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L'oubli est-il une déficience de la mémoire ?

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« VOCABULAIRE: OUBLI: Fait qu'un souvenir ne soit pas rappelé ou ne puisse l'être. MÉMOIRE: 1.

— Faculté de se souvenir ; ensemble des fonctions psychiques par lesquelles nous pouvons nous représenter le passé comme passé ; BERGSON distingue la mémoire-habitude qui naît de la répétition d'une action et s'inscrit dans le corps, de la mémoire-souvenir qui, coextensive à la conscience, en retient tous les états au fur et à mesure qu'ils se produisent.

2.

— Faculté gén.

de conserver de l'information.

3.

— Au sens concret, désigne tout ce qui est capable de conserver de l'information, et, en part., les organes des ordinateurs ayant cette fonction. Problématique: Nous aimerions pouvoir nous souvenir de tout ce qui nous arrive.

Mais hélas, la mémoire nous fait souvent défaut. De la leçon apprise hier, il ne reste aujourd'hui que quelques bribes.

Demain il n'en restera probablement plus rien.

Il semble bien, au premier abord, que l'oubli est une défaillance, un dysfonctionnement de la mémoire.

Sans doute la mémoire ne retient-elle pas tout.

Mais pourrait-elle conserver intégralement le passé ? On voit bien que l'oubli l'oubli de nos échecs, l'oubli des faits insignifiants - peut être bénéfique.

Notre passé nous paralyserait, s'il était à tout moment présent à notre esprit. Ne plus retrouver un mot, un souvenir, est vécu comme une déficience de la mémoire, alors que c'est le signe d'une activité structurante et sélective qui opère à notre insu.

Le trouble de la remémoration peut être signe de perturbations inconscientes, donc névrotiques. Ce que vous savez L'oubli est bien une déficience de la mémoire ! On peut donc être un peu interloqué face à un sujet qui pose une question dont la réponse apparaît évidente.

Deux possibilités : ou bien cette évidence n'en est pas une, et il faut chercher pourquoi, ou bien le véritable enjeu du sujet se trouve ailleurs, et il ne faudra certes pas se contenter de répondre à la question.

Ces deux possibilités ne s'excluent d'ailleurs pas. L'oubli est nécessairement involontaire, sinon il ne s'agit pas d'un oubli.

La bonne méthode pour trouver une problématique n'est certainement pas de jouer sur les mots. Le terme de « déficience » suggère une anomalie.

Dire de l'oubli qu'il est une déficience de la mémoire, c'est reconnaître la faiblesse humaine, et en même temps envisager, même tacitement, que l'on pourrait ne rien oublier. Or, ceci constitue une impossibilité pratique, et toute mémoire est sélective et partielle.

Et si l'on imagine un instant une mémoire qui permette la conservation intégrale du passé, cette idée donne le vertige, car comment une conscience pourrait-elle être si « pleine » ? En effet, la conscience elle-même est sélective, et peut se définir par la faculté d'attention, qui implique une certaine forme d'oubli de ce qui n'est pas l'objet de cette attention.

Ceci nous conduirait logiquement à penser que l'action suppose l'oubli. Ce qu'il faut comprendre Il faut éviter une fausse problématique, en réalité la simple juxtaposition de deux aspects d'une même opinion : si vous dites que l'oubli est une bonne chose lorsqu'il s'agit de souvenirs désagréables, mais qu'il est une mauvaise chose dont le cas contraire, d'une part vous ne faites qu'énoncer une platitude qui ne fait pas avancer la réflexion, d'autre part cette platitude n'a pas même l'excuse d'être vraie : il y a de mauvais moments dont il faut se souvenir à cause des leçons qu'ils contiennent, et de bons moments qui peuvent très bien s'oublier sans conséquences. On peut en revanche légitimement s'interroger sur le fait que notre rapport au passé implique la mémoire, et par conséquent l'oubli.

En effet, le terme de « déficience » peut être critiqué dans la mesure où la mémoire implique l'oubli.

Il s'ensuit que le passé n'est jamais rendu présent à notre conscience, car se souvenir n'est pas revivre.

Il faudrait alors montrer comment la mémoire reconstitue le passé, en le modifiant au fil de ses différentes évocations. En effet, lorsque nous racontons pour la première fois un souvenir, notre récit lui imprime une modification.

Et si nous continuons à le raconter, notre mémoire va mêler le souvenir proprement dit et les récits qui lui ont été consacrés.

Chaque récit nouveau augmenterait ainsi la part d'inexactitude du souvenir.

Pourtant, si étrange que cela puisse paraître, il est possible que cet éloignement progressif nous rapproche de la vérité, car le récit peut en venir progressivement à discerner l'essentiel masqué sous la profusion des détails de l'événement vécu.

C'est entre autres pour cette raison qu'on dit que l'histoire a besoin de recul, et que la compréhension des événements ne peut se faire que lorsqu'ils se sont éloignés dans le temps, et même lorsque l'on n'en a plus le souvenir au sens précis du terme. Mais on peut également choisir une autre problématique, sans doute plus facile à développer.

Il faudrait se demander ce qu'il y a de positif dans l'oubli, qui permet de vivre tourné vers l'avenir.

Certes, comprendre que l'on n'agit que par une certaine forme d'inconscience, dont l'oubli partiel du passé est la marque la plus incontestable, peut effrayer.

Les hommes vivraient donc en aveugles.

Mais ce serait une autre forme d'illusion, sans doute plus grave, que de croire qu'il ne faut rien oublier, comme si c'était possible.

Il faut ajouter que ce que nous avons vécu. »

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