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L'opinion a-t-elle toujours tort ?

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Mais le philosophe ne dit pas autre chose. Quand Platon, dans La République conseille de sortir de la caverne, c'est l'opinion qu'il condamne. Les dialogues socratiques visent à sortir les hommes de leurs opinions en en montrant les contradictions. Le problème de l'homme de l'opinion est qu'il est tellement certain de lui qu'il croit toujours avoir raison. Il ne se pose pas de question, ne cherche pas la moindre justification. Il n'est pas un ignorant (car l'ignorant sait au moins qu'il ignore), il croit savoir et cela lui interdit toute recherche de connaissance (pourquoi chercher ce qu'on croit posséder ?). Savoir qu'on ne sait pas, tel est le début de la science et de la philosophie qui suppose le renoncement à l'opinion. Il semble bien que l'opinion soit (en tant qu'opinion) toujours dans son tort et qu'il faille y renoncer. Transition : Ainsi l'opinion semble avoir toujours tort au moins « en droit ». Mais « en fait », ne peut-elle avoir parfois raison ? Il existe des opinions vraies. Si l'opinion dit n'importe quoi, il lui arrive, par hasard de dire vrai. C'est ce qu'on appelle l'opinion droite. Ne peut-on, au moins dans une certaine mesure, lui donner raison ?

« Demande d'échange de corrigé de bakayoko soualiho ([email protected]). Sujet déposé : l'opinion a-t-elle nécessairement tort? L'opinion a-t-elle toujours tort ? Introduction. Pour la tradition philosophique notamment héritée de Platon, l'opinion est un jugement non fondé, qui avance sans preuve, qui a toujours tort.

Le terme a donc ici un sens péjoratif.

Pourtant on interroge l'opinion, on la sonde, on la mesure, lui reconnaissant, semble-t-il une valeur.

La démocratie accorde à l'opinion publique le pouvoir de trancher, de décider.

Platon lui-même reconnaît dans le Ménon une valeur pratique à l'opinion droite.

Alors, est-on toujours dans son tort lorsqu'on énonce une opinion ou, au contraire, peut-il y avoir des domaines, des conditions où l'opinion aurait raison et, si oui, lesquels ? Ce qui est ici en jeu est à la fois le statut de la philosophie (qui s'est traditionnellement posée contre l'opinion) et le fondement de notre régime politique (car si l'opinion a toujours tort, la démocratie a-t-elle encore un sens ?).

De prime abord, il semble bien que l'opinion ait tort, au sens où elle ne se justifie jamais pleinement.

Pourtant, ne peut-on lui reconnaître un sens, d'abord au plan de la vérité, ensuite au plan pratique et politique ? I L'opinion semble avoir toujours tort. Avoir raison, ce n'est pas seulement dire la vérité, pas plus qu'avoir tort n'est nécessairement énoncer une erreur. Avoir raison c'est être fondé dans ce qu'on dit ou dans ce qu'on fait.

Or, on peut très bien dire la vérité sans être capable de se justifier et donc sans que nos paroles soient fondées.

C'est tout le problème de l'opinion. 1) L'opinion ne se justifie jamais elle-même. L'opinion se définit, avons-nous dit, comme un jugement qui affirme de façon immédiate sans preuve, sans démonstration.

Certes l'opinion utilise des procédés d'argumentation, mais nous allons voir qu'ils ne constituent jamais des preuves. D'abord l'opinion s'appuie sur ce qu'elle voit.

« Je ne crois que ce que je vois », dit l'homme de l'opinion.

Mais la vision suffit-elle à justifier un jugement ? Nos sens peuvent nous tromper et la vision ne fait pas exception.

Il y a l'exemple des illusions d'optique : je vois ce bâton, qui est à demi immergé dans l'eau, brisé alors qu'il est parfaitement droit.

De même je vois la terre immobile et le soleil se déplacer autour d'elle alors que la science nous montre que c'est notre planète qui tourne autour du soleil. Ensuite l'opinion s'appuie sur ce qu'elle entend.

C'est la connaissance par ouïe dire.

Mais les rumeurs ont-elles raison ? Outre que les croyances les plus anciennes sont rarement les plus vraies (la vérité se conquiert, il y a une histoire des sciences), la rumeur déforme ce qui pouvait être initialement vrai. De plus, l'opinion s'appuie sur des exemples.

Mais l'exemple n'est qu'un cas particulier qui ne justifie jamais la généralité d'une proposition.

Ce n'est pas parce qu'une proposition est vraie dans un cas qu'elle est valable pour tous les cas. Enfin, l'opinion s'appuie parfois sur les philosophes, reconnaissant le principe d'autorité.

C'est Bouvard et Pécuchet, mis en scène par Flaubert, s'affrontant sur le thème de l'origine des idées et invoquant Condillac et Descartes.

Mais le principe d'autorité n'a aucune valeur.

Le plus illustre philosophe a pu se tromper.

Répéter ce qu'on a lu n'a de sens que si on l'a compris mais alors on n'est plus dans l'opinion : on est philosophe. Ainsi, aucun des procédés d'argumentation de l'opinion ne suffit à lui donner raison.

Tout au plus parvient-elle à une certaine probabilité, jamais à la certitude.

Descartes préconisait de prendre le probable pour faux afin de se garder de l'erreur.

L'opinion est un lieu d'errance.

Elle argumente parfois mais ne démontre jamais.

Cela l'entraîne d'ailleurs à se tourner en son contraire.

Elle est un lieu de contradictions.

Les opinions se contredisent entre elles.

Bien loin de leur donner raison, ne faut-il pas alors les condamner sans appel ? 2) Il faut condamner l'opinion. Cette condamnation est préconisée par Bachelard.

« La science (...) s'oppose absolument à l'opinion(…) l'opinion a en droit toujours tort.

L'opinion pense mal ; elle ne pense pas ; elle traduit ses besoins en connaissance. En désignant les objets par leur utilité elle s'interdit de les connaître.

On ne peut rien fonder sur l'opinion : il faut d'abord la détruire.

» Bachelard condamne ici tout effort de justification de l'opinion.

L'opinion a « en droit toujours tort ».

En fait elle peut avoir raison au sens où, par hasard il peut lui arriver de dire vrai.

Mais « en droit » elle a tort car elle n'est jamais démonstrative.

Son but n'est pas de connaître mais de voir ce qui nous est utile.

Bachelard considère l'opinion comme un obstacle épistémologique c'est à dire comme une de ces représentations qui inconsciemment empêchent la science de progresser.

C'est l'exemple déjà cité de l'évidence sensible, source de l'opinion, qui nous fait croire que la terre est immobile et au centre du monde.

La science est toujours rupture avec l'évidence sensible et donc avec l'opinion.

Sa méthode n'est pas l'empirisme de l'opinion qui s'en tient à ce qui est donné immédiatement mais l'expérimentation qui suppose toujours des hypothèses ou des constructions théoriques préalables à l'observation sensible.

Le scientifique doit donc se défier de l'opinion, considérer que, au moins en droit, elle a toujours tort. Mais le philosophe ne dit pas autre chose.

Quand Platon, dans La République conseille de sortir de la caverne, c'est l'opinion qu'il condamne.

Les dialogues socratiques visent à sortir les hommes de leurs opinions en en montrant les. »

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