l'homme est-il fait pour le travail ?
Extrait du document
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Définition des termes du sujet
Parler de l'homme, c'est parler des individus humains dans leur ensemble, en tant qu'ils constituent une espèce, au
sens où l'on parle d'espèce animale.
« être fait pour », c'est être destiné à ; cette destination peut se comprendre en deux sens : ou bien elle est
naturelle, elle est incluse dans l'essence de l'espèce à laquelle on appartient ; ou bien elle est secondaire, elle vient
à l'existence en raisons des conditions de vie qu'offre le monde, elle apparaît alors comme une nécessité sans être
pour autant incluse dans la nature humaine.
Le travail, c'est l'ensemble des activités de production auxquelles l'homme s'applique sous diverses formes.
Cela
suppose un mode de vie comportant de nombreuses contraintes qui peuvent paraître artificielles ou antinaturelles :
par exemple un découpage strict et régulier du temps, une discipline de vie très codifiée, qui semblent contrevenir à
l'idée d'une vie naturelle.
Le travail est un phénomène qui concerne l'humanité dans son ensemble : il peut dont paraître polémique de
demander si l'homme est fait pour le travail.
C'est ainsi qu'il va falloir interroger les fondements du travail humain,
décider si ces fondements sont naturels ou culturels, pour pouvoir définir dans quelle mesure le travail est un
phénomène inscrit dans l'humanité comprise comme espèce, ou bien dans quelle mesure il est un phénomène
aliénant pour l'homme en ce qui concerne sa nature.
Proposition de plan
I.
Le travail, un mal nécessaire méprisé par les hommes ?
Une première position pourrait consister à décrire l'attitude de réticence
s'il ne pouvait pas se passer de son existence mais qu'il était en même
ambivalence de la relation de l'homme au travail peut être une piste
destination de l'homme au travail, parce qu'elle pose à la fois la question
son rejet du travail comme activité.
de l'homme par rapport au travail, comme
temps rétif à y consacrer du temps.
Cette
efficace pour travailler la question de la
du besoin de travail de l'homme et celle de
Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne
Dire que le travail et l'artisanat étaient méprisés dans l'antiquité parce qu'ils étaient réservés aux esclaves, c'est un
préjugé des historiens modernes.
Les Anciens faisaient le raisonnement inverse : ils jugeaient qu'il fallait avoir des
esclaves à cause de la nature servile de toutes les occupations qui pourvoyaient aux besoins de la vie.
C'est même
par ces motifs que l'on défendait et justifiait l'institution de l'esclavage.
Travailler, c'était l'asservissement à la
nécessité, et cet asservissement était inhérent aux conditions de la vie humaine.
Les hommes étant soumis aux
nécessités de la vie ne pouvaient se libérer qu'en dominant ceux qu'ils soumettaient de force à la nécessité.
La
dégradation de l'esclave était un coup du sort, un sort pire que la mort, car il provoquait une métamorphose qui
changeait l'homme en un être proche des animaux domestiques.
C'est pourquoi si le statut de l'esclave se modifiait,
par exemple par la manumission, ou si un changement des conditions politiques générales élevait certaines
occupations au rang d'affaires publiques, la « nature » - de l'esclave changeait automatiquement.
L'institution de l'esclavage dans l'antiquité, au début du moins, ne fut ni un moyen de se procurer de la maind'oeuvre à bon marché ni un instrument d'exploitation en vue de faire des bénéfices ; ce fut plutôt une tentative
pour éliminer des conditions de la vie le travail.
Ce que les hommes partagent avec les autres animaux, on ne le
considérait pas comme humain.
(C'était d'ailleurs aussi la raison de la théorie grecque, si mal comprise, de la nature
non humaine de l'esclave.
Aristote, qui exposa si explicitement cette théorie et qui, sur son lit de mort, libéra ses
esclaves, était sans doute moins inconséquent que les modernes n'ont tendance à le croire.
Il ne niait pas que
l'esclave fût capable d'être humain ; il refusait de donner le nom d' »hommes » aux membres de l'espèce humaine
tant qu'ils étaient totalement soumis à la nécessité.) Et il est vrai que l'emploi du mot « animal » dans le concept
d'animal laborans, par opposition à l'emploi très discutable du même mot dans l'expression animal rationale, est
pleinement justifié.
L'animal laborans n'est, en effet, qu'une espèce, la plus haute si l'on veut, parmi les espèces
animales qui peuplent la terre.
II.
La destination sociale de l'homme au travail
Si l'on se concentre sur le premier aspect de l'ambivalence de la position de l'homme par rapport au travail, c'est-àdire sur son besoin du recours au travail, il apparaît que le travail est une nécessité sociale, que toute organisation
humaine a des besoins que seul le travail permet de combler, que ce soit à un niveau primaire, en organisant les
travaux que sont la chasse ou la cueillette, ou à un niveau plus élaboré, en organisant le travail au sein de la
société, auquel cas le travail relève aussi de la sphère du pouvoir politique.
La destination de l'homme, comme
créature sociale, au travail, semble alors inéluctable.
Machiavel, Discours sur la première décade de Tite-Live.
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