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l'homme est-il conscient ou inconscient ?

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« La conscience renvoie à deux sens distincts qu'il convient de distinguer 1) En un premier sens la conscience désigne un sentiment que le sujet peut avoir de soi-même et de sa propre identité .

Il s'agit donc d'une connaissance qui porte sur l'existence même du sujet qui a conscience, et qui concerne soit ses propres états soit ses actions, ainsi que sur le monde extérieur 2) au sens moral la conscience désigne la capacité de porter des jugements moraux, c'est-à-dire des jugements éthiques sur le bien et le mal.

On peut avoir le sentiment que la conscience au premier sens caractérise bien l'être de l'homme, puisque l'homme a la capacité de se prendre lui-même pour objet de ses pensées.

Pourtant force est de constater qu'il y a des comportements humains que l'on ne peut pas expliquer si l'on ne veut voir dans l'homme qu'un être conscient.

Il faut donc accepter qu'en ce qui concerne la connaissance qu'il a de lui-même, l'homme est un être mixte, qui n'est que partiellement conscient.

Mais est-ce que le fait que l'homme ne soit pas intégralement conscient de lui-même au sens cognitif doit remettre en question sa dimension morale, c'est-à-dire la conscience au deuxième sens comme capacité à porter des jugements éthiques sur ce que sont les actions bonnes qu'il faut faire, et les actions mauvaises qu'il faut éviter ? I.

L'homme est un être conscient parce que sa pensée a la capacité de se prendre elle-même pour objet Se demander si l'homme est un être conscient revient à se demander si l'homme a la capacité de se prendre lui-même pour objet de pensée, et si cette capacité lui permet d'accéder à la certitude de son existence et à la connaissance de sa propre nature.

Le doute méthodique tel que le met en place Descartes dans les Méditations métaphysiques, 1, répond à cette question.

Pour trouver une vérité certaine, Descartes considère qu'il faut provisoirement faire comme si tout ce que l'on croyait été faux. Descartes radicalise même ce doute méthodique en doute hyperbolique en utilisant la fiction du malin génie.

Cette fiction consiste à imaginer qu'un malin génie nous trompe sur tout et que donc l'on ne peut être certain de rien, pas même que 2 + 3 = 5, puisque ce malin génie pourrait me faire croire que c'est le cas alors qu'il n'en est rien.

Or au terme de cette radicalisation du doute, Descartes formule cette première vérité inébranlable qu'est le cogito.

Cela consiste à dire que même si ce malin génie me trompe sur ce que je crois être, il ne peut me tromper sur mon existence elle-même car pour penser il faut bien être.

La première vérité certaine, à laquelle peut accéder l'esprit humain touche donc sa propre existence.

Or puisque ce qui permet d'être certain que l'on existe c'est le fait que l'on pense, l'homme découvre dans l'épreuve du doute sa propre nature qui est d'être une substance pensante, un esprit.

Ayant accès à la certitude de sa propre existence et à sa nature, l'homme est donc un être conscient. II.

L'homme n'est pas un être conscient au sens où ce qui détermine la plupart de ses actions échappe à sa conscience En suivant le raisonnement de Descartes on peut avoir le sentiment que l'homme est un être intégralement conscient, puisqu'il peut toujours se rapporter à lui-même et s'assurer de la certitude de son existence et connaître sa propre nature.

Mais comme le remarque Freud dans, Métapsychologie, l'inconscient, les données de la conscience sont lacunaires.

En effet il y a tout un ensemble de comportements humains que l'on ne parvient pas à expliquer si l'on n'envisage l'homme que comme un être conscient.

Les actes manqués, par exemple, qui sont des actes que le sujet ne fait pas intentionnellement, comme le fait par exemple d'oublier un rendezvous important.

Ou bien encore les rêves ou les symptômes de certaines maladies psychiques comme la névrose, ne peuvent s'expliquer que par des faits inconscients.

Ainsi, on pourra considérer que les symptômes d'un névrosé s'expliquent par le fait que les interdits imposés par le sur-moi interdisent la réalisation de certains désirs inconscients, et que ces désirs cherchent à se réaliser de manière détournée.

Ainsi en faisant l'hypothèse d'un inconscient psychique, ces faits deviennent explicables.

L'hypothèse de l'inconscient est donc scientifiquement nécessaire et légitime.

On ne peut donc pas envisager l'être humain seulement comme un être conscient, mais comme un être qui est aussi dirigé dans ses actions par des mobiles inconscients. III.

Ce n'est pas parce que l'homme est partiellement dirigé par des pulsions inconscientes qu'il ne doit pas être tenu pour un être conscient sur le plan moral. Si l'homme est mû par des pulsions inconscientes qui dirigent ses actions en dépit de ses intentions conscientes, doit on considérer que l'homme n'est pas responsable de ses actes ? Penser de la sorte reviendrait à penser que l'homme n'est pas un être libre (parce qu'il serait dirigé par un déterminisme psychologique qu'il ignore).

Or nier la liberté de l'homme, c'est nier sa responsabilité et par la même sa dimension d'être moral, c'est-à-dire sa conscience au deuxième sens du terme, au sens de conscience morale, alors que cette dernière semble être un trait fondamental de l'humain.

Pour surmonter cette aporie, Kant considère qu'il faut penser l'homme comme un être doué d'une double nature, nouménale et phénoménale.

Comme être phénoménal, l'homme peut être pensé à partir de la nature, et tomber sous le coup d'un déterminisme psychologique, qui lui ôte partiellement sa liberté.

Mais comme être nouménal, l'homme est doué d'une liberté transcendantale, ce qui signifie qu'il est toujours libre de faire son devoir, et donc responsable de ses actes.

Dans la Critique de la raison pratique Kant précise que cette responsabilité est aussi ce qui lui donne une valeur (absolue), contrairement aux choses qui n'ont qu'un prix (relatif).

On voit donc que si l'homme peut être envisagé comme un être mixte, à la fois conscient et inconscient, ce caractère double de l'être humain ne doit pas amener à penser que l'homme n'est pas un être conscient au sens de la conscience morale.

Le faire serait porter atteinte à la valeur absolue de la personne humaine. Conclusion L'homme peut-être envisagé comme un être conscient au sens où il a toujours la possibilité de se rapporter à lui-même par la pensée pour accéder à la certitude de son existence et à la connaissance d e sa propre nature d'être pensant.

Mais il ne saurait être envisagé comme un être exclusivement conscient, car il y a tout un ensemble de comportements humains que l'on ne parvient pas à expliquer si l'on n'accepte pas de faire l'hypothèse d'un inconscient psychique qui détermine pour partie certaines de nos actions.

Pour autant, le fait de reconnaître que l'homme est pour partie un être inconscient ne doit pas amener à dénier à l'homme une conscience morale.

En effet cette conscience morale est ce qui confère à l'homme une valeur absolue.

Dénier à l'homme cette conscience morale sous prétexte que certaines de ses actions sont déterminées de manière inconsciente reviendrait donc à porter atteinte à la valeur de la personne humaine.. »

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