérité ».

Dans ce premier mouvement, Descartes pose le point de départ de sa réflexion à partir de laquelle il va pouvoir étudier les rapports de l'âme et du corps.

Ce premier mouvement inaugure le rétablissement de la nature comme capable de nous procurer quelque vérité. - Le second mouvement s'étend de « la nature nous enseigne aussi » jusqu'à « de l'esprit avec le corps ». Dans ce second mouvement, que l'on peut appréhender sans trop s'avancer comme le cœur du texte, Descartes établit le rapport sous lequel l'âme et le corps sont unis en utilisant la comparaison du pilote en son navire.

Il s'agit alors de montrer à quel point la relation d'union et l'âme et du corps est toute spécifique.. »

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