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L'existence d'autrui en question

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« VOCABULAIRE: AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.

2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas moi.

3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est pas moi (alter)." (Sartre).

Les autres hommes, mon prochain.

C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un moi autre, une personne). Exister / Existence: * Exister: qualifie le fait d'appartenir à un ordre quelconque de réalité même abstrait.

Être réellement, constituer une partie du monde sensible. * Existence: Par opposition à néant: le fait d'être ou d'exister.

Par opposition à essence: mode d'être de l'homme, en tant qu'il ne se laisse enfermer dans aucune essence ou nature déterminée. A.

Chacun est seul avec lui-même La découverte du sujet pensant par Descartes est en même temps l'expérience d'une solitude radicale.

Descartes, s'efforçant de révoquer toutes choses en doute, s'avise que demeure une certitude inébranlable : à savoir le fait même qu'il doute, qu'il existe comme être pensant.

Mais cette certitude est, à ce moment-là, l'unique certitude.

« Je suis une chose qui pense », affirme Descartes dans les Méditations métaphysiques, mais il se peut que « les choses que je sens et que j'imagine » ne soient « rien du tout hors de moi et en elles-mêmes ».

Découvrant la certitude de ma propre existence, je ne puis pour autant affirmer l'existence d'aucune autre chose en dehors de moi. A fortiori, l'existence d'autres consciences que la mienne demeure problématique.

Ma conscience est la seule conscience dont j'ai directement l'expérience.

Tout le reste n'est qu'objet pour elle, pur spectacle pour un unique spectateur... B.

Je juge des autres à partir de moi-même Conscient de cette difficulté, Malebranche, un disciple de Descartes, avance une solution qu'on pourrait qualifier d'intellectualiste : c'est par l'exercice de l'intelligence, par un raisonnement que j'arrive à démontrer l'existence d'autrui et à savoir qui il est.

Sans doute est-il impossible d'accéder à la conscience des autres et de connaître leurs pensées et leurs sentiments véritables (je ne suis pas « dans leur tête », comme on dit).

Je peux néanmoins, à partir de la connaissance que j'ai de mes propres états de conscience, émettre des hypothèses sur ce qui se passe dans la conscience des autres.

C'est le raisonnement par analogie qui sera ici mon guide.

« J'aime le bien et le plaisir, je hais le mal et la douleur, écrit Malebranche, et je ne me trompe point de croire que les hommes [...] ont ces inclinations ».

Si les autres sont des hommes, ils doivent suivre comme moi les lois de l'humaine nature. Le Larousse définit le solipsisme comme venant du latin solus, seul, et ipse, soi-même.

En philosophie, le solipsisme est une "doctrine, conception selon laquelle le moi, avec ses sensations et ses sentiments, constitue la seule réalité existante.".

On trouve cette idée chez Descartes qui affirme qu'on parvient à prendre conscience de son humanité au prix d'une formidable ascèse solitaire.

Ainsi chez Descartes, la conscience est un sujet qui se réfléchit lui-même en dehors du monde et à l'écart d'autrui.

C'est en niant le monde que la conscience se découvre.

Elle se pose dans la réflexion comme nature simple, absolue.

Elle jaillit directement et immédiatement dans sa résistance à tous les efforts du doute.

Chez Bergson la conscience de soi est aussi immédiate, elle est l'objet d'une saisie intuitive qui met l'homme de plain-pied au contact de son être. La démarche qu'a suivie Descartes est passée par le solipsisme, c'est-à-dire la réfutation de l'existence d'autrui et plus généralement du monde extérieur en tant qu'il existe en soi.

C'est l'attitude de Hegel déclarant : « le monde est ma création », c'est-à-dire que le monde extérieur n'est qu'une création projetée de mon esprit qui est ma certitude essentielle. Mais, selon Descartes, le solipsisme n'est qu'une étape dangereuse et qu'il faut dépasser.

Le danger venant de ce que le solipsisme étant irréfutable ne fait pas réellement face aux nécessités extérieures.

C'est ce que Schopenhauer exprima en déclarant : « le solipsiste est un fou enfermé dans un blockhaus imprenable ». C.

On ne peut douter de l'existence d'autrui Tous les logiciens savent que le raisonnement par analogie ne conduit qu'à des conclusions probables.

Or, l'existence d'autrui (à défaut de la connaissance exacte de ce qu'il est) est pour moi une certitude originaire, antérieure à toute connaissance.

Husserl l'a bien montré : notre conscience reconnaît l'existence d'autres consciences dans un sentiment originaire de « coexistence ».

Le monde dans lequel je vis n'est pas un monde de choses, mais un monde humain, c'est-à-dire un monde qui porte dans tous ses aspects l'empreinte de mes semblables, un monde où tout est signe, symbole, message.

Cette communauté originaire des consciences au sein de laquelle chacun se constitue comme sujet vis-à-vis des autres, Husserl l'appelle l'intersubjectivité.. »

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