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L'Hypnose

Extrait du document

« « Le doute est le sel de l’esprit ; sans la pointe du doute, toutes les connaissances sont bientôt pourries. J’entends aussi bien les connaissances les mieux fondées et les plus raisonnables.

Douter quand on s’aperçoit qu’on s’est trompé ou que l’on a été trompé, ce n’est pas difficile ; je voudrais même dire que cela n’avance guère ; ce doute forcé est comme une violence qui nous est faite ; aussi c’est un doute triste ; c’est un doute de faiblesse ; c’est un regret d’avoir cru, et une confiance trompée.

Le vrai c’est qu’il ne faut jamais croire, et qu’il faut examiner toujours.

L’incrédulité n’a pas encore donné sa mesure.

Croire est agréable. C’est une ivresse dont il faut se priver.

Ou alors dites adieu à liberté, à justice, à paix.

Il est naturel et délicieux de croire que la République nous donnera tous ces biens ; ou, si la République ne peut , on veut croire que Coopération, Socialisme, Communisme ou quelque autre constitution nous permettra de nous fier au jugement d’autrui, enfin de dormir les yeux ouverts comme fond les bêtes.

Mais non.

La fonction de penser ne se délègue point.

Dès que la tête humaine reprend son antique mouvement de haut en bas, pour dire oui, aussitôt les rois reviennent.

» Alain, « Libres propos » Introduction Comment garantir les connaissances, progresser dans la vérité, respecter la liberté, construire un monde de justice et de paix sans un doute délibéré et réfléchi ? Telle est la question à laquelle répond le texte en établissant une définition du doute formulée en termes métaphoriques : le doute est le sel de l'esprit. Le texte s'emploie à justifier cette définition en opposant le doute qui y correspond au doute forcé.

Il établit que le doute véritable est une tâche critique, un travail d'examen.

Le texte se termine sur une alternative : douter ou « dire adieu à la liberté ».

Une telle alternative correspond à une épreuve par les conséquences de la définition et redouble l'argument de la nécessité du doute dans le domaine de la connaissance afin d'emporter définitivement l'assentiment du lecteur.

Mais Alain définit le doute contre toute croyance et fait de l'incroyance un impératif.

Or, s'il est vrai qu'il n'est pas rigoureux d'entreprendre sans s'être auparavant interrogé, comment pourrait-on entreprendre sans croire ? I.

Étude ordonnée 1.

Définition du doute. Alain procède à une définition du doute : « le doute est le sel de l'esprit», en empruntant, sans aucun présupposé religieux, la métaphore du sel à une formule consacrée de l'Évangile : « vous êtes le sel de la terre ».

Le mot « sel » a un sens métaphorique.

Le sel est ce qui donne la saveur aux aliments et ce qui les conserve.

De même que le sel conserve les aliments, de même le doute garantit le sérieux des connaissances.

«Sans la pointe du doute», les connaissances sont «pourries».

La pointe du doute n'est pas une pointe d'épée qui blesse et détruit, mais une sorte de pointe de feu qui cautérise et assainit.

Le sel a un pouvoir actif, il fortifie et fait revenir à lui-même l'être humain victime d'un malaise.

Sans le doute, l'esprit s'éteint et s'évanouit.

Le doute est la condition de la vie intellectuelle, mieux, il est la vie intellectuelle en acte.

Sans l'épreuve du doute, les connaissances dégénèrent, car l'acte de connaissance suppose le jugement qui relève de la volonté.

Toute véritable connaissance s'effectue par l'activité de l'esprit dont le doute est à la fois l'instrument et la réalisation. Le doute qui porte sur les connaissances les mieux fondées et les plus raisonnables provient de cette volonté de tout reprendre jusqu'au fondement, qui est celle de Descartes dans le,patient cheminement des Méditations.

Le doute ne tient pas seulement à une suspicion des sens ou à l'incertitude de nos représentations due à la confusion toujours possible entre une perception effective et une hallucination.

Le doute de Descartes se veut total et, pour ce faire, il doit ébranler toute certitude, y compris celle des mathématiques. Descartes envisage alors l'idée d'un Dieu trompeur qui, abusant de sa toute puissance, induirait en erreur l'esprit dans l'exercice des mathématiques.

Les mathématiques cessent d'apparaître comme certaines en même temps que l'esprit, qui ne sait rien de Dieu, ne peut être assuré d'avoir raison d'en douter.

Mais pour s'attaquer « aux connaissances les mieux fondées et les plus raisonnables » et non pas seulement aux représentations ou aux connaissances incertaines, Descartes en vient à forger l'hypothèse d'un malin génie qui tromperait l'esprit à chaque instant.

Il se donne ainsi le moyen de généraliser l'incertitude au point de devoir suspendre toute affirmation.

Le doute résulte d'une entreprise menée par une pensée active, qui le réactualise autant qu'elle le veut.

Le doute ne devient hyperbolique que par l'effet d'une volonté de le radicaliser. 2.

Explication de la définition et position de la thèse du texte. a) Pour établir sa définition, Alain oppose à ce doute véritable un doute forcé et inutile.

Alain s'attache d'abord à circonscrire le doute consécutif à la reconnaissance d'une erreur.

Lorsque par exemple un élève de terminale confond la thèse de Spinoza sur le renoncement au droit de nature avec celle de Hobbes, il n'est pas difficile, textes à l'appui, de lui montrer que pour Spinoza le droit naturel est inaliénable.

Le doute est facilement introduit dans son esprit et il est, à la limite, inutile puisque l'élève se rend compte qu'il a tort.

À moins d'être entêté, il est contraint d'abandonner son point de vue.

Il est clair que ce doute n'a rien à voir avec le difficile chemin du doute délibérément entrepris.

Le doute «forcé», qui est «comme une violence qui nous est faite » se contredit et s'annule lui-même.

Il revient à une croyance.

Car il n'est pas possible de douter sans décider de douter.

La tristesse de ce doute, qui n'en n'est pas un, s'explique par sa passivité.

Or la passivité est une caractéristique des passions, dont Spinoza explique qu'elle est redoublée lorsque la passion diminue notre puissance d'agir et s'accompagne de tristesse.

Le doute triste est donc bien. »

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