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l'ignorance est-elle une excuse ?

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« Ignorance : L'état de conscience dans lequel se trouve le sujet lorsqu'il est privé de la connaissance, c'est l'ignorance.

Le terme est souvent accompagné d'un jugement de valeur négatif : aux yeux du philosophe, l'ignorant est celui qui est resté dans la caverne ; aux yeux du professeur, l'ignorant est celui qui ne s'est pas donné la peine d'apprendre. Excuse : C'est une justification ou une échappatoire : c'est une raison apportée pour se disculper ou pour se soustraire à une obligation. L'ignorant ne sait pas ce qu'il fait : il n'a pas conscience des tenants et des aboutissants de ses actes.

consiste en une capacité pour un sujet à pouvoir donner les motifs de ses actes, et à être jugé sur eux.

Peut-on condamner pour ses actes un sujet qui agit dans l'ignorance ? Peut-on toujours accepter l'idée que l'ignorance rend irresponsable ? Que devons nous savoir pour être conscient de nos actes et être jugé responsable ? I. L'ignorance peut expliquer l'erreur mais elle ne peut l'excuser Lorsque l'on se déplace dans un pays étranger, il peut arriver que nous soyons en infraction sans le vouloir et sans le savoir, faute de connaître les lois de ce pays qui sont différentes des nôtres.

Dans ce cas, peut-on dire que l'ignorance est coupable ? Peut-on considérer le sujet comme responsable ? Le propre de l'erreur est de ne pas savoir que l'on est erreur : il est dès lors difficile de reprocher à quelqu'un de se tromper, s'il le fait en toute bonne foi.

On ne peut dissocier la condition de sujet d'une tâche d'une identification au savoir qui fasse de nous, précisément, le sujet de telle tâche particulière : celui qui ne sait pas n'est pas sujet de son action.

Celui qui agit mal par ignorance est à distinguer de celui qui agit mal sciemment.

Le mal serait conscience du mal.

On peut comprendre que quelqu'un se trompe par erreur : sans le savoir on ne peut assumer la responsabilité _Platon dit qu'on ne fait le mal que par ignorance du bien.

Si l'on juge l'ignorant irresponsable _ en droit on dit qu'il est excusé _ on ne peut lui reprocher ces actes.

Ce qui nous oblige à réfléchir sur le problème du mal.

Faut-il, pour rendre compte du mal, nécessairement invoquer l'hypothèse d'un mal radical et d'une intention mauvaise? Dans la Constitution française on dit que nul ne doit ignorer la loi.

Le citoyen français qui est en infraction sans le savoir ne pourra invoquer l'ignorance comme excuse.

Ce qui nous apprend que l'ignorance peut expliquer l'erreur mais elle ne peut l'excuser, car l'on considère que si la faculté de connaissance est effectivement limitée, certaines choses cependant doivent être connues de tous, notamment dans le domaine de la morale. II. L'ignorance ne peut excuser l'erreur de jugement C'est parce que nous sommes des êtres éthiques que nous avons des devoirs et que nous devons les connaître.

Nous exerçons notre droit à être des individus libres, nous devons donc respecter nos devoirs et surtout, nous ne pouvons les ignorer.

Il faut comprendre que nous ne devons pas les ignorer _ c'est une injonction _ mais aussi il est impossible qu'ils soient ignorés.

Rousseau affirme que nous connaissons naturellement nos devoirs car le sentiment intérieur, l'expérience intime de l'existence, c'est la conscience morale.

Pour Kant, on ne peut ignorer le devoir car la raison nous en fournit une connaissance immédiate.

Quel que soit le dilemme moral dans lequel on pourrait être susceptible de se trouver, il faut toujours agir de telle façon que l'on puisse universaliser la morale de son action.

C'est, au fond, la seule connaissance dont nous avons à être dépositaires pour agir moralement.

C'est pourquoi l'erreur d e jugement n'est jamais excusable.

L'impératif catégorique est pur parce qu'il ne considère pas la fin à poursuivre.

Il vaut donc, non par son contenu (ce qu'il ordonne), mais par sa seule forme (l'obligation non conditionnée), qui est celle m ê m e d e l'universalité.

C'est lorsque l'on commence à réfléchir sur les fins de l'action bonne que l'on se perd dans des évaluations secondaires _c'est le risque d e l'utilitarisme.

L'impératif catégorique énoncé dans le Métaphysique des mœurs permet de trancher immédiatement et de s'assurer de la moralité de son action.

On ne peut, dans ces conditions, ignorer que l'on fait le mal. III. L'aveuglement volontaire Dans certains cas, une dynamique plus puissante que la raison qui évalue le bien-fondé d'un acte intervient dans le processus d'action. Lorsque la psychanalyse freudienne découvre l'inconscient, c'est la possibilité même de la morale qui était mise en danger.

S'il existe en l'homme une autre force que l raison, qui plus est une force et non immédiatement donnée à la conscience, l'homme peut il vraiment sur une volonté morale autonome ? Nous expérimentons une sorte d'instinct moral au quotidien.

Il nous arrive pourtant de commettre des erreurs ou des actions mauvaises en ayant été sincèrement persuadés que nous ignorions que nous agissions mal.

Pourtant, lorsque nous revenons sur cette action a posteriori, l'erreur nous paraît évidente.

Les psychanalystes appellent cet état l'aveuglement volontaire.

Phénomène qui paraît d'ailleurs absolument paradoxale puisqu'il est difficile de concevoir comment l'on peut se mettre soi-même dans l'erreur, puisque l'erreur est justement ce que la conscience ignore.

Dans ce cas précis, c'est dans l'inconscient que se situe la volonté d'aveuglement, par la mise en place d'obstacles psychiques qui viennent recouvrir l'évidence. C'est la mise en échec du bon sens, comme lorsque dans le théâtre de Courtine, le mari qui découvre l'amant de sa femme dans le placard, finit par se laisser convaincre que ce n'est pas ce qu'il croit.

En philosophie politique, l'aveuglement volontaire a été théorisé à l'occasion de l'analyse rétrospective de la guerre du Vietnam et plus tard, lors de la première guerre d'Irak.

La situation au Vietnam était telle que la défaite était évidente, pourtant les analystes qui avaient à l'époque écrits des rapports d'évaluation sur les chances de victoire de l'armée américaine avaient déployé un argumentaire en tout point cohérent mais qui était une complète distorsion de la réalité.

Jean-Yves Haine n'hésite pas à parler d'irrationalité dans les relations internationales. Si la conscience était un bloc homogène, l'ignorance ne pourrait jamais être invoquée comme le facteur explicatif de l'erreur.

Mais la science de l'inconscient, la psychanalyse, nous a appris que l'homme, s'il est un être éthique n'est pas un être pleinement rationnel.

Les actes que l'on peut commettre par aveuglement volontaire n'en sont pas pour autant excusables.

Difficile d'amender le pouvoir politique face aux dégâts de la guerre du Vietnam.

Si donc l'ignorance peut-être un facteur explicatif, elle ne peut être en aucun cas une excuse.. »

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