Liberté et responsabilité ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
RESPONSABILITÉ
Obligation de répondre de ses actes devant une autorité.
On distingue la responsabilité morale (je réponds de mes
actes « en mon for intérieur », c'est-à-dire devant le « forum », le tribunal intime de ma conscience morale) et la
responsabilité sociale devant les tribunaux (responsabilité pénale ou civile).
La responsabilité morale suppose deux
conditions : 1° la connaissance du bien et du mal; 2° la liberté.
La responsabilité pénale est liée à la responsabilité
morale (on cherche à punir l'intention délictueuse).
La responsabilité civile met l'accent moins sur la faute que sur le
dommage, et le responsable est celui qui peut payer réparation (d'où le système des compagnies d'assurance).
Des
« personnes morales », une société anonyme, l'État lui-même, peuvent être civilement responsables.
Liberté:
Contre le sens commun, qui définit la liberté par la possibilité de l'assouvissement des désirs, Kant montre qu'il n'y a
de liberté que dans l'autonomie, c'est-à-dire l'obéissance à la loi morale, qui, issue de la raison, assure notre
indépendance à l'égard de tout motif extérieur et pathologique.
La liberté est alors non pas tant un fait qu'une exigence dont l'homme doit se montrer digne.
Toutefois une telle liberté resterait simplement problématique, si elle n'était attestée par l'expérience morale.
S'il
n'est pas libre au moment d'agir, il n'est plus possible d'imputer à l'homme le mérite ou le démérite qui s'attache à
ses actes.
Quel sens, en effet, pourrait avoir alors le blâme ou la louange ? On pourra objecter - comme le fait Hume
- que c'est au contraire parce qu'une action procède du caractère de l'individu qu'on peut lui en attribuer la
paternité et l'en déclarer responsable.
La sanction elle-même, dans une perspective déterministe, conserve toute sa
valeur : par la menace qu'elle représente, elle dissuade efficacement de mal agir.
Mais alors l'homme n'est guère
différent de l'animal qui, lui aussi, adapte son comportement aux conditionnements qu'on lui fait subir.
Or l'homme ne
veut pas être ramené au rang de l'animal, il refuse d'être traité comme une chose.
Il est une personne et c'est en
tant que personne qu'il revendique la liberté et l'entière responsabilité de ses actes.
II y va, d'abord, de sa dignité.
Dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, Kant (1724-1804)
définit la notion de personne, faisant ainsi de l'homme comme personne morale
un être qui n'a pas de prix, mais est digne de respect car il possède une
valeur absolue : « Dans le règne (des fins tout a un prix ou une dignité» : ce
qui a un prix, ce sont les choses, qui s'échangent et se remplacent ; ce qui a.
une dignité, ce sont les personnes.
Kant prétend ne rien avoir inventé en morale, mais avoir « seulement »
éclairci, porté au concept une con¬naissance de la morale que tout homme
possède même sous forme embrouillée et obscure.
« Si l'on demande quelle est donc à proprement parler la pure moralité, à
laquelle [...] on doit éprouver la valeur morale de chaque action, alors je dois
avouer que seuls les philosophes peuvent rendre douteuse la solution de
cette question; car dans la raison commune des hommes elle est, non à la
vérité par des formules générales abstraites, mais cependant par l'usage
habituel, résolue depuis longtemps, comme la différence de la main gauche et
de la main droite.
» (Critique de la raison pratique.)
Dans les Fondements de la métaphysique des mœurs (1785), Kant part de la
connaissance commune de la morale, pour parvenir à sa formulation
philosophique.
Ce faisant, il est le premier à établir philosophiquement la notion de personne.
Celle-ci provient d'une double lignée.
Elle est .en premier lieu une notion juridique, héritée du droit romain :
une,personne est un être «sui juris», pourvu de droits, par opposition à l'esclave.
Elle est en second lieu une notion
religieuse, héritée en particulier du christianisme, pour lequel chaque homme a une valeur et une dignité égale
devant Dieu, quel que soit son statut social.
Kant oppose les personnes aux choses.
Les choses sont des objets naturels (objets ou animaux) qui ont un prix,
sont interchangeables.
L'homme en tant qu'être moral, capable de se donner ses propres lois au lieu de subir
seulement celles de la nature, n'a pas de prix mais une dignité.
Les choses ont une valeur relative (à nos besoins,
nos inclinations, nos sentiments), les personnes ont une dignité, elles n'ont littéralement pas de prix.
« Dans le règne des fins tout a un prix ou une dignité.
Ce qui a un prix peut être aussi bien remplacé par quel¬que
autre chose, à titre d'équivalent ; au contraire, ce qui est supérieur à tout prix, ce qui par suite n'admet pas
d'équivalent, c'est ce qui a une dignité.
»
(« Fin » s'oppose ici à « moyen » et ne désigne pas, cela va sans dire, la notion de terminaison.)
Enfin, si l'être humain a une dignité, une valeur absolue et non pas relative, l'une des formules qui dicte , l'action à
la volonté se délivre ainsi :
« Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre,
toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.».
»
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