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L'homme doit-il être compris ou expliqué ?

Extrait du document

« Comment démarrer votre dissertation et trouver le plan. 1.

Attention : dans un sujet de ce type, attachez-vous bien au concept d'homme, dont le sens commande la problématique et l'articulation de la dissertation.

Bien entendu, ce n'es* pas l'homme comme réalité biologique qui doit être envisagé ici, mais l'homme comme existence spirituelle et sociale. 2.

L'analyse des termes « compris » et « expliqué » montre leur opposition : le premier renvoie à la recherche, de l'intérieur, d'un sens, alors que l'explication désigne l'acte consistant à trouver une relation extérieure entre deux objets.

De cette opposition naît le problème : l'homme peut-il être saisi de l'extérieur? 3.

Le plan dialectique est presque évident dans ce type de sujet : — Thèse : l'homme doit être compris. — Antithèse : l'homme doit être expliqué. — Synthèse : l'homme doit être compris et expliqué. 4.

L'analyse des termes et de leur opposition vis-à-vis du terme « homme » est le moteur de la discussion. A.

Introduction L'intitulé du sujet ne doit pas faire illusion ni engendrer de contre-sens.

Le concept d'homme ne renvoie pas ici à la réalité biologique de notre espèce, mais bel et bien à l'homme considéré comme un sujet conscient, défini avant tout comme une réalité spirituelle et sociale. Qu'est-ce que comprendre ? C'est, de l'intérieur, saisir un sens ou une signification.

Au contraire, expliquer, c'est trouver de l'extérieur une relation entre deux choses.

La compréhension appréhende le sens du vécu, alors que l'explication dégage des rapports et rend intelligible un phénomène en le rattachant à une loi ou à une détermination causale. Dès lors, si l'homme se définit fondamentalement comme un sujet conscient, l'intitulé de la question semble conduire à la répudiation de toute explication en ce qui concerne le sujet humain.

En effet, le sujet humain relève d'abord d'une méthode compréhensive, dans la mesure où il représente un ensemble de significations s'offrant à l'intuition de l'observateur.

L'explication paraît s'appliquer exclusivement aux déterminations objectives des choses et le problème est alors de faire surgir une vision de l'homme nous ouvrant à un schéma explicatif possible. B.

Discussion 1.

Thèse : L'homme doit d'abord être compris Que l'homme soit d'abord objet de compréhension, nous pouvons le démontrer aisément.

L'homme se présente fondamentalement comme un sujet et il s'agit pour l'observateur, que ce soit dans le domaine de la psychologie ou dans celui de l'histoire, par exemple, de ressaisir l'intimité et le contenu de l'expérience vécue appartenant à ce sujet, à travers les expressions, les signes ou les documents manifestant cette expérience vécue.

Ainsi l'historien qui étudie la guerre de 1914 tente-t-il, à travers les documents, de reconstruire le vécu psychologique des agents de cette guerre en sympathisant avec ce vécu, par intuition (au sens étymologique du terme « sympathiser » : coïncider avec).

En effet ce qui intéresse d'abord l'historien, c'est l'esprit qui s'exprime à travers les documents et les témoignages : il s'agit pour lui de comprendre l'esprit, c'est-à-dire des significations psychologiques.

En ce sens, l'homme est d'abord objet de compréhension, processus par lequel nous atteignons le psychique à travers des faits sensibles qui le manifestent. La compréhension définie de cette manière semble caractériser la connaissance de l'homme à tous les niveaux : elle va de l'intelligence des balbutiements enfantins à celle d'Hamlet ou de la Critique de la raison pure.

A travers les écrits, les signes gravés dans le marbre, la musique, les gestes, c'est toujours le même esprit humain qui s'offre à nous et demande à être compris.

Comme l'écrivait Dilthey, nous expliquons la nature (de l'extérieur), mais nous comprenons la vie psychique (de l'intérieur). 2.

Antithèse L'homme doit être compris, senti par intuition, disions-nous, parce qu'il représente avant tout un sujet conscient. Mais ce sujet donateur de sens, ce sujet conscient ne peut-il se dissoudre au profit d'autre chose ? En ce cas, la notion d'homme se modifiant, une voie autre que celle de la compréhension pourrait être envisagée.

Si l'homme comme sujet quitte le champ du savoir, alors la compréhension disparaît au profit d'une autre méthode. C'est précisément ce qui est advenu avec les travaux structuralistes, illustrés essentiellement par les recherches de C.

Lévi-Strauss.

Il ne s'agit plus, dans cette perspective, de comprendre l'homme, lequel quitte comme sujet la place royale qu'il occupait pour se dissoudre dans des structures, c'est-à-dire des totalités où chaque élément n'a de sens que par rapport à l'ensemble.

Le sujet, auparavant fondement et centre, est refoulé désormais par les structures d'éléments diversement combinés. Dans cette perspective, l'idéal d'explication l'emporte : il s'agit désormais de formuler des lois ou des déterminations causales, en s'inspirant de la formalisation mathématique.

La rigueur mathématique s'applique alors au champ de recherche humain.

Mais alors, si l'homme est expliqué, il disparaît en même temps au profit des structures, comme le notait Lévi-Strauss : le but des sciences humaines est de dissoudre l'homme, écrivait-il dans La pensée sauvage.. »

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