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l'homme est-il naturel ?

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« L'homme est un être dont on peut se demander quelle est sa place au sein de la nature, dans la mesure où il est le seul être capable de maîtriser la nature (Descartes, Discours de la méthode : "Se rendre comme maître et possesseur de la nature").

Par son art (au sens grec de tekhnè), l'homme sort donc de la nature pour mieux la contrôler et ainsi subvenir à ses besoins.

Or, ces besoins n'ont-ils pas précisément une origine naturelle ? La volonté humaine de sortir de la nature pour mieux la connaître et la maîtriser ne pourrait-elle pas elle-même constituer un effet de la nature ? Quel lien faut-il établir entre l'homme et la nature présente en lui pour pouvoir saisir celui que l'homme instaure avec la nature environnante ? I.

L'homme n'est pas entièrement un être naturel, car son essence dépasse toute naturalité possible : la perspective kantienne. -Selon Kant, l'homme appartient à deux mondes : l'un, déterminé, est celui des phénomènes ; l'autre, indéterminé, est celui des choses en soi.

La nature, c'est l'ensemble des phénomènes qui s'offrent à notre pouvoir subjectif de représentation.

Le sujet de cette représentation constitue la condition a priori de cette représentation, il lui échappe donc par nature. 1.

D'après Kant, nous ne pouvons nous présenter les phénomènes que sous les formes de l'espace et du temps; et les phénomènes ainsi représentés sont enchaînés les uns aux autres par un déterminisme inflexible.

Comment alors admettre la liberté ? Le seul moyen, c'est de mettre en question la valeur de la science, de montrer qu'elle n'est pas la représentation exacte du réel, et que, par suite, la liberté est possible en réalité.

Or, telle est précisément la conclusion de la Critique de la Maison pure.

Celle-ci établit que le monde tel qu'il nous apparaît et qui est soumis au déterminisme, n'est qu'un monde apparent, tout relatif à la constitution de notre esprit, et que, par conséquent, nous n'avons pas le droit de conclure de ce qui apparaît à ce qui est.

Il peut donc y avoir, dans le noumène, une causalité libre.

Or, la raison pratique transforme pour nous cette possibilité en nécessité.

Elle ne nous prouve pas cette liberté fondamentale ; elle nous oblige à y croire. 2.

Ainsi donc, d'une part, la science implique le déterminisme universel ; d'autre part, le devoir postule la liberté.

Comment lever cette antinomie? Kant distingue dans l'homme deux espèces de causalités et de caractères : les caractère et causalité empiriques (homme-phénomène) ; les caractère et causalité intelligibles (homme-noumène). a) Le caractère empirique, c'est l'homme en tant qu'il se connaît, qu'il s'apparaît à lui-même : c'est-à-dire une série de phénomènes (faits de conscience) reliés entre eux par une loi, loi qui s'exprime par le mot : moi.

Cette expression ne signifie rien autre que l'unité de notre perception.

En d'autres termes, nous ne pouvons apercevoir les faits de conscience, qui sont plusieurs, successifs, qu'en les reliant les uns aux autres par la causalité.

Notre caractère empirique n'est donc qu'une série de phénomènes unis par la causalité empirique, c'est-à-dire déterminés.

De ce point de vue phénoménal, la formule déterministe (antithèse de l'antinomie), « il n'y a pas de causalité libre », est donc vraie. b) Le caractère intelligible ou nouménal, c'est l'homme tel qu'il est réellement, comme être en soi, comme noumène. Ce caractère n'est pas dans le temps; il est supérieur au temps; il jouit de la propriété de la causalité absolue, non déterminée, libre, c'est lui qui, par un acte hors du temps, détermine la série des effets phénoménaux, qui eux, se déroulent dans le temps, et forment notre caractère empirique. Cette solution semble avoir été admise par certains savants qui, comme le dit Poincaré, « sont déterministes, quand ils font de la science, mais croient à la liberté, quand il s'agit de la conduite de leur vie ». -L'homme, en échappant à la condition déterminée des phénomènes naturels, peut lui-même déterminer ces phénomènes par sa raison, à travers ce que Kant nomme les "impératifs hypothétiques", où il s'agit de trouver les moyens pour réaliser une fin déterminée.

En ce sens, l'homme se représente une nature qui se conforme aux structures mêmes de sa subjectivité, l'homme échappant par lui-même au déterminisme de cette condition objectale, c'est-à-dire déterminée, de la nature ; l'homme est la condition de la représentation, et comme tel il échappe aux conditions mêmes de cette représentation. II.

La volonté même de connaître et de maîtriser la nature vient d'une nécessité elle-même naturelle. -Nietzsche refuse à l'homme une nature qui dépasserait toute condition naturelle possible, comme chez Kant.

Pour Nietzsche, l'homme est intrinsèquement naturel, au sens où son être est intégralement déterminé par les forces obscures de la nature.

Et la volonté même de connaître et de maîtriser la nature prennent leur source dans ces forces inconscientes de la nature qui sont à l'oeuvre dans l'homme.

Nietzsche distingue le "moi" du "soi" : le "moi", c'est l'homme tel qu'il se perçoit lui-même, comme conscience libre ; le "soi", c'est la force naturelle qui est à. »

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