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l'inconscient peut-il nous déterminer ?

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« Introduction : Bien définir les termes du sujet : - « L'inconscient » : terme qui a pris un sens très particulier avec Freud, mais qui désigne généralement ce qui est caché à la conscience, ce qui est non-conscient, que nous ne pouvons pas connaître immédiatement.

Ou plus précisément, l'inconscient est ce qui qualifie ce que je possède d'ancré en moi et dont je n'ai pas conscience, comme les exigences morales inculquées par l'éducation, ou les pulsions. - « Nous déterminer » : ce qui nous détermine, c'est ce qui nous porte à agir de telle ou telle manière, sans que nous nous en rendions nécessairement compte.

C'est lorsque un certain ensemble de conditions me pousse à faire telle action plutôt que telle autre sans vraiment me laisser libre de mon choix. Construction de la problématique : Si l'on admet l'hypothèse induite par le sujet, cela signifie que notre volonté n'est pas dirigée uniquement par notre raison ou notre conscience, mais aussi par quelque chose dont la maîtrise nous échappe complètement.

Accorder cette place à l'inconscient, remet en cause plusieurs choses et pose de nombreux problèmes, comme celui de la liberté, puisque nous ne connaîtrions ni les raisons, ni les causes pour lesquelles nous agissons. Se pose donc la question de savoir si l'inconscient peut-être, en tant que tel, réellement la cause de nos actions, et dans quelles mesures.

Autrement dit, il s'agit ici simplement d'estimer le pouvoir de l'inconscient, et son influence sur nos décisions et actions.

Nous ne traiterons pas ici explicitement et directement du problème de la liberté, ce serait hors sujet. I/ La conscience subjective n'est pas toute puissante : Si nous prenons le terme inconscient dans son sens le plus général de "ce qui échappe à la conscience", alors nous pouvons dire qu'en effet, notre conscience ne maîtrise pas tout ce qui nous entoure, y compris nous-mêmes.

Soutenir la suprématie de la conscience serait donc non seulement illusoire, mais aussi vain. ● C'e st ce q u'explique Spinoza dans L'Ethique, I, où il soutient et démontre q ue des phénomè nes matériels ou physiques peuvent agir sans que nous nous en apercevions, sur la conscience subjective.

C'est cela qui pousse les hommes à se croire totalement libres alors qu'ils ne le sont pas.

En effet, parce qu'ils ont conscience de ce qu'ils veulent ou désirent, les hommes se pensent libres, alors qu'ils ignorent ce qui les détermine, ce qui les pousse à vouloir ce qu'ils veulent ou à faire ce qu'ils font. ● P ossible de prendre l'exemp le anachronique de la p ublicité : Je me crois libre parce que je sais que je désire te l produit, et que je peux alors décider si oui ou non je le choisis.

Mais je ne sais pas pourquoi je désire tel produit : son choix nous a été dicté par une image publicitaire que nous avons vu auparavant, image dont je n'ai plus conscience, ou dont je n'ai jamais eu conscience.

à Je me crois libre en choisissant le produit, parce que je crois pouvoir le refuser, mais en réalité, je ne le suis pas, parce que je ne suis pas conscient de l'origine de ce désir, et que je n'ai pas choisit de le désirer. è Tout ce qui se passe dans notre esprit ne peut pas se réduire à la conscience.

Comme nous ne maîtrisons pas tout, il va de soi que certains de nos actes sont déterminés par des choses que nous ne maîtrisons pas, ce sont les choses inconscientes. II/ L'inconscient peut nous pousser à accomplir certaines choses : Souvent, nous exécutons certains gestes sans savoir pourquoi nous les faisons.

Parfois c'est parce que ces actes sont machinaux, et il suffit d'en prendre conscience pour s'en libérer, mais d'autres ont une origine inexplicable.

Nous les faisons presque malgré nous, et si nous ne les accomplissons pas, nous nous sentons mal à l'aise. ● C'e st ce q u'explique Freud dans Introduction à la psychanalyse, § 17.

Une de ses patientes accomplit des gestes ritue ls chaque soir, sans justification rationnelle.

Le cérémonial de la malade est obsessionnel, la minutie est exagérée, et pas de possibilité d'adaptation.

La patiente a conscience de ses actes, mais elle n'a pas conscience du but, de l'origine, du sens, ou de la raison qui la pousse à agir.

"Elle se sent poussée à obéir, et se demande en vain pourquoi.", elle subit ses actes, quelque chose autre que sa conscience ou sa raison la détermine. ● Qu'est ce qui fa it que nous agissons de la sorte, que nous semblons ne pas maîtriser nos mouvements, mais au contraire être soumis à une force invisible ? C'est donc bien qu'il y a autre chose qui agit à ma place.

L'hypothèse de l'inconscient fait de ces pathologies l'expression déguisée de pulsions refoulées, qui trouvent un mode substitutif de satisfaction sous forme de symptômes.

Pour Freud, chaque geste a une signification symbolique qui n'est pas connue de la conscience, si bien que les actions échappent à la maîtrise de cette dernière. En tant que tel, l'inconscient peut donc nous déterminer.

Il nous pousse à agir de telle manière sans que nous sachions pourquoi, et sans que nous puissions décider de faire autrement. III/ L'inconscient n'est qu'une mauvaise excuse pour la mauvaise foi : Mais en admettant l'hypothèse de l'inconscient, on admet donc du même coup que certaines de nos actions ne sont pas libres, mais déterminées, et que je ne suis pas responsable de toutes.

Ainsi, si on réfute l'existence de l'inconscient, ce dernier ne semble être qu'un prétexte. ● C'e st ce q u'explique Sartre d ans L'être et le néant.

Pour lui, l'inconscient n'existe pa s, ce n'est qu'une ex cuse pour justifie r certains de nos actes dont nous ne voulons pas porter la responsabilité.

Il n'est pas logique d'affirmer que la conscience laisse passer le licite, et pas l'illicite.

Pour qu'elle puisse appliquer sa censure, il faut que l'esprit se représente ce contre quoi il va l'exercer.

Il doit donc tout examiner, même l'illicite.

Pour refouler, il faut donc avant tout examiner, et donc avoir conscience de ce que l'on examine.

Ceci sans compter que si le malade a censuré quelque chose, c'est qu'il connaît cette chose.

On ne cache pas ce qui est indifférent ou que l'on ne connaît pas.

Le malade a conscience de ce qu'il refoule, et a conscience du refoulement lui-même, tout en niant ce refoulement et ce qu'il refoule. ● L'inconscient ne peut do nc pas nous déterminer p uisqu'il n'existe p as, et si nous nous sento ns poussé à agir, c'est en réalité par mauvaise foi.

à La censure participe de la mauvaise foi.

Nous nous déterminons donc toujours nous-mêmes, mais nous nous cachons que nous nous déterminons, lorsque nous accomplissons des actes que nous ne voulons pas reconnaître comme étant les nôtres, ou dans lesquels nous ne voulons pas nous reconnaître.

En effet, pour Sartre, la liberté et l'affirmation de notre humanité passe par l'action, et renier une action, c'est renier une dimension de notre humanité. Conclusion : Ainsi, tout dépend de l'acceptation ou non de l'inconscient.

Mais sans aller jusqu'à nier complètement son existence, il est toujours possible de prendre conscience de l'existence de certains gestes que nous ne maîtrisons pas, et d'entamer une psychanalyse pour s'en défaire.

Ainsi si l'inconscient peut nous déterminer, il ne doit pas être un prétexte à tout ce que nous n'osons pas faire de nousmêmes.. »

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