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L'être vivant peut-il être réduit à un mécanisme ?

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« Problématique : C'est Descartes qui le premier a émis l'idée qu'on pouvait légitimement assimiler l'animal à un mécanisme (Discours de la méthode, V ième partie).

Cette thèse est inséparable de son contexte intellectuel et scientifique ; on aura soin de la comprendre et de la juger dans ce contexte : la lutte des nouvelles conceptions scientifiques contre l'animisme aristotélicien. Cette idée peut-elle être maintenue aujourd'hui ? Malgré ses insuffisances (qu'il faudra mettre en évidence), on se demandera en quoi l'idée qu'un être vivant est un mécanisme persiste dans les démarches scientifiques de la biologie contemporaine. 1.

L'âme, moteur interne du vivant Ce qui différencie le vivant de la matière inerte réside, selon Aristote, dans l'âme. «L'âme disparue, il n'y a plus d'animal et aucune des parties ne demeure la même, sinon seulement par la configuration extérieure, comme ceux qui, dans la légende, ont été changés en pierres; s'il en est ainsi, il appartiendra au naturaliste de parler de l'âme et d'en avoir la science, et sinon de toute l'âme, du moins de ce qui fait l'animal ce qu'il est; le naturaliste doit connaître ce qu'est l'âme, ou cette partie spéciale de l'âme, et tout ce qui accompagne son essence, d'autant plus que la nature se dit en deux sens : la matière et la substance.

C'est cette dernière qui joue le rôle de moteur et de fin.

C'est cela qu'est l'âme de l'animal, ou tout entière, ou une partie d'elle-même.

Ainsi, il faut, dans l'étude de la nature, insister davantage sur l'âme que sur la matière, dans la mesure précisément selon laquelle c'est par l'âme que la matière est nature, et non l'inverse; en effet, le bois n'est lit et trépied, que parce qu'il est cela en puissance.

» Aristote, Des parties des animaux. • Pour Aristote, ce qui fait la spécificité des êtres vivants par rapport à la matière inerte, c'est ce principe qu'il appelle l'âme et qui assure la cohésion de ses parties et son mouvement.

Ce principe permet de distinguer le vivant du mort: mourir, c'est perdre son âme, et laisser sa matière se dissoudre. • Il ne faut pas concevoir ici l'âme de manière religieuse, mais comme un concept scientifique (qui ressemble à ce que l'on appelle aujourd'hui le «programme génétique»), qui permet à Aristote de penser le vivant et d'en penser les différentes formes: aux végétaux l'âme végétative (principe de croissance); les animaux y ajoutent l'âme sensitive (sensation et mouvement); l'homme y ajoute l'âme intellective (facultés intellectuelles). • Connaître le vivant, c'est donc connaître, dans chaque être, son âme, sa «cause finale» (son telos), son principe organisateur. 2.

La conception matérialiste La biologie, chapitre de la physique (Descartes). Descartes, préoccupé de physique et, en particulier, de mécanique (= étude de l'enchaînement des causes, qui se dit en grec : mékanè), a considéré curieusement que les animaux sont des machines (théorie de l'animal-machine).

« C'est la nature qui agit en eux, selon la disposition de leurs organes; ainsi qu'on voit qu'un horloge (— une horloge), qui n'est composé que de roues et de ressorts, peut compter les heures, et mesurer le temps, plus justement que nous avec toute notre prudence » (Discours de la Méthode, 1637). Le problème de l'union de l'âme et du corps. a) La hiérarchie des âmes selon Aristote.

Aristote distinguait, dans son Traité de l'Ame : • L'âme végétative, principe de la nutrition et de la croissance des plantes; • L'âme sensitive, principe de la sensation et de la locomotion chez les animaux; • l'âme rationnelle (ou dianoétique), qui — chez l'homme — couronne les deux précédentes. b) Chose qui pense ou matière brute.

Descartes rejette absolument ces distinctions.

« Il n'y a en nous, écrit-il, qu'une seule âme, et cette âme n'a en soi aucune diversité de parties : la même qui est sensitive est raisonnable, et tous ses appétits sont des volontés » (Traité des Passions, art.

47; 1649).

Ceci implique que les animaux, qui ne pensent pas, ne connaissent ni le plaisir ni la douleur. c) L'insoluble question de l'union de l'âme et du corps. • Le corps de l'homme aussi est donc en tous points comparable à une machine (un médecin du XVIIIe s.

écrira même un ouvrage intitulé : L'Homme-machine, 1748). Au XVIIIe siècle, le médecin philosophe matérialiste La Mettrie prendra très au sérieux la vision mécaniste des êtres vivants, en refusant la distinction de l'âme et du corps et en défendant la thèse de l'homme-machine : les hommes « ne sont au fond que des animaux et des machines perpendiculairement rampantes 9 »; la sensibilité et la pensée. »

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