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L'hypothèse de l'inconscient contredit-elle l'exigence morale?

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« La conscience morale désigne la faculté de discerner le bien du mal, donc de choisir entre le bien et le mal.

Ce choix suppose un sujet conscient, libre de penser tout ce qu'il pense, non déterminé.

Mais Freud a mis l'accent sur l'importance du déterminisme psychique dans la vie de chacun. De prime abord, on ne voit pas immédiatement en quoi l'hypothèse de l'inconscient pourrait ruiner la morale.

Il s'agit simplement d'attribuer une structure complexe à la vie psychique au lieu de l'envisager comme absolument claire et transparente à elle-même.

Il convient donc de justifier la question.

Pour cela, pensez aux conséquences pratiques de l'hypothèse de l'inconscient.

Quels sont les enjeux de cette hypothèse et que sacrifie-t-elle ? Dans un premier temps, c'est peut-être l'idée de liberté qui se trouve considérablement relativisée à travers l'inconscient puisque ce que nous croyons vouloir, aimer, désirer ou fuir est fortement déterminé par des raisons inconscientes qui nous échappent.

Ainsi, dire " je veux " apparaît comme une certaine illusion de volonté.

Or la morale renvoie à l'ensemble des réponses à la question " que dois-je faire ? " et lorsqu'on sait que l'obéissance au devoir est obéissance libre et autonome à la loi morale, là où il n'y a plus de liberté, il n'y a plus de morale et la morale qui exige un choix délibéré, une action désintéressée et libre pour avoir un sens, est effectivement quelque peu décalée à travers l'inconscient. Est-ce que je fais le bien ou le mal parce que le veux ? Suis-je vertueux ou vicieux parce que je l'ai décidé ou parce que mon histoire psychologique me conduit malgré moi à être ou faire ceci plutôt que cela ? Pour autant, vous ne devrez pas oublier que la psychanalyse fustige les fausses morales qui ne sont suivies que par conformisme par rapport aux exigences sociales, mais la vraie morale se moque bien de ce moralisme social.

De plus, l'hypothèse de l'inconscient s'accompagne toujours de cette croyance en la possibilité pour l'homme de se libérer des déterminations inconscientes, ce qui laisse ouverte la voie d'une ré-appropriation par l'homme de sa liberté. Ce déterminisme ruine-t-il la morale? 1) La dépossession morale de soi L'inconscient est bien un danger pour le moi puisqu'il le manipule à son insu et rend illusoire le privilège de la conscience (vérité première, toujours accessible). Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais aussi d'actes quotidiens s'expliquent si l'on admet l'hypothèse de l'inconscient.

Il y aurait en nous u « réservoir » de forces et de désirs (ou pulsions) dont nous n'aurions pas conscience, mais qui agiraient sur nous.. Pour le dire brutalement, en ce sens, l'homme n'agirait pas (ne choisirait pas ses actes e toute connaissance de cause, dans la clarté), mais serait agi (c'est-à-dire subirait, malgré lui, des forces le contraignant à agir) : il ne serait pas « maître dans sa propre maison », il ne serait pas maître de lui. Empruntons à Freud un exemple simple.

Un président de séance, à l'ouverture dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je déclare la séance ouverte ».

Personne ne peut se méprendre sur ses sentiments ; il préférerait ne pas être là.

Mais ce désir (ne pas assister au colloque) ne peut s'exprimer directement, car il heurterait la politesse, les obligations sociales, professionnelles, morales du sujet.

Notre président subit donc deux forces contraires : l'une parfaitement en accord avec les obligations conscientes, l'autre qui ne l'est pas et qui ne peut s'exprimer directement, ouvertement. Il y a donc conflit, au sein du même homme, entre un désir conscient, conforme aux normes morales et un autre désir plus « gênant ».

Or, dans notre exemple, ce second désir, malgré la volonté de politesse du président, parvient à s'exprimer, mais de façon détournée, anodine : on dira que « sa langue a fourché ». Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veut pas être là.

Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire que j'ignore moimême ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre.

Or pour Freud le cas est exactement identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignoré par le sujet.

Il n'y a pas d'actes innocents ou anodins.

Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi de deux forces. L'hypothèse Freudienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux » (oubli, actes manqués, rêves), mais aussi « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent en gros selon le même schéma.

L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfois extrêmement violent entre les normes conscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirs qui bousculent et négligent ces règles.

Ce second groupe de désirs, le sujet les trouverait, s'il en avait conscience, tellement monstrueux, qu'ils ne peuvent parvenir à la conscience que sous une forme voilée, déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif. Le symptôme est donc un compromis entre le désir inconscient et inavouable que je subis, et les normes conscientes et morales que j'accepte.

« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'ai pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même, ce conflit, ce symptôme.. »

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