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L'Europe a-t-elle une unité spirituelle ?

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« [L'Europe peut être définie comme le continent de la pensée.

Pensée ambivalente, tantôt raciste, tantôt généreuse, donnant lieu aux pires horreurs (les camps nazis) et aux plus beaux rêves: la paix entre les nations.] L'Europe est la patrie de la philosophie Pour Alexis Philonenko, la pensée -la philosophie - est peut-être ce qui définit le mieux notre continent.

De Platon à Hegel, l'Europe a accumulé un patrimoine intellectuel imposant (métaphysique, éthique, politique, etc.).

Cet espace de pensée, cet «archipel», constitue la conscience - parfois la mauvaise conscience - de l'Europe. «L'Europe apparaît, sur la carte du monde, comme un espace de pensée, renfermant des représentations, des concepts, des problèmes.

C et espace de pensée est la conscience européenne.» A lexis Philonenko, L'A rchipel de la conscience européenne Le XVIIIe siècle inaugure un racisme sous-jacent Alors que les Lumières proclament haut et fort les principes de la tolérance et de l'égalité entre les hommes, Buffon, dans son Histoire naturelle, jette les bases d'une philosophie de l'«Untermencch» (sous-homme) qui, chez lui, s'incarne dans le Groenlandais.

On sait comment cette idéologie conduira à l'extermination des Juifs... L'Europe se définit par le rejet de la guerre « Europe vit dans la mauvaise conscience de son passé.

Nous recherchons l'oubli en témoigne le fait qu'il n'y a pratiquement pas de films sur la guerre d'Algérie.

Par contrecoup, l'Europe est devenue un espace où la guerre n'est plus envisageable - et c'est peut-être ce qui fait son unité. Ce qui fait l'unité de l'Europe, c'est peut-être cette propension à réfléchir sur soi, à créer des concepts, à se souvenir.

Mais c'est aussi la volonté commune de refouler un passé douloureux.

Le rejet de la guerre et le souvenir des camps de la mort constituent le centre de la conscience européenne. [Définir l'Europe spirituellement est illusoire: tantôt on oublie les pays qui en constituent la marge, tantôt on englobe l'Occident entier.

Force est de constater que les frontières de l'Europe sont arbitraires.] Définir l'identité d'un continent est impossible Les entités politico-géographiques ont des frontières arbitraires.

Une définition trop étroite de l'Europe exclurait certains pays comme la Suisse, qui s'est tenue loin de la colonisation.

Une définition plus large étendrait les frontières de l'Europe au-delà de ses frontières politiques et géographiques. La conscience européenne a la forme d'un archipel Aucune des diverses définitions ne parvient, à elle seule, à circonscrire l'Europe.

Il ne peut donc être question que d'un archipel de définitions qui n'ont pas de rapport entre elles.

La question de donner une identité métaphysique à l'Europe économique reste donc posée. Les pays ont en commun un air de famille De nombreux ensembles d'objets sont rassemblés, non par un trait qu'ils ont tous en commun, mais par un «air de famille».

A et B ont x en commun.

B et C ont y en commun.

C et D ont z en commun.

A ucune définition ne peut rassembler ces objets, mais ils ont un air de famille.

C 'est peut-être sous cet angle que l'Europe doit être abordée. Si la conscience européenne prend la forme d'un archipel, elle ne peut définir l'Europe.

Les pays qui constituent l'Europe sont reliés par un air de famille.

Or, une famille a des limites floues.

On peut tenter de décrire la conscience européenne, mais rien ne la définit en propre. [] L'Archipel de la conscience européenne n'est pas, pour utiliser les termes d'A lexis Philonenko, un ouvrage de philosophie transcendantale.

Dans la mesure où l'Europe n'est pas quelque chose qui se laisse aborder de façon uni-voque, il fallait passer par la philosophie populaire.

Autant dire que le livre de Philonenko traite autant de métaphysique que d'alimentation, puisqu'il faut prendre au sérieux cet axiome «l'homme est ce qu'il mange» (der Mensch ist, was er isst).

Philonenko nous propose donc un catalogue hétéroclite et fascinant de ce qui constitue la conscience européenne, des camps de la mort à Emmanuel Kant, du problème de la débilité mentale à Emile Zola.

A u terme de ce voyage, on ne trouvera certainement pas de définition précise de l'Europe, mais on en connaîtra mieux le paysage spirituel.. »

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