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"L'infini peut-il etre source d'angoisse?"

Publié le 10/03/2024

Extrait du document

« PHILOSOPHIE Entraînement à la dissertation philosophique (I) Je certifie que j’ai travaillé seule et que je n’ai pas sollicité mes camarades.

Vous pouvez avoir confiance en mon sérieux. Sujet 3 L’infini peut-il être source d’angoisse ? Couchée sur mon lit, le soir avant de dormir, je vois souvent le cercle lumineux qui éclaire ma fenêtre.

Noir, obscure et ténébreux, le ciel qui l'accompagne accentue les ellipses presque indiscernables qui l'entourent.

Je regarde minutieusement les pigments grisâtres de la lune, l'omniprésence des nuages lactescentes, l'homogénéité noirâtre de l'éther.

Je ne perçois ni des mouvements ni des bruits : uniquement moi face à l'univers que j'observe et auquel, en même temps, j'appartient.

Ces quelques minutes qui précèdent le sommeil sont en effet consacrées à des observations qui vite deviennent des contemplations.

Inévitablement, les pensées divaguent et s'interrogent sur cette immensité cosmique, paradoxalement minuscule à l'œil nu : l'existence d'une entité transcendante est indéniable.

Par cela, je pense à tout ce qui est sans bornes ni limites tant dans l'espace comme dans le temps.

Qu'est ce-que cet espace céleste cache derrière son manteau sidéral ? Quelle place prend l'être humain dans cette grandeur infinie ? Avec quels genres de dangers l'individu est-il potentiellement assujetti à convivre conjointement ? Ce qui dépasse l'existence de l'individu consiste en une perte de contrôle et de connaissance de ce qui l'entoure : cela peut exalter des troubles intérieurs en l'homme.

L'infini peut-il donc être source d'angoisse ? Premièrement, nous montrerons que l’infini peut effectivement être à l'origine de détresse et de craintes de l'être humain. Par la suite, nous analyserons la manière dont cette immensité peut, au même degré, susciter d'autres sentiments outre les tourments de l'individu.

Enfin, nous verrons que les hommes se réfugient dans la foi pour faire face à ces troubles et trouver du réconfort : l'infini prend alors une dimension religieuse. Premièrement, cette notion d'infini peut effectivement éveiller des sentiments de peur durables : des douleurs tant physiques comme émotionnelles.

Cette notion considérant l'immatérielle et intemporelle cause des sensations d'angoisse chez l'homme : cette immensité est inconnue et, par conséquent, mystérieuse. L'être humain se préoccupe de l'inimaginable.

Effectivement, l'infini est, par définition, ce qui n'est pas déterminé, limité : en d'autres termes, ce qui n'est pas fini.

Si cette immensité est à l'origine de sensations chez l'être humain, elle ne peut néanmoins pas être pensée par celui-ci, puisque que l'homme ne peut concevoir que des choses finies.

Assurément, l'individu ne parvient pas à se situer dans le temps ni dans l'espace en relation avec ce concept.

Autrement dit, il est impossible pour lui de percevoir l'idée de démesuré puisque cela dépasse toutes ses capacités : l'imaginable est construit et, conséquemment, restreint par le visible.

Prenons l'exemple de quelqu'un qui regarde le fond d'une tasse, avec les traces d'un café déjà bu.

Ses yeux perçoivent les résidus après l'infusion, la marc de café, des petites particules de mouture minuscules et presque indistinctes si ce n'était pour leur couleur anthracite.

La vue de l'individu tourne en rond suivant le mouvement de ces particules dans le moindre liquide restant.

Soudain, il commence à penser aux milliards de molécules qui composent chacune de ces atomes dans sa tasse : chaque atome, chaque poussière contient en elle-même une infinité d'univers.

Aussitôt, il remet cette réflexion à l'échelle du Cosmos.

Quelles sont les particules qui composent son corps, son paysage, sa galaxie ? Cette méconnaissance avive en lui une inquiétude fervente, une angoisse inévitable.

« Tout le monde visible n’est qu’un trait imperceptible dans l’ample sein de la nature » (Blaise Pascal, Pensées, 72, éd. Brunschvicg, 1897). Toutefois, cette grandeur comporte l'infiniment petit ainsi que l'infiniment grand et remet ainsi en question la position de l'homme dans l'immensité.

En définitive, l'individu se tourmente par rapport à sa position dans cette « sphère infinie dont le centre est partout [et] la circonférence nulle part » (Blaise Pascal, Pensées, 72, éd.

Brunschvicg, 1897).

Cette disproportion de l'homme n'interroge pas seulement son rôle dans la galaxie mais encore l'importance de son existence dans celle-ci.

Certes, la présence ou bien l'absence d'un être humain en soi ne détournera pas le cours de l'infini, de l'Univers. Autrement dit, ces actions, voire même sa vie, ne pèseront dans l'évolution des infinités des Cosmos : il ne peut altérer le rayonnement du soleil, l'éclatement des étoiles, la gravitation des planètes, la composition de la nébuleuse.

Décidément, face à l'éternel et interminable, l'homme est réduit à rien.

« Car enfin qu'est ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout, infiniment éloigné de comprendre les extrêmes » (Blaise Pascal, Pensées, 72, éd. Brunschvicg, 1897).

Cela dit, si l'individu n'importe dans le cheminement de la grandeur de laquelle il appartient, quel est l'objectif de son existence ? Qu'importe sa vie sur Terre s'il existe une infinité d'univers dans lesquels son entité est strictement insignifiante ? De cette manière, l'homme se voit en détresse en pensant à sa destinée : l'infini dépouille son esprit, son âme, son moi de toute importance.

« Par la fenêtre, je regarde le ciel clair. Sommes-nous de si petites choses, si infiniment petites, que nous ne pouvons rien faire ? » (Delphine de Vigan, No et moi, 2007). De plus, cette angoisse face à l'infini se manifeste également sous forme de crainte.

Ce qui dépasse l'existence de l'individu peut en effet tourmenter ce dernier : la perte de contrôle et de connaissance de ce qui l'entoure exalte des troubles intérieurs en l'homme.

Bien entendu, l'individu est conscient de son incapacité à penser la totalité et le néant, ce qui sous-entend l'existence d'une infinité de mystères pour son esprit.

« À quel démon bienveillant dois-je être ainsi entouré de mystère, de silence, de paix et de parfums ? Ô béatitude ! » (Charles Baudelaire, « La Chambre double », Spleen de Paris, 1869). Mettons un artiste qui peint à son aise, sur un canevas blanc, à l'aide d'une palette offrant une centaine de couleurs.

Sans savoir ce qu'il produira, celui-ci tâche tout d'abord son esquisse d'un bleu indigo : un trait solitaire au centre de son œuvre.

Il s'arrête brusquement et observe son ébauche.

Son esprit est troublé.

Pourquoi n'a-t-il pas choisi le pourpre, l'émeraude ou bien l'ébène ? Pourquoi a-t-il fait un trait et non pas un cercle ? Pourquoi peint-il, au lieu de dessiner ? Ces questionnements mènent l'individu à penser qu'il n'est pas maître de ses choix, de ses décisions de vie.

Même sachant qu'il existe une infinité de possibles, il a la certitude qu'il ne domine pas le cours de sa vie.

Non seulement il perd le contrôle, mais encore, qui ou bien quoi le détient ? À qui ou quoi est-il contraint ? « Le réel est étroit, le possible est immense.

» (Henri-Frédéric Amiel, Journal intime, le 24 octobre 1880).

Indéniablement, les réponses à ces interrogations effraient l'homme : pour ce dernier, l'univers est un ensemble de mystères qu'il méconnaît et qui déterminent sa place dans ce monde.

Cela, en effet, le pétrifie : « Ce qui nous reste à voir au ciel et sur la terre, tient les cœurs en suspens dans l’effroi du mystère.

» (Lucrèce, De la nature des choses, VI, 53-72, trad.

A.

Lefèvre, Ier s.

av.

J.-C.) Nonobstant, l'infini est à l'origine d'autres types de frayeur, notamment dûs à l'infinité de pensées que peuvent parcourir l'être humain ainsi que, paradoxalement, aux absences totale de celles-ci.

En d'autres termes, l'esprit de l'individu peut endurer tant une infinité de réflexions qu'un silence empirique en son sein : tous deux peuvent être source de terreur.

Il est bien vrai que la méditation des paysages peut accorder à l'homme un sentiment d'infini, dit de « sentiment océanique » par de nombreuses personnalités emblématiques de la philosophie, tels que le neurologue Sigmund Freud.

« Et puis, il est malaisé de traiter scientifiquement des sentiments.

On peut tenter d’en décrire les manifestations physiologiques.

» (Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation, 1929). L'inconstance de ses pensées, que celles-ci soient abondantes ou bien infimes, peut produire en l'homme des troubles nerveux.

Autrement dit, l'infini et le néant en l'être humain entraîne une nevrosité : celui-ci perd ses repères, sa logique, sa raison, son bon sens.

Bien entendu, la petitesse et la grandeur infinitésimale perturbent les facultés, le bon sens d'une personne, ce qui peut la rendre irrationnelle, incohérente, voire folle.

Ainsi, on peut dire que l'homme a peur de tomber dans le déraisonnable, la folie, lorsque ses pensées atteignent l'inimaginable, l'infini.

« Toutefois, ces pensées, qu’elles sortent de moi ou s’élancent des choses, deviennent bientôt trop intenses.

L’énergie dans la volupté crée un malaise [...] » (Charles Baudelaire, « Confiteor de l’artiste », Spleen de Paris, 1869) . De cette manière, on peut affirmer que l'infini peut éveiller indubitablement de l'angoisse en l'être humain.

La composition de ce qui nous environne, dès l'infiniment grand.... »

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