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Ma liberté n'est-elle que celle de faire le mal ?

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« Donner une définition simple et univoque de la liberté n'est possible qu'au prix d'une simplification inacceptable du concept de liberté.

En effet, pour définir la liberté, il faut nécessairement faire référence à un terme qui s'oppose à elle.

Ainsi on peut définir la liberté par opposition à l'esclavage : alors elle est la condition d'une personne qui n'est pas sous la dépendance d'une autre.

Elle s'oppose également à la contrainte, puisqu'elle est le pouvoir de faire ce que l'on veut ; mais elle s'oppose également à l'oppression, en tant qu'elle est le droit de faire tout ce que les lois permettent, sous réserve de ne pas porter atteinte aux droits d'autrui.

Enfin, elle s'oppose au déterminisme, puisqu'elle est le pouvoir de la raison humaine de se déterminer en toute indépendance.

Prenons garde à la lettre du sujet qui nous demande de réfléchir sur « ma » liberté et non sur « la » liberté.

Cela implique qu'il nous faudra considérer une dimension expérientielle, intime de la liberté, celle qui s'incarne dans un sujet, et non comme un pur concept. Faire le mal est une notion qui ne peut se définir simplement, dans la mesure où nombreuses sont les réalités que nous pouvons subsumer de manière contingente et relative sous cette qualité.

En effet, la notion de mal est pour une part relative aux lieux, aux époques, et aux situations dans lesquelles le mal est pratiqué.

Nombreuses sont les actions que nous pouvons considérer en un temps donné comme l'expression du mal qui cessent de l'être si nous regardons quelles motivations réelles y président (tuer quelqu'un par haine ou pour abréger ses souffrances, quand bien même il s'agit de la même action, n'a pas la même signification).

Il ne s'agit pas de faire de la notion de mal une notion toute relative, mais de montrer que la valeur axiologique d'un acte peut varier en fonction des circonstances. Le sujet nous demande précisément si ma liberté n'est que celle de faire du mal, formulation restrictive qui implique que c'est pour autant que nous pouvons faire le mal que nous sommes libres. Nous nous demanderons donc si la liberté du sujet s'incarne uniquement dans la possibilité de faire du mal, dans d'autres possibilités d'agir, ou s'il n'est pas plus juste d'entendre par liberté non la capacité d'un faire, mais un certain rapport subjectif aux évènements du monde. I. a. Je suis libre pour autant que je suis capable de faire le mal La possibilité du mal incarne un pouvoir de révolte A première vue, il semble bien que nous puissions dire justement que ma liberté n'est que celle de faire du mal.

En effet, la capacité de faire du mal manifeste un pouvoir de révolte contre l'ordre des choses.

L'archétype de cette position est sans aucun doute Satan et sa révolte contre le créateur.

En choisissant de faire le mal, alors qu'il était l'archange préféré de Dieu, le plus beau de tous (Lucifer, celui qui porte la lumière) Satan manifeste une liberté supérieure puisqu'il affronte l'ordre de la création et son suprême garant, Dieu. b. La possibilité du mal incarne un pouvoir d'affirmation du sujet L'exemple de Satan nous permet de voir que dans la capacité de faire le mal le sujet affirme sa liberté.

En faisant le mal, c'est-à-dire ce que blâme, réprouve et condamne la société, l'individu affirme sa liberté et lui-même simultanément puisqu'il refuse de se plier à cette loi toute puissante.

Telle est la valeur du personnage de Maldoror dans Les chants de Maldoror du Comte de Lautréamont : Maldoror est l'exclu immonde et maléfique qui conspire contre l'ordre et la vertu, et qui affirme sa propre liberté ce faisant. II. a. La liberté ne peut consister dans la seule possibilité de faire le mal La possibilité du mal signale la servitude de l'homme Cependant, il faut bien voir que pour certaines pensées, la possibilité de faire du mal ne signale nullement la liberté de l'homme, mais au contraire sa plus absolue servitude.

En effet, l'homme qui fait le mal est celui qui coïncide en tous points avec sa condition d'homme, c'est-à-dire de créature déchue qui s'est souillé par le péché originel.

Pour la secte protestante des anabaptistes, l'homme n'est pas libre, l'homme ne sera pas sauvé : il peut donc se livrer au mal puisqu'il n'a rien à gagner (ni à perdre, d'ailleurs).

Par conséquent, faire le mal n'est pas le signe de la liberté mais au contraire la preuve de la totale servitude de l'homme, qui n'est pas libre, du fait même de sa condition, d'être autre chose qu'une créature malfaisante. b. Si la liberté est pouvoir d'agir, la nature de l'agir n'importe pas à la liberté. »

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